La Presse à L’Isle-aux-Coudres

La dernière tournée du Dr Éthier

L’Isle-aux-Coudres a perdu son médecin, cette semaine. Le Dr Marcel Éthier, l’un des derniers « médecins de campagne » du Québec, part à la retraite. Il n’est pas remplacé pour l’instant, au grand dam des Marsouins, les habitants de l’île. La Presse a accompagné le Dr Éthier dans sa dernière tournée chez ces insulaires auprès desquels, dans ses mots, il a appris « la vraie médecine ».

L’Isle-aux-Coudres — Le Dr Marcel Éthier n’avait jamais pensé devenir un médecin de campagne comme on en voit dans les films d’époque, qui se promène de maison en maison, avec sa petite mallette noire, saluant les gens par leur prénom.

Il l’est devenu presque par hasard. Son épouse est tombée amoureuse de l’île aux Coudres. Il l’a visitée en 1996. Un an plus tard, ils y déménageaient.

Le Dr Éthier a été le médecin de l’île pendant 20 ans. Il vivait dans une grande maison sur la grève, où il promenait ses deux chiens et ses deux chevaux dans l’odeur du varech. Parfois, des patients venaient cogner à sa porte en pleine nuit.

« Ce qui m’a frappé ici au début, c’est le silence total qui règne. Ensuite, ç’a été les gens. »

— Le Dr Marcel Éthier

Mercredi, il faisait sa dernière tournée. À 71 ans, l’heure de la retraite a sonné. Il n’a pas de regret, sinon celui de laisser l’île sans médecin permanent. C’est que le Dr Éthier ne sera pas remplacé, à moins de trouver un omnipraticien prêt à s’installer dans l’île, ce à quoi les autorités doutent de parvenir.

« J’ai eu des stagiaires ici pour leur montrer c’était quoi, la réalité, c’était quoi, la médecine à domicile, raconte le Dr Éthier. Eux, ils ont l’habitude des centres hospitaliers. Mais elle est ici, la vraie médecine. »

Un membre de la famille

Blanche Gagnon, 83 ans, habite une maison avec vue sur le fleuve. Elle apercevait souvent l’ancien curé de l’île, Denis Falardeau, nager sous sa fenêtre vêtu de sa combinaison « d’homme-grenouille », même dans les eaux glacées de novembre.

Il est mort subitement sur la grève en juin 2015. Depuis ce jour, c’est un prêtre de Baie-Saint-Paul qui prend le traversier chaque semaine pour célébrer la messe. L’île n’a plus « son » curé. Et Mme Gagnon a bien peur qu’elle n’ait plus jamais son médecin.

« C’est votre dernière visite ? Ça, je ne veux pas en parler. Ça me fait trop de peine,. Ici, y a des vieux. L’île vieillit. On va faire quoi sans médecin ? »

— Blanche Gagnon

La dame vit seule depuis la mort de son mari, Raymond, il y a huit mois. Le Dr Éthier venait la voir toutes les deux semaines. Avec son départ, elle ne sait pas ce qui l’attend.

Récemment, un membre de sa famille a parlé de la « placer », raconte-t-elle au médecin. Celui-ci bondit en entendant ce mot. « Il a dit “placer” ? As-tu sursauté, Blanche ? Comme on placerait un vieux livre dans une bibliothèque ? »

Les CHLSD débordent, rappelle le Dr Éthier, qui suivait 900 patients, dont 400 réputés vulnérables. « Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas plus de médecins à domicile. Ça permet de garder des gens dans leur milieu plus longtemps. »

Éloi Perron, 95 ans, habite aussi seul dans une grande maison depuis la mort de sa femme. L’ancien capitaine collectionne les maquettes de bateaux, qu’il a fabriquées lui-même. Éloi Perron se souvient de la lutte pour avoir l’électricité sur l’île, gagnée en 1955, puis de celle pour avoir le traversier.

« Je me suis beaucoup battu dans ma vie. Mais aujourd’hui, le monde n’avance plus, il recule. »

Ce mercredi, Éloi Perron était émotif. Le Dr Éthier était pour lui « un membre de la famille ». Quand il l’embrasse au moment de son départ, il pleure et lui chuchote : « Merci pour tout. Je sais que vous vous êtes battu pour qu’on ait un nouveau médecin, merci. »

Une pratique en voie de disparition

La lutte des Marsouins s’est portée jusqu’à l’Assemblée nationale. La fille du doyen de l’île, Marcelle Tremblay, est allée y déposer une pétition de 1200 signatures. Le Dr Éthier l’a accompagnée.

