Le Canadien
Un autre premier choix gaspillé
La Presse
La poussière retombe tranquillement sur « l’échange qui a cassé l’internet » (on ignore si c’est relié, mais Twitter est tombé en panne hier après-midi, et HockeyDB a grandement ralenti par moments).
D’abord, récapitulons. Le Canadien a cédé le défenseur Jarred Tinordi et l’attaquant de la Ligue américaine Stefan Fournier aux Coyotes de l’Arizona, contre le défenseur Victor Bartley et le fier-à-bras John Scott.
Plus tôt dans la journée, les Coyotes avaient acquis Bartley des Predators de Nashville contre un autre arrière de la Ligue américaine, Stefan Elliott.
Si la transaction a semé le chaos sur les réseaux sociaux, elle a dû être tout aussi rocambolesque pour les acteurs impliqués chez le Canadien. C’est que les rumeurs ont commencé à circuler au moment où le Tricolore s’apprêtait à décoller pour St. Louis. Tinordi, qui devait voyager à bord de l’avion, a donc dû quitter l’appareil avant le décollage, de même qu’un membre de la direction, pour assurer le suivi du dossier pendant que Marc Bergevin était à 35 000 pieds dans le ciel !
Au final, c’est une transaction bien mineure qui est ressortie de ce capharnaüm. Les rumeurs de l’automne dernier soutenaient que Bergevin souhaitait obtenir un ou des choix de deuxième tour en échange du grand défenseur, avec qui il était pris. Il était en effet écrit dans le ciel que, soumis au ballottage, Tinordi serait réclamé. Ce qui ne voulait pas dire que sa valeur était élevée sur le marché des transactions pour autant. Bergevin l’a trop bien appris…
Le DG du Canadien s’est donc résolu à l’échanger en retour de Bartley, un arrière qui demeure à Montréal pour le moment, mais qui pourrait bien être cédé dans la Ligue américaine quand Tom Gilbert sera prêt à revenir au jeu. Toutefois, contrairement à Tinordi, Bartley peut être cédé dans la Ligue américaine sans passer par le ballottage, et sans qu’il reste de trace sur le plafond salarial du Canadien.
Pour l’heure, Bartley se rapporte au Canadien, tandis que Scott prend la direction de St. John’s. « John Scott est un vétéran de la LNH. Il apportera de l’expérience au groupe d’attaquants de notre club-école », a déclaré Marc Bergevin dans un communiqué, ce qui en dit long sur ses intentions avec le matamore…
C’est un retour sur l’investissement bien maigre que Bergevin obtient pour ce défenseur que l’ancienne administration aimait visiblement beaucoup. En 2010, Pierre Gauthier avait en effet sacrifié un choix de deuxième tour pour grimper de cinq échelons, afin de sélectionner le géant de 6 pi 6 po au 22
rang.Mais son départ pour un joueur marginal signifie que le Tricolore se retrouve les mains vides pour une cinquième fois de suite avec un premier choix.
Le premier choix de 2006, David Fischer, n’a jamais même joué dans les filiales du Canadien. Celui de 2007, Ryan McDonagh, a été perdu dans la transaction impliquant Scott Gomez. En 2008, le Canadien ne parlait pas au premier tour, puisqu’il avait donné ce choix aux Flames pour obtenir Alex Tanguay. Son premier droit de parole arrivait donc au 56
rang, et ça a donné Danny Kristo, qui n’a joué que neuf matchs à Hamilton avant d’être échangé contre Christian Thomas.Puis, en 2009, à Montréal, le CH a sélectionné le Québécois Louis Leblanc, un choix qui sentait la pression politique à plein nez. Avec les résultats que l’on connaît.
En 2010, c’était Tinordi.
Ce sont donc cinq joueurs dont le Canadien n’a pratiquement rien retiré, qui devraient tous être en âge de faire partie du noyau, pour la plupart à un salaire encore raisonnable. Un héritage empoisonné qu’a obtenu Bergevin de son prédécesseur.
À titre de comparaison, prenons les premiers choix des Blues de St. Louis. En 2006, ils ont repêché le défenseur Erik Johnson, qu’ils ont échangé pour obtenir Kevin Shattenkirk, un des très bons défenseurs offensifs de la LNH. L’année suivante, ils jetaient leur dévolu sur Lars Eller, qu’ils ont refilé au Canadien contre Jaroslav Halak, un gardien qui leur a rendu de fiers services pendant quatre saisons.
En 2008, les Blues ont sélectionné Alex Pietrangelo, la pierre angulaire de leur unité défensive. En 2009, ils ont repêché le décevant David Rundblad, mais ils l’ont cédé à Ottawa en retour d’un premier choix en 2010 (16
au total) devenu... Vladimir Tarasenko ! Et deux rangs avant Tarasenko, avec leur propre choix de premier tour, les Blues ont choisi Jaden Schwartz, qui leur a déjà donné deux saisons de 50 points.Certes, les Blues ont parlé au premier rang en 2006 et au quatrième rang en 2008. Mais ils ont aussi très bien réparé leurs quelques faux pas.
À méditer en regardant le duel Canadien-Blues ce soir…