Championnat du monde de hockey junior

Prise 2 pour Ryan Poehling

St. Paul, Minnesota — Samedi, Marc Bergevin estimait à 95 % les chances qu’il garde Jesperi Kotkaniemi dans le giron de l’équipe plutôt que de le prêter à la Finlande pour le Championnat du monde junior.

Le lendemain, le jeune homme de 18 ans répliquait en livrant l’une de ses bonnes performances de la saison, ponctuée par six tirs et un jeu crucial sur le but gagnant.

À moins que Kotkaniemi oublie comment jouer au hockey dans les deux prochaines semaines, considérons que son cas est réglé et qu’il passera toute la saison à Montréal.

Ryan Poehling, lui, n’est pas rendu à la même étape de son cheminement. Le premier choix du Canadien en 2017 disputait le week-end dernier ses deux derniers matchs à l’université avant de mettre le cap sur Everett, où se tiendra le camp de sélection de l’équipe américaine en vue du Mondial des moins de 20 ans.

Poehling part avec une longueur d’avance, puisqu’il s’était taillé une place dans la formation états-unienne l’an dernier. Le grand centre avait rendu de fiers services à son équipe, en jouant 18 minutes par match et en amassant trois points en sept sorties.

« L’an passé, on avait plusieurs blessés à l’avant. Logan Brown s’était blessé, d’autres joueurs étaient hypothéqués, donc ça m’avait donné des minutes de plus, et c’était dur sur le corps. Cette année, on a beaucoup de profondeur, explique Poehling au bout du fil. Je devrai montrer que je peux jouer dans les trois zones et protéger des avances en fin de match. »

« Ma contribution offensive sera importante, et je sais que je peux aider autant défensivement qu’offensivement. »

— Ryan Poehling

Sur le plan collectif, les Américains visent une médaille dans un quatrième tournoi de suite. L’an dernier, ils ont triomphé dans le match pour le bronze, une expérience qui a laissé des souvenirs mitigés à notre intervenant.

« C’est toujours un honneur de gagner une médaille pour ton pays, car c’est très difficile de gagner au niveau international, répond Poehling. Mais aux États-Unis, on s’attend toujours à lutter pour l’or. Une médaille d’or, ça voudrait dire beaucoup à mes yeux. »

Une puissance de la NCAA

Si la tendance se maintient, Poehling pourrait disputer sa part de matchs cruciaux cette année. C’est que St. Cloud State joue comme une équipe qui pourrait veiller tard en mars prochain.

Avec deux autres victoires la fin de semaine dernière, les Huskies présentent un dossier de 13-1-2 et occupent le premier rang du classement national de la NCAA. Poehling, lui, continue à progresser offensivement, à sa troisième année au collège.

2016-2017 7 buts, 6 aides, 13 points en 35 matchs, différentiel de - 8

2017-2018 14 buts, 17 aides, 31 points en 36 matchs, différentiel de + 4

2018-2019 3 buts, 14 aides, 17 points en 16 matchs, différentiel de + 7

« J’ai connu un lent départ, mais ça va mieux dernièrement, estime-t-il. Je fonce davantage vers le but et ça crée des chances pour moi et pour les autres. L’autre aspect que j’ai amélioré, c’est à un contre un. Si le défenseur me donne du temps et de l’espace, je vais y aller, je vais faire confiance à mes habiletés au lieu de tenter un jeu facile. »

Le Tricolore continue à encadrer Poehling. Bergevin a assisté à l’un de ses matchs à Boston College à la fin d’octobre. Deux semaines plus tard, c’était au tour de Rob Ramage, directeur du développement des joueurs, de l’épier à l’occasion d’une série de deux matchs en deux soirs à Colorado College.

Poehling a toujours laissé entendre qu’il était prêt à quitter les bancs d’école avant d’y avoir écoulé ses quatre années d’admissibilité. Il est déjà mature physiquement, à 6 pi 2 po et 200 lb. À une certaine époque, il n’était pas farfelu de l’imaginer au camp du CH en septembre 2019, à lutter pour un poste de centre des deux derniers trios.

Mais c’était avant que l’équipe repêche Kotkaniemi et mette la main sur Max Domi. Ajoutez Phillip Danault et les trois premières unités du CH sont pilotées par des centres âgés de 18 à 25 ans, avec l’espoir de 19 ans Nick Suzuki en rodage dans le junior.