« Pas mal tout le monde a signé la pétition. On est 1143 personnes sur l’île, dit Mme Tremblay. Je sais que les médecins ne poussent pas dans les arbres. Mais les autorités auraient pu faire de vrais efforts pour en trouver un. »

« Imaginez avoir un rendez-vous à 9 h à Baie-Saint-Paul. Il faut être sur le traversier à 7 h. Et il y a des gens qui ne peuvent pas se déplacer. »

— Marcelle Tremblay

« On demande au Dr Barrette [Gaétan Barrette, ministre de la Santé] de nous écouter. C’est un dialogue de sourds. On a l’impression que personne ne nous écoute », déplore Mme Tremblay.

Trouver un médecin prêt à venir remplacer le Dr Éthier ne sera pas évident. Le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) note que ce genre de pratique en solo n’est plus populaire.

Les jeunes médecins préfèrent travailler en équipe, affirme le Dr Louis Godin. Ça leur permet de mettre en commun leur expertise et d’acheter de l’équipement qu’ils ne pourraient se permettre autrement.

« Le médecin de campagne, qui travaille seul dans son bureau, c’est clair qu’on va en voir de moins en moins, dit le Dr Godin. Les médecins cherchent à se regrouper et c’est une tendance qui à mon sens est irréversible. »

La solution proposée pour l’instant par le CIUSSS de la Capitale-Nationale consiste à assurer une desserte à partir de Baie-Saint-Paul. Des médecins et une infirmière praticienne spécialisée pourraient par exemple se rendre dans l’île périodiquement.

« C’est sûr que le Dr Éthier passait régulièrement pour faire sa tournée. Là, on applique ce qu’il y a partout dans la capitale nationale : le médecin prend en charge la clientèle, est toujours disponible au téléphone et se déplace à une fréquence qui est un peu moindre », explique Guy Thibodeau, directeur général adjoint du CIUSSS.

Un style « différent »

Lors d’une rencontre récente à L’Isle-aux-Coudres, les autorités ont expliqué à la population que « le Dr Éthier avait un style de pratique différent ». « Nos jeunes médecins travaillent beaucoup plus en équipe. Le nombre de visites du médecin est moins fréquent, par contre il y a d’autres professionnels », dit M. Thibodeau.

Les insulaires pourraient toutefois être exaucés si un médecin se portait volontaire. « On ne l’exclut pas », note le directeur-adjoint du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Ce discours, Marcel Éthier l’a souvent entendu. Il n’a pas du tout la même vision de sa pratique que le CIUSSS ou la FMOQ.

« Ben voyons, on est en équipe ! Je faisais des gardes à l’hôpital de Baie-Saint-Paul. J’allais à des conférences une fois par mois. Je faisais partie d’un groupe de médecins de famille. Ce n’est pas un isolement. C’est une fausse lecture de la pratique. »

— Le Dr Marcel Éthier

Le Dr Éthier a été résident en chirurgie pendant trois ans, a travaillé aux États-Unis, a été chef des urgences à l’hôpital Pierre-Boucher de Longueuil. « Pour quelqu’un qui aime la médecine, c’est la plus belle pratique, dit-il. Je les ai toutes faites. C’est celle que j’ai aimée le plus. »

Mercredi, Marcel Éthier allait porter tous les dossiers de ses patients à l’hôpital de Baie-Saint-Paul. Il passait le flambeau. Il se demande souvent ce qu’il adviendra de ses vieux patients, qu’il a suivis depuis 20 ans. « Beaucoup vont mourir dans les prochaines années, c’est sûr. »

Il y a Marie-Louise, 96 ans, qui vit seule dans sa maison et monte encore dans le jubé de l’église pour chanter. Il y a Paul Lajoie, 77 ans, le marathonien de l’île, qu’on voit passer en short même à l’automne avec ses espadrilles. Il y a l’ancien capitaine Éloi Perron, Blanche Dufour et tous les autres.

