Le musicien

Happé par la musique trad

Francis Désilets, 41 ans
Troubadour à l’Auberge du Dragon rouge, animateur scolaire et pour entreprises, conteur

Depuis quand ?

« C’était en 1998, par pur hasard parce que ma famille n’est pas dans le trad du tout. Je travaillais à l’époque comme historien au Village québécois d’antan de Drummondville. J’avais à gérer l’équipe de musiciens, et je me suis dit : "Wow, c’est le fun, ça !" L’un d’eux m’a alors suggéré de former un groupe pour un spectacle du jour de l’An à Tadoussac. J’avais fait de la musique au secondaire ; quand je me suis mis à taper du pied, c’est venu assez naturellement. J’ai eu la piqûre ! »

Pourquoi ?

« La vie nous fait parfois des jambettes, mais aussi de beaux sourires ! J’ai pu faire de la musique sans même me décider. Oui, j’ai une prédisposition pour le folklore, l’histoire de la Nouvelle-France me passionne. Mais quand je suis tombé dans la musique trad, ça m’a happé, c’est arrivé comme un coup de foudre. C’est une science du peuple, transmise de bouche à oreille ; il y a quelque chose qui m’a séduit dans les thèmes du quotidien humain. »

La tradition

« Je ne me vois absolument pas comme un gardien des valeurs et des traditions. Passeur de mémoire, je peux m’identifier à ça. Mais sans jamais pousser ça dans l’oreille et la tête des gens. Il ne faut pas gâcher le plaisir, je n’aime pas ça. Il n’y a rien que je trouve pire que quelqu’un qui fait la morale… »

Le métissage

« S’il y a quelque chose que j’aime bien, c’est de ne pas me cloisonner. J’aime que le trad se souvienne qu’il y a d’autres musiques. Quand on se regarde trop juste nous autres, c’est moins bon. Ce qui est peut-être le plus riche pour le trad, c’est de travailler avec d’autres. »

Le temps des Fêtes

« On profite d’une fenêtre plus large dans la période des Fêtes, on est présents sur plusieurs plateformes. Mais je rêve du jour où un journaliste va m’appeler le 2 août pour qu’on en parle. Il y a des groupes qui rayonnent aujourd’hui à l’échelle mondiale, ils vont chanter partout pendant toute l’année. Les gens vont s’apercevoir que tout ça a sa raison d’être en dehors du grand bal du temps des Fêtes. »

L’avenir

« Sans dire que c’est le paradis aujourd’hui, je pense qu’on était plus dans la noirceur il y a 15 ans. Il y a des groupes qui réussissent à franchir le cliché du temps des Fêtes, tout ça fait qu’il y a des portes qui se sont ouvertes. Je le remarque aussi quand je vais dans les écoles ; les jeunes n’ont pas été formatés, ils n’ont pas d’idées préconçues. Je vois leur sourire quand on chante ensemble, t’as pas idée. Et le soir venu, ils vont en parler à leurs parents. J’entrevois donc l’avenir de façon positive, on a parcouru un bout de chemin, je me sens bien là-dedans. »

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