Baseball

Secrets défensifs

DUNEDIN, Floride — La réputation de Russell Martin en tant qu’excellent receveur défensif a fait son chemin au fil des ans.

Les partants de ses différentes équipes n’ont pas tari d’éloges envers la façon dont il travaillait avec eux. Doté d’un bras canon, le Québécois s’est aussi distingué en terminant deuxième parmi tous les receveurs des ligues majeures, l’an dernier, pour le nombre de coureurs retirés en tentative de vol.

« En tant que receveur, soutient Martin, tous mes gestes visent soit à obtenir le plus de prises possibles, soit à empêcher un coureur de gagner un but supplémentaire, que ce soit en le retirant en tentative de vol, en le retenant près du premier but pour éviter qu’il n’atteigne le troisième sur un coup sûr ou en bloquant un lancer hors cible. »

La technique pour obtenir le plus de prises possible, elle, est plus subtile.

Depuis quelques années, les statistiques avancées du baseball peuvent chiffrer la quantité de prises additionnelles qu’un receveur arrive à soutirer à l’arbitre en lui vendant une bonne cible.

Or, Russell Martin excelle dans cet art. Au cours des sept dernières saisons, il a terminé dans le top 5 des receveurs en allant chercher en moyenne plus de 150 prises de plus par année (selon Baseball Prospectus).

Il nous livre aujourd’hui ses secrets.

1. CONNAÎTRE SES LANCEURS

« J’ai compris à un jeune âge qu’une prise de plus ici et là pouvait faire toute la différence, dit Martin. Quand on gagne ou qu’on perd une participation aux séries éliminatoires par un seul match, je me dis que chaque lancer est important. »

« Pour réussir à aller chercher des prises de plus, le plus important est de bien connaître ses lanceurs ainsi que le mouvement qu’ils sont capables de donner à chacun de leurs lancers. »

— Russell Martin

C’est en connaissant le comportement de chaque lancer que Martin peut mettre la cible au bon endroit. Moins le gant bouge, plus ça convainc l’arbitre. Ça, c’est la base. Et le fait de tenir le gant avec le pouce levé, comme l’enseigne l’entraîneur des receveurs de Blue Jays Sal Butera, aide à limiter le mouvement.

2. EN AVANT OU EN ARRIÈRE ?

Comment un tir qui bouge beaucoup, qui est destiné à déjouer le frappeur et qui pourrait très bien être une balle à la fin de son parcours peut malgré tout être une prise ? Réponse : en l’attrapant plus tôt.

« Sur un lancer qui est appelé à quitter la zone des prises – comme une balle glissante –, je vais essayer de l’attraper en étendant le bras le plus en avant possible du marbre. Je ne laisserai pas le temps à la balle de sortir de la zone avant qu’elle n’arrive dans mon gant. Comme ça, je n’aurai pas à la ramener au-dessus du marbre. À l’inverse, sur un tir à l’intérieur qui a tendance à vouloir revenir vers la zone des prises, je vais tenter de l’attraper le plus en arrière possible du marbre. »

3. GARDER LE GANT BAS

Le receveur des White Sox de Chicago Tyler Flowers a étudié des vidéos de Russell Martin cet l’hiver afin d’améliorer la qualité de ses cibles. Tout comme le Québécois, il tente de maintenir son gant plus bas que haut.

« Si tu mets ta cible basse sur un lancer qui est censé être une balle, le fait de remonter un peu le gant au moment d’attraper donne plus l’illusion que c’est une prise, explique Martin. Si je dois baisser mon gant après avoir présenté ma cible, l’arbitre va juger que c’est une balle. »

4. POW !

Certains receveurs essaient d’attraper les balles à l’intérieur avec la paume du gant et les balles à l’extérieur davantage avec le panier, de façon à toujours rester le plus proche possible de la zone des prises.

Martin n’est pas friand de cette technique. Il préfère attraper la balle au centre du gant afin qu’au moment stratégique, elle puisse s’y engouffrer avec fracas.

« J’essaie d’attraper la balle dans le sweet spot pour aller chercher un bon son. C’est une façon de programmer l’arbitre : après avoir attrapé quelques balles qui n’ont pas fait de son, le fait d’en attraper une qui fait POW ! lui fait lever le bras 90 % des fois ! »

5. LE CAUCHEMAR DE LA BALLE-PAPILLON

Pour la première fois de sa carrière, Martin sera appelé à recevoir les tirs d’un lanceur de balles-papillon. R.A. Dickey est le seul artilleur des majeures à lancer cet étrange tir qui hypnotise l’adversaire par sa lenteur et sa trajectoire aléatoire.

En principe, Josh Thole devrait être le receveur attitré de Dickey cette saison, mais Martin se prépare comme s’il travaillera souvent avec lui. Il ne sera jamais à l’aise de recevoir des balles-papillon, mais au moins il ne sera pas pris par surprise.

« Mes statistiques en matière de pitch framing vont changer, c’est clair, car des balles passées, il va y en avoir ! En moyenne, il y a 1 tir sur 10 de Dickey que mes yeux ne sont pas capables de suivre.

« Or, Sal Butera a déjà été le receveur de Phil Niekro dans le temps. Il m’a dit de rester relax et de ne pas me commettre trop tôt pour attraper la balle. Celui qui tient le gant de la main gauche sera beaucoup plus rapide pour bouger son gant de gauche à droite que de le déplacer de droite à gauche. Alors, je garde le gant presque par terre et j’essaie de me compromettre de gauche à droite juste au bon moment. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.