Marcel Éthier leur a tous dit « au revoir » mercredi, mais pas « adieu ». Il leur a promis de revenir les visiter bientôt, sans mallette noire ni stéthoscope ; pas en médecin, mais en ami. « Ce qui va me manquer, ce sont les gens. »

Une île qui vieillit

L’Isle-aux-Coudres est une municipalité en déclin. Sa population a baissé de 11 % au cours des cinq dernières années et 40 % des habitants de l’île ont plus de 65 ans. Seuls 90 habitants, sur les 1143 recensés en 2016, avaient entre 0 et 14 ans.

« Marsouins »

Les habitants de L’Isle-aux-Coudres sont officiellement des Coudrilois. Mais on les appelle familièrement « Marsouins ». Ils doivent ce nom à leur traditionnelle pêche aux marsouins (bélugas), qui s’est faite commercialement jusqu’en 1924. Le documentaire Pour la suite du monde, de Michel Brault, Marcel Carrière et Pierre Perrault, a immortalisé cette pêche unique en 1963.

Les médecins de L’Isle-aux-Coudres

Gérard Matte : 1950-1985

Georges-Henri Harvey : 1985-1997

Marcel Éthier : 1997-2017

Des ambulances dans l’île

L’Isle-aux-Coudres dispose de deux ambulances en cas d’urgence. L’équipage du traversier est prêt, même en pleine nuit, à assurer le lien vers la terre ferme et l’hôpital de Baie-Saint-Paul. De nombreux Marsouins notent toutefois que le traversier peut être bloqué plusieurs heures à cause des glaces. Avoir un médecin dans l’île offre un filet de sécurité.

La Presse à L’Isle-aux-Coudres

La dernière tournée du Dr Éthier

L’Isle-aux-Coudres a perdu son médecin, cette semaine. Le Dr Marcel Éthier, l’un des derniers « médecins de campagne » du Québec, part à la retraite. Il n’est pas remplacé pour l’instant, au grand dam des Marsouins, les habitants de l’île. La Presse a accompagné le Dr Éthier dans sa dernière tournée chez ces insulaires auprès desquels, dans ses mots, il a appris « la vraie médecine ».

L’Isle-aux-Coudres — Le Dr Marcel Éthier n’avait jamais pensé devenir un médecin de campagne comme on en voit dans les films d’époque, qui se promène de maison en maison, avec sa petite mallette noire, saluant les gens par leur prénom.

Il l’est devenu presque par hasard. Son épouse est tombée amoureuse de l’île aux Coudres. Il l’a visitée en 1996. Un an plus tard, ils y déménageaient.

Le Dr Éthier a été le médecin de l’île pendant 20 ans. Il vivait dans une grande maison au bord de la grève, où il promenait ses deux chiens et ses deux chevaux dans l’odeur du varech. Parfois, des patients venaient cogner à sa porte en pleine nuit.

« Ce qui m’a frappé ici au début, c’est le silence total qui règne. Ensuite, ç’a été les gens. » — Le Dr Marcel Éthier

Mercredi, il faisait sa dernière tournée. À 71 ans, l’heure de la retraite a sonné. Il n’a pas de regret, sinon celui de laisser l’île sans médecin permanent. C’est que le Dr Éthier ne sera pas remplacé, à moins de trouver un omnipraticien prêt à s’installer dans l’île, ce à quoi les autorités doutent de parvenir.

« J’ai eu des stagiaires ici pour leur montrer c’était quoi, la réalité, c’était quoi, la médecine à domicile, raconte le Dr Éthier. Eux, ils ont l’habitude des centres hospitaliers. Mais elle est ici, la vraie médecine. »

Un membre de la famille

Blanche Gagnon, 83 ans, habite une maison avec vue sur le fleuve. Elle apercevait souvent l’ancien curé de l’île, Denis Falardeau, nager sous sa fenêtre vêtu de sa combinaison « d’homme-grenouille », même dans les eaux glacées de novembre.

Il est mort subitement sur la grève en juin 2015. Depuis ce jour, c’est un prêtre de Baie-Saint-Paul qui prend le traversier chaque semaine pour célébrer la messe. L’île n’a plus « son » curé. Et Mme Gagnon a bien peur qu’elle n’ait plus jamais son médecin.

