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Des investissements qui favorisent le groupe ch

Le maire de Montréal Denis Coderre est un grand partisan du Canadien de Montréal. Son administration aussi. Sous Denis Coderre, Montréal a rendu une décision particulièrement favorable au Groupe CH sur le plan financier, celle d’investir 28 millions en fonds publics sur le parterre de l’île Sainte-Hélène – demande que le Groupe CH faisait sans succès en privé depuis le début des années 2010.

Un dossier exclusif de Vincent Brousseau-Pouliot et Katia Gagnon

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Le Groupe CH en bref

Président et chef de la direction

Geoff Molson

Propriétaires

La famille Molson (actionnaire majoritaire), Bell (BCE), Woodbridge Ltd., le Fonds de solidarité FTQ, Banque Nationale, Michael Andlauer, Luc Bertrand. Le Groupe CH a été acheté pour 575 millions en 2009.

Actifs 

Le club de hockey le Canadien de Montréal (valeur actuelle selon Forbes : 1,12 milliard US)

Le Centre Bell

Le promoteur evenko (agence d’artistes, production de spectacles et de festivals comme Osheaga, îleSoniq, Heavy Montréal)

L’Équipe Spectra

Gérance de la Place Bell à Laval, du Théâtre Corona à Montréal, de L’Étoile Banque Nationale et du CLUB DIX30 à Brossard

Promoteur de l’ePrix de Montréal (Formule électrique)

Modernisation de l'île Sainte-Hélène

L’amphithéâtre dont rêvait le Groupe CH

Depuis le début des années 2010, le Groupe CH tentait sans succès de convaincre les autorités montréalaises de consacrer des millions de dollars de fonds publics au réaménagement de l’amphithéâtre naturel sur l’île Sainte-Hélène, où le Groupe CH et son promoteur présentent leurs festivals Osheaga, Heavy Montréal et îleSoniq.

Puis, Denis Coderre a été élu maire de Montréal en novembre 2013.

L’administration Coderre a considérablement modifié le plan de modernisation de l’île Sainte-Hélène pour le 375e anniversaire de Montréal, un plan déjà voté par la Ville de Montréal et approuvé par le gouvernement du Québec. Elle a choisi d’investir 10 millions pour agrandir le parterre de 45 000 à 65 000 places sur l’île Sainte-Hélène. Elle a aussi accordé 18 millions pour des équipements technologiques conformes aux souhaits du Groupe CH, selon nos informations.

Les nouveaux équipements feront économiser environ 500 000 $ par an au Groupe CH, qui devait auparavant louer ces équipements. Au total, il s’agit d’investissements publics de 28 millions financés par Montréal et Québec.

Le Groupe CH est l’une des entreprises de divertissement les plus importantes au Québec. En plus du Canadien de Montréal, le Groupe CH possède le Centre Bell, L’Équipe Spectra et le promoteur evenko, qui produit des spectacles et gère des salles comme la Place Bell à Laval et le Théâtre Corona à Montréal. Le Groupe CH a été vendu pour 575 millions de dollars en 2009. Selon Forbes, à elle seule, l’équipe de hockey vaut aujourd’hui 1,12 milliard US.

« Les équipements répondent aux besoins d’un seul producteur, evenko. Les autres producteurs s’en serviront peut-être à 25 %, mais c’est au-delà de leurs besoins », dit une première source directement impliquée dans le dossier. « De par sa taille, evenko est le seul promoteur à avoir besoin de ces installations », dit une deuxième source directement impliquée dans le dossier.

Dans ce dossier, nos sources ont demandé de témoigner de façon confidentielle, craignant des représailles de l’administration Coderre.

Afin de financer les dépenses de 28 millions au parterre, l’administration Coderre a modifié le projet de legs du 375e anniversaire de Montréal à l’île Sainte-Hélène voté en 2013 par l’administration précédente.

Sous les administrations précédentes de Gérald Tremblay et de Michael Applebaum, la Ville de Montréal et la Société du parc Jean-Drapeau avaient plutôt décidé en 2013 d’investir 55 millions de dollars de fonds publics dans trois projets : l’allée du Calder (18,4 millions), la réouverture de la place des Nations (12,5 millions) – un site majeur d’Expo 67 maintenant inutilisé – et une promenade riveraine de 3 km (22,5 millions) avec belvédères panoramiques et pistes cyclables – à l’image de la promenade Samuel-de-Champlain inaugurée pour le 400e anniversaire de Québec.

Il y avait aussi une somme de 1,6 million pour des aménagements paysagers mineurs au parterre de spectacle utilisé par evenko. Le gouvernement du Québec payait 35 millions, la Ville de Montréal, 20 millions.

Arrivée en poste à la fin 2013, l’administration Coderre a changé le plan, consacrant l’essentiel des fonds (passés de 55 à 70 millions entre-temps) au parterre (de 1,6 million à 30 millions) et à l’allée du Calder, dont le coût a augmenté (de 18,5 millions à 32,4 millions).

En contrepartie, l’administration Coderre a considérablement réduit le budget de la promenade riveraine et panoramique (de 22,5 millions à 6 millions) et la réfection de la place des Nations (de 12,5 millions à 2 millions). La promenade riveraine est passée de 3 km à 1 km, et l’idée d’y intégrer des pistes cyclables a été abandonnée. Ces changements ont été officialisés en 2015.

« evenko ne voulait rien payer »

Selon deux sources directement impliquées dans ce dossier, le Groupe CH réclamait depuis le début des années 2010 l’investissement de dizaines de millions de dollars de fonds publics dans les installations du parc Jean-Drapeau, où l’entreprise présente ses festivals d’envergure. Le Groupe CH voulait notamment profiter des fonds publics disponibles pour le 375e anniversaire de Montréal pour financer ces changements au site de l’île Sainte-Hélène.

Durant toutes ces années précédant l’arrivée de Denis Coderre à l’hôtel de ville de Montréal, le Groupe CH voulait essentiellement deux choses : agrandir le parterre de 45 000 à 65 000 places et voir la société paramunicipale se doter d’équipements techniques et technologiques permanents en électricité et en fibre optique.

Pour chacun de ses festivals, evenko doit faire venir des génératrices afin d’alimenter le lieu en électricité – les besoins en électricité sont énormes en raison des scènes, du son et des lumières des spectacles. Selon nos informations, evenko dépense environ 500 000 $ par an en équipements temporaires pour s’alimenter en électricité. Autant de dépenses qui disparaîtront lorsque les travaux seront terminés en 2019.

« evenko ne voulait rien payer », résume une première source impliquée dans le dossier. « Le groupe evenko s’est rapidement manifesté pour dire qu’il faudrait profiter du 375e pour mettre davantage l’argent sur le parterre et ajouter de l’équipement électrique permanent. Or, ce qu’evenko demandait, aucun autre producteur n’en avait besoin », dit une deuxième source impliquée dans le dossier.

En privé, le Groupe CