Chronique

Comment combattre l’usure de La voix

Le fils de Patrick Bourgeois des BB ! Le croisement entre Lady Gaga et Sia ! Un métalleux pur et dur avec Isabelle Boulay !

L’équipe de La voix a mis le paquet, hier soir, pour mettre en orbite sa cinquième saison à TVA. Il le fallait, car ce format télévisuel commence à s’user – malgré ses énormes parts de marché – et à moins surprendre. Avec l’arrivée de La voix junior à l’automne, mettons que les téléspectateurs n’ont plus beaucoup de temps pour s’ennuyer de cette formule, qui finit inévitablement par se répéter.

Alors, quoi de mieux que deux ou trois coups d’éclat pour enflammer les réseaux sociaux ? C’est bien correct. Faudra cependant ne pas trop en abuser pour éviter que la télé-crochet de TVA ne glisse vers le cirque musical ambulant.

L’émission présentée hier a fourni du matériel intéressant à décortiquer, à commencer par le premier numéro de la soirée, celui de l’excentrique Mademoiselle, 28 ans, de Granby, qui a repris I Surrender de Céline Dion.

Un personnage théâtral en noir et blanc, dont l’inukshuk de cheveux en forme de beignes a capté l’œil des spectateurs et l’oreille des quatre coachs. Après la prestation de Mademoiselle, Isabelle Boulay a même déclaré : « C’est la voix la plus maîtrisée que j’ai entendue de ma vie. » 

On se calme, les amis. On ne vide pas le sac à superlatifs tout de suite, s’il vous plaît. Il reste encore plusieurs semaines de diffusion.

Le passage de Ludovick Bourgeois, 23 ans, fils-sosie de Patrick Bourgeois, a donné un beau moment de télé, d’autant plus qu’il a repris une pièce de son papa, Tu ne sauras jamais. Ludovick, dont le paternel souffre d’un cancer, a rejoint le camp d’Éric Lapointe, le seul des quatre entraîneurs qui n’a pas encore triomphé à La voix.

Le rockeur bagué et tatoué n’a d’ailleurs pas caché, hier, qu’il se trouvait « en mission pour gagner ». Pas certain que le deuxième joueur de l’équipe d’Éric Lapointe, Guy Mapoko, 42 ans, lui permettra de repartir avec le trophée. Mettons que le chanteur béninois en a beurré pas mal plus épais que le client en demandait.

Sam Tucker, rockeur britannique de 24 ans établi à Gaspé, a été le plus solide de cette première ronde d’auditions à l’aveugle. Sa relecture de Reckoning Song d’Asaf Avidan a été impeccable. Grosse prise pour Pierre Lapointe, qui devra par contre enseigner à son protégé à chanter les yeux ouverts.

La portion la plus cocasse a été offerte par Louis-Paul Gauvreau, métalleux de 27 ans de Saint-Basile-le-Grand. Aurait-il pu imaginer qu’Isabelle Boulay se retournerait pour lui ? C’est le mariage le plus improbable de l’histoire de La voix. Honnêtement, je suis curieux d’entendre Louis-Paul chanter un répertoire plus doux. Qui sait, peut-être excelle-t-il aussi dans les ballades ?

Évidemment, La voix ne serait pas La voix sans une poignée d’histoires tristes. Nous avons eu droit hier à un accidenté de la route, à une jeune femme souffrant de dépression et à un enfant placé en famille d’accueil.

Avec son Barracuda endiablé, la Montréalaise Rose Langis, 20 ans, apportera une touche de rock à l’équipe d’Isabelle Boulay.

Celle qui prête sa voix à la princesse Raiponce dans le film d’animation de Disney et qui a été choriste pour France D’Amour, Chloé McNeil, 23 ans, a aussi opté pour la coach rousse, « qui l’a jetée, amenée au ciel, puis jetée par terre ».

Charles Lafortune a versé une larme en revoyant la jeune Margau, 16 ans, de Saint-Jérôme, qui a été la toute première concurrente à son École des fans en 2004. Très touchant.

Margau a aussi été vue dans Un air de famille et L’heure de gloire à Radio-Canada. Elle a interprété I Care de Beyoncé, autre pièce très difficile, qu’elle n’a heureusement pas massacrée. Personnellement, je n’ai pas trop compris l’engouement pour Athena Holmes, 31 ans, de Victoria, en Colombie-Britannique. Son Tainted Love a été très décevant.

L’alignement de coachs de cette cinquième année de La voix est identique à celui de 2015, où Kevin Bazinet de l’équipe Dupré avait tout cassé.

Marc Dupré demeure mon coach préféré. J’aime son enthousiasme, son naturel et son côté pop assumé. Il n’a pas l’air de réciter les phrases d’un scripteur quand il s’exprime.

Au fait, pas besoin de remporter La voix pour poursuivre sa carrière musicale. Parlez-en à Matt Holubowski, Sophia Bel, Jérôme Couture, Rémi Chassé et Charlotte Cardin, qui s’en sortent très bien sans ce titre, merci.

Peut-on en dire autant de Stéphanie St-Jean, la championne de l’an passé, qui est disparue dans la brume ? Et Yoan Garneau, que se passe-t-il avec mon préféré Yoan ? You-hou !

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.