« C’est votre dernière visite ? Ça, je ne veux pas en parler. Ça me fait trop de peine. Ici, y a des vieux. L’île vieillit. On va faire quoi sans médecin ? »

— Blanche Gagnon

La dame vit seule depuis la mort de son mari, Raymond, il y a huit mois. Le Dr Éthier venait la voir toutes les deux semaines. Avec son départ, elle ne sait pas ce qui l’attend.

Récemment, un membre de sa famille a parlé de la « placer », raconte-t-elle au médecin. Celui-ci bondit en entendant ce mot. « Il a dit “placer” ? As-tu sursauté, Blanche ? Comme on placerait un vieux livre dans une bibliothèque ? »

Les CHSLD débordent, rappelle le Dr Éthier, qui suivait 900 patients, dont 400 réputés vulnérables. « Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas plus de médecins à domicile. Ça permet de garder des gens dans leur milieu plus longtemps. »

Éloi Perron, 95 ans, habite aussi seul dans une grande maison depuis la mort de sa femme. L’ancien capitaine collectionne les maquettes de bateaux, qu’il a fabriquées lui-même. Éloi Perron se souvient de la lutte pour avoir l’électricité dans l’île, gagnée en 1955, puis de celle pour avoir le traversier.

« Je me suis beaucoup battu dans ma vie. Mais aujourd’hui, le monde n’avance plus, il recule. »

Ce mercredi, Éloi Perron était émotif. Le Dr Éthier était pour lui « un membre de la famille ». Quand il l’embrasse au moment de son départ, il pleure et lui chuchote : « Merci pour tout. Je sais que vous vous êtes battu pour qu’on ait un nouveau médecin, merci. »

Une pratique en voie de disparition

La lutte des Marsouins s’est portée jusqu’à l’Assemblée nationale. La fille du doyen de l’île, Marcelle Tremblay, est allée y déposer une pétition de 1200 signatures. Le Dr Éthier l’a accompagnée.

« Pas mal tout le monde a signé la pétition. On est 1143 personnes sur l’île, dit Mme Tremblay. Je sais que les médecins ne poussent pas dans les arbres. Mais les autorités auraient pu faire de vrais efforts pour en trouver un. »

« Imaginez avoir un rendez-vous à 9 h à Baie-Saint-Paul. Il faut être sur le traversier à 7 h. Et il y a des gens qui ne peuvent pas se déplacer. »

— Marcelle Tremblay

« On demande au Dr Barrette [Gaétan Barrette, ministre de la Santé] de nous écouter. C’est un dialogue de sourds. On a l’impression que personne ne nous écoute », déplore Mme Tremblay.

Trouver un médecin prêt à venir remplacer le Dr Éthier ne sera pas évident. Le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) note que ce genre de pratique en solo n’est plus populaire.

Les jeunes médecins préfèrent travailler en équipe, affirme le Dr Louis Godin. Ça leur permet de mettre en commun leur expertise et d’acheter de l’équipement qu’ils ne pourraient se permettre autrement.

« Le médecin de campagne, qui travaille seul dans son bureau, c’est clair qu’on va en voir de moins en moins, dit le Dr Godin. Les médecins cherchent à se regrouper et c’est une tendance qui à mon sens est irréversible. »

La solution proposée pour l’instant par le CIUSSS de la Capitale-Nationale consiste à assurer une desserte à partir de Baie-Saint-Paul. Des médecins et une infirmière praticienne spécialisée pourraient par exemple se rendre dans l’île périodiquement.

« C’est sûr que le Dr Éthier passait régulièrement pour faire sa tournée. Là, on applique ce qu’il y a partout dans la capitale nationale : le médecin prend en charge la clientèle, est toujours disponible au téléphone et se déplace à une fréquence qui est un peu moindre », explique Guy Thibodeau, directeur général adjoint du CIUSSS.

Un style « différent »

Lors d’une rencontre récente à L’Isle-aux-Coudres, les autorités ont expliqué à la population que « le Dr Éthier avait un style de pratique différent ». « Nos jeunes médecins travaillent beaucoup plus en équipe. Le nombre de visites du médecin est moins fréquent, par contre il y a d’autres professionnels », dit M. Thibodeau.

Les insulaires pourraient toutefois être exaucés si un médecin se portait volontaire. « On ne l’exclut pas », note le directeur adjoint du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Ce discours, Marcel Éthier l’a souvent entendu. Il n’a pas du tout la même vision de sa pratique que le CIUSSS ou la FMOQ.