Par contre, si Poehling retourne au collège la saison prochaine, le Canadien s’approchera dangereusement de la date limite pour s’entendre avec lui. Viendrait alors le risque que Poehling opte pour l’autonomie afin d’atterrir dans l’organisation de son choix.

« Tout le monde me demande si c’est ma dernière année au collège. Je ne le sais pas. Et ce n’est pas parce que je ne veux pas le dire. C’est parce que je ne le sais réellement pas. Je suis heureux ici et on a une chance de gagner quelque chose cette année », explique-t-il.

Et l’arrivée de Kotkaniemi, qui joue déjà un rôle intéressant à 18 ans, ça change ses plans ? « Je ne suis pas sûr. Mais je le regardais aller au camp de développement et il était évident que c’était un joueur spécial. Je ne suis aucunement surpris de le voir progresser comme ça. C’est un vrai pro.

« On se parle sur Snapchat de temps en temps, je l’ai félicité pour son premier but, pour son premier point. Il a une belle attitude et semble toujours heureux. J’aime bien ce genre de personne. »

Wild du Minnesota

Des défenseurs et des minutes

St. Paul, Minnesota — Ryan Suter a passé sept saisons avec Shea Weber à Nashville. Ils sont séparés depuis que Suter s’est joint au Wild du Minnesota à l’été 2012, mais l’amitié entre les deux hommes perdure.

Prenez la fin de la dernière saison, par exemple. Weber était à l’infirmerie depuis la mi-décembre, et Suter s’est retrouvé sur la touche pour une rare fois, victime d’une fracture à une cheville. Le hasard a fait en sorte que les deux défenseurs consultaient le même médecin.

« C’était une période difficile, mais je parlais à Shea, puisqu’il vivait lui aussi des choses difficiles », a dit Suter, hier après l’entraînement du Wild en vue du duel de ce soir contre le Canadien.

On a tout juste le temps de mentionner la soirée de travail de 29 min 32 s de Weber dimanche à Chicago que Suter nous interrompt. « Je sais, j’ai vu ça ! », s’exclame-t-il avec enthousiasme. Il suit visiblement de près son ancien frère d’armes.

La performance de Weber, dimanche, était d’autant plus impressionnante que le droitier, au risque de se répéter, a passé 11 mois sans jouer de match. Pourtant, depuis son retour, il ne cesse de faire taire les sceptiques, et sa demi-heure sur la patinoire dimanche n’est qu’un autre tour de force.

« Plus rien ne me surprend. Il est ce genre de joueur, a indiqué Suter. Plus tu joues, plus tu es dans le match. Je suis sûr qu’il se sent comme ça. Quand tu connais du succès, tu te sens encore mieux. »

Un étalon

Ce n’était évidemment pas innocent de jaser avec Suter de minutes passées sur la patinoire. On avait devant nous un homme qui s’y connaît en la matière. Depuis son arrivée au Minnesota, Suter passe plus de temps sur la patinoire que quiconque qui ne porte pas un chandail rayé.

13 347 Minutes passées par Ryan Suter sur la patinoire depuis 2012 (1er dans la LNH devant Drew Doughty, à 13 180)

27 min 55 s Temps d’utilisation moyen depuis 2012 (1er dans la LNH devant Doughty, à 27 min 12 s)

109 Nombre de matchs de plus de 30 minutes qu’il a disputés depuis 2012 (1er dans la LNH devant Erik Karlsson, à 74)

Suter n’est pas le meilleur pour parler de ses propres exploits, mais ses plus jeunes coéquipiers, eux, tirent des leçons à force de l’observer. Ainsi, Matt Dumba, 24 ans, joue maintenant 24 minutes par match en moyenne, à titre de partenaire de Suter. Il n’a jamais eu une tâche aussi lourde depuis son arrivée dans la LNH.

« Tu dois jouer différemment quand t’obtiens autant de minutes, souligne-t-il. Dans le junior, j’avais un temps d’utilisation comparable, mais j’essayais de marquer à chaque présence ! Je ne faisais aucune gestion du temps. C’est ça, la grande différence aujourd’hui. Quand tu mènes par deux buts ou que tu es en arrière par deux buts, tu dois gérer tes présences. Il y a plusieurs variables. »

Jared Spurgeon, lui, a vu son utilisation baisser quelque peu par rapport à l’an dernier, mais l’arrière de 29 ans est encore sollicité près de 22 minutes par rencontre. Lui aussi a appris de Suter, puisqu’il l’observe de près pour la sixième saison.

« Dans les batailles à un contre un, il ne cherche pas à renverser l’autre joueur. Il est bon pour garder sa vitesse et laisser le joueur derrière lui, et il en profite quand il contourne notre but. Il sait aussi quand il a le temps de faire un jeu et quand il doit plutôt dégager la rondelle par la rampe pour éviter d’être coincé en zone défensive pendant 40 secondes. Ça, je l’ai appris de lui, car les jeunes défenseurs ont souvent l’impression qu’ils doivent absolument faire un jeu avec la rondelle quand ils l’ont. »

En baisse

Suter vient au 5e rang de la LNH cette saison avec une moyenne de 25 min 47 s par match. Le chiffre demeure impressionnant, mais il est néanmoins en baisse pour la cinquième saison de suite, après avoir atteint un sommet de 29 min 25 s en 2013-2014. C’est que mine de rien, Suter aura 34 ans en janvier, et disputera ce soir son 1021e match dans la LNH.

L’entraîneur-chef du Wild, Bruce Boudreau, aimerait bien ménager parfois son étalon. Suter n’a toujours pas excédé les 30 minutes dans un match cette saison.

Mais ça va couci-couça pour sa troupe, défaite dans cinq des six derniers matchs, et sept des dix derniers. Le Wild vient de conclure un voyage dans l’Ouest canadien et Suter y a dépassé les 27 minutes dans deux des trois rencontres.

« Il en veut plus. On doit faire plusieurs choses pour le garder à 25 minutes. Il souhaiterait jouer une présence sur deux. […] Si on voulait qu’il joue 40 minutes, il le ferait », a expliqué Boudreau.

À l’été 2012, le Wild avait conclu des ententes identiques de 13 ans et 98 millions de dollars avec Suter et avec Zach Parise. Si Parise a été constamment ralenti par les blessures, on peut dire sans se tromper que le Wild en a pour son argent avec Suter !

Wild du Minnesota

Koivu évite le pire

Mikko Koivu ne devrait pas participer au match de ce soir, mais le capitaine du Wild a évité le pire. Koivu s’est blessé à la suite d’une collision genou contre genou avec Mark Giordano, qui a été suspendu deux matchs pour son geste. Le Wild craignait une absence à plus long terme pour Koivu, mais l’entraîneur-chef Bruce Boudreau a indiqué hier que l’attaquant était réévalué sur une base quotidienne. Hier, Koivu s’est entraîné en gymnase, mais pas sur la patinoire.

Boudreau choqué 

Bruce Boudreau était d’humeur massacrante, hier. Ses joueurs y ont goûté en étant conviés à plusieurs exercices exténuants de patinage, en début et en fin de séance. Et les médias, eux, ont eu droit à des réponses courtes dénuées de longues explications. Le Wild s’est fait rosser 7-2 par les Oilers d’Edmonton vendredi et l’équipe serait exclue des séries éliminatoires si elles commençaient aujourd’hui. « Si les gars ne sont pas prêts à travailler fort après une défaite de 7-2, on a des problèmes, a déclaré Boudreau. On a perdu cinq de nos six derniers matchs, mais c’est la première fois qu’on se fait battre d’une telle façon. J’espère que ce sera un signal d’alarme pour nos joueurs. »

La bête noire

On ne sait pas si ça l’aidera à retrouver le droit chemin, mais le Wild a le numéro du Canadien depuis quelques années. Le Wild a en effet enlevé ses sept derniers duels contre le CH. Les trois derniers : des bastonnades de 3-0, 6-3 et 7-1. L’ancienne gloire du Canadien Devan Dubnyk affiche conséquemment des statistiques enviables contre Montréal : fiche de 7-1-1, moyenne de 2,21 et efficacité de ,929. Dubnyk a toutefois été envoyé aux douches après huit minutes, dimanche, victime de trois buts sur six tirs. Boudreau n’a pas voulu confirmer l’identité de son gardien pour ce soir.

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