Soins Palliatifs

Les signes de fin de vie

Des changements physiologiques témoignent que la mort approche, voire qu’elle est imminente.

Délirium

Le délirium – un état confusionnel – est fréquent en fin de vie ; jusqu’à 80 % des cancéreux en phase terminale auront un épisode. « En fin de vie, il est souvent multifactoriel », explique la Dre Elisa Pucella, médecin en soins palliatifs : progression de la maladie, symptômes de la maladie, médication… « Dans la grande majorité des cas, quand c’est fait par des gens qui le font depuis longtemps, ce n’est pas la médication qui est en cause », indique la Dre Marjorie Tremblay, médecin en soins palliatifs. Une partie du délirium peut être renversée avec l’administration de médicaments.

Maigreur

L’appétit diminue en fin de vie, et ce, pour diverses raisons : le stress, l’inflammation, la faiblesse, les médicaments… Le système digestif fonctionne au ralenti. La personne va donc puiser des protéines dans ses muscles pour en faire du sucre, ce qui entraîne une perte de poids et une diminution de sa force musculaire. Si elle est atteinte d’un cancer, ses besoins en protéines sont encore plus importants.

Sensation de soif

La sensation de soif diminue en fin de vie. Dans certains cas, elle est carrément supprimée. On donne de l’eau lorsque le patient a soif, on humecte ses muqueuses fréquemment pour prévenir l’impression de soif, mais on n’insiste pas pour la faire boire et on n’installe pas de soluté. « À ce stade-là, le soluté est inutile, même nuisible, note la Dre Elisa Pucella. Il ne va pas au rein. » L’excès d’eau peut accentuer les sécrétions, les râles, les œdèmes, explique la Dre Pucella. En puisant son énergie dans ses muscles, le malade produit de l’eau par son métabolisme, indique le Dr Patrick Vinay, médecin en soins palliatifs retraité.

Sommeil et coma

En manque de sucre, le cerveau tombe en veille, explique le Dr Patrick Vinay. « Quand la famille vient, qu’elle parle à son proche, il ouvre les yeux, répond, et se rendort. » À un certain stade, un coma s’installe. Outre le manque d’énergie, ces changements de l’état de conscience peuvent être causés par d’autres facteurs, dont une insuffisance rénale, une insuffisance hépatique, certaines maladies, etc.

Râles terminaux

Les râles, qui se limitent généralement à un petit bruit de percolateur, sont fréquents en fin de vie. Ils témoignent du fait que la personne est trop faible ou trop inconsciente pour dégager le mucus bronchique de ses voies respiratoires. « Il n’y a pas de douleur à râler », indique le Dr Patrick Vinay, qui fait le parallèle avec la personne qui ronfle : « Le râleur ne s’en aperçoit pas. » L’équipe médicale préfère néanmoins contrôler ces râles pour prévenir leur progression et d’éventuelles complications. Chez deux malades sur trois, des médicaments (qui favorisent l’élimination d’eau ou qui diminuent la production de mucus) parviennent à les éliminer.

Respiration

À la toute fin, les soignants constatent souvent un changement dans la respiration de la personne mourante. « La fréquence s’accélère, ce qui est souvent associé à une amplitude réduite », décrit la Dre Elisa Pucella, qui souligne qu’il s’agit d’un phénomène inconscient et automatique. Si la respiration devient laborieuse, on peut prescrire des opioïdes, qui soulagent la détresse respiratoire, ou des anxiolytiques. « La sensation d’essoufflement est souvent mixte, explique la Dre Pucella. Il y a à la fois un réel manque d’oxygène et une anxiété associée. L’un nourrit l’autre. »

Et la morphine ?

De nombreux malades reçoivent de la morphine ou un de ses dérivés en fin de vie. Une part de cette médication sert à pallier le déficit progressif d’endorphine chez le malade, causé par son manque d’énergie et son immobilité, indique le Dr Patrick Vinay. Une autre part sert à contrôler la douleur. Des familles ont tendance à faire une association causale entre l’administration de la morphine et l’état du patient ; or, il s’agit plutôt d’une association temporelle, note la Dre Elisa Pucella. « Non seulement la morphine ne tue pas, mais elle vient rendre confortable, à condition, bien sûr, d’utiliser les doses appropriées », poursuit le Dr Vinay, qui souligne que ces médicaments peuvent même permettre à la personne de vivre un peu plus longtemps.

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