« Ben voyons, on est en équipe ! Je faisais des gardes à l’hôpital de Baie-Saint-Paul. J’allais à des conférences une fois par mois. Je faisais partie d’un groupe de médecins de famille. Ce n’est pas un isolement. C’est une fausse lecture de la pratique. »

— Le Dr Marcel Éthier

Le Dr Éthier a été résident en chirurgie pendant trois ans, a travaillé aux États-Unis, a été chef des urgences à l’hôpital Pierre-Boucher de Longueuil. « Pour quelqu’un qui aime la médecine, c’est la plus belle pratique, dit-il. Je les ai toutes faites. C’est celle que j’ai aimée le plus. »

Mercredi, Marcel Éthier allait porter tous les dossiers de ses patients à l’hôpital de Baie-Saint-Paul. Il passait le flambeau. Il se demande souvent ce qu’il adviendra de ses vieux patients, qu’il a suivis depuis 20 ans. « Beaucoup vont mourir dans les prochaines années, c’est sûr. »

Il y a Marie-Louise, 96 ans, qui vit seule dans sa maison et monte encore dans le jubé de l’église pour chanter. Il y a Paul Lajoie, 77 ans, le marathonien de l’île, qu’on voit passer en short même à l’automne avec ses espadrilles. Il y a l’ancien capitaine Éloi Perron, Blanche Dufour et tous les autres.

Marcel Éthier leur a tous dit « au revoir » mercredi, mais pas « adieu ». Il leur a promis de revenir les visiter bientôt, sans mallette noire ni stéthoscope ; pas en médecin, mais en ami. « Ce qui va me manquer, ce sont les gens. »

Une île qui vieillit

L’Isle-aux-Coudres est une municipalité en déclin. Sa population a baissé de 11 % au cours des cinq dernières années et 40 % des habitants de l’île ont plus de 65 ans. Seuls 90 habitants, sur les 1143 recensés en 2016, avaient entre 0 et 14 ans.

« Marsouins »

Les habitants de L’Isle-aux-Coudres sont officiellement des Coudrilois. Mais on les appelle familièrement « Marsouins ». Ils doivent ce nom à leur traditionnelle pêche aux marsouins (bélugas), qui s’est faite commercialement jusqu’en 1924. Le documentaire Pour la suite du monde, de Michel Brault, Marcel Carrière et Pierre Perrault, a immortalisé cette pêche unique en 1963.

Les médecins de L’Isle-aux-Coudres

Gérard Matte

1950-1985

Georges-Henri Harvey

1985-1997

Marcel Éthier

1997-2017

Des ambulances dans l’île

L’Isle-aux-Coudres dispose de deux ambulances en cas d’urgence. L’équipage du traversier est prêt, même en pleine nuit, à assurer le lien vers la terre ferme et l’hôpital de Baie-Saint-Paul. De nombreux Marsouins notent toutefois que le traversier peut être bloqué plusieurs heures à cause des glaces. Avoir un médecin dans l’île offre un filet de sécurité.

La Presse à l’Isle-aux-Coudres

Un type de pratique « non souhaitable », selon Barrette 

En entrevue, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, rappelle qu’il ne peut forcer un médecin à s’installer à L’Isle-aux-Coudres. Il faudrait un volontaire, ce qu’il juge improbable et même non souhaitable. « De penser qu’un jour un jeune médecin s’installe à L’Isle-aux-Coudres avec la petite population qui est là, ça n’arrivera pas. Et ce n’est pas souhaitable », juge le ministre. « Ce type de pratique est plus qu’en voie de disparition, il est presque disparu. Vous allez trouver un ou deux jeunes médecins dans les dix dernières années qui choisissent une pratique en solo, dit-il. Une pratique qui, dans les faits, ne doit pas être recommandée. On ne souhaite plus ça. » Il pense que le maintien à domicile doit se faire en équipe, notamment grâce au travail des infirmières. « Vous pouvez avoir une population de 20 000 personnes avec un seul médecin d’assigné, mais qui va pouvoir s’occuper des personnes âgées parce qu’il a des équipes », croit le ministre. — Gabriel Béland, La Presse

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