Légalisation de la marijuana

Appétit pour le pot comestible

Entre la cannelle et la muscade, on retrouvera peut-être une petite ration de marijuana dans certains garde-manger dès l’année prochaine. Car les Canadiens sont fort intéressés par son usage alimentaire. Surtout au restaurant, révèle une étude sur la question dont les résultats sont dévoilés aujourd’hui.

46 % 

Près de la moitié des Canadiens achèteraient des aliments à base de cannabis s’ils étaient offerts sur le marché, indique l’étude « Perceptions des Canadiennes et Canadiens sur la marijuana aux fins récréatives utilisée comme ingrédient dans les aliments ».

«  Les gens sont intéressés à cuisiner avec la marijuana, mais ils ne savent pas encore comment s’y prendre », affirme Sylvain Charlebois, professeur en politique alimentaire à la faculté de gestion de l’Université Dalhousie, à Halifax, et coauteur de l’étude.

45 %

Si c’est par curiosité que plusieurs mettraient un aliment contenant de la marijuana dans leur panier d’épicerie ou le choisiraient au restaurant, 45 % des répondants avouent que ses effets psychotropes ou thérapeutiques sont une bonne raison d’en consommer.

Le goût ? 

Un détail. Ou presque : seulement 13 % le prendraient en considération pour acheter un produit de cannabis.

Au resto !

Si quatre Canadiens sur dix (39 %) se disent prêts à faire l’essai de tels aliments au restaurant, seulement 20 % veulent cuisiner avec la marijuana à la maison. Raison de cette réserve : ils ne se croient pas suffisamment informés pour en faire des recettes. « Cependant, les jeunes et les personnes dont le revenu familial est plus élevé semblent plus confiants en leurs capacités », nuance Sylvain Charlebois. Au total, un répondant sur cinq croit avoir les connaissances nécessaires pour faire des petits plats au cannabis.

Pas au travail

On n’est pas près de voir des biscuits au pot dans la boîte à lunch des travailleurs, si on se fie à l’étude de l’Université Dalhousie : une grande majorité des répondants (84 %) envisagent de manger un aliment à la marijuana uniquement le soir ou les fins de semaine. Un muffin ou des œufs brouillés à la marijuana ? Pourquoi pas : 7 % des participants à l’étude envisageraient de consommer un aliment au cannabis au déjeuner.

Que veut-on manger ?

Des pâtisseries 46 % 

Des huiles 24 % 

Des épices 18 % 

Des boissons 17 % 

Du beurre 16 % 

Des sauces et crèmes 9 % 

Des salades 9 %

* Réponses à la question : quels types de produits alimentaires infusés de cannabis allez-vous considérer acheter à l’épicerie, si la marijuana à des fins récréatives est légalisée ? Les répondants pouvaient choisir plus d’une réponse. Près de 45 % des participants ont répondu qu’ils n’achèteraient aucun produit de cannabis.

Un produit de remplacement ? 

« Près de 40 % des répondants se disent prêts à commander un plat contenant du cannabis au restaurant, mais seulement le quart des répondants croient que le cannabis remplacerait une boisson alcoolisée », dit Simon Somogyi, coauteur de l’étude de l’Université Dalhousie. « Cela devrait rassurer l’industrie des boissons alcoolisées, qui s’inquiète de voir le cannabis devenir un produit concurrentiel une fois son utilisation légalisée. »

Oui

Le sondage conclut que la majorité des Canadiens (68 %) sont en faveur de la légalisation de la marijuana à des fins récréatives. C’est un résultat nettement plus élevé que la moyenne nationale calculée par un sondage CROP – Radio-Canada au printemps dernier, qui estimait ce soutien à 54 %. L’étude de l’Université Dalhousie est basée sur un sondage mené auprès de 1087 Canadiens de 18 ans et plus, en août 2017. Elle révèle que la Colombie-Britannique est la province où les gens sont le plus favorables à la législation (79 %, contre 61 % au Québec). Les provinces des Prairies présentent la plus faible proportion, avec 54 %.

Inquiétudes

Si l’étude révèle un intérêt indéniable envers les aliments contenant de la marijuana, six répondants sur dix (59 %) s’avouent inquiets que les enfants et jeunes adultes aient accès au cannabis une fois son utilisation légalisée. De plus, la moitié des répondants (53 %) ne croient pas que l’on puisse considérer la marijuana comme un ingrédient « santé ». La majorité est d’ailleurs inquiète des effets psychotropes de la marijuana utilisée comme ingrédient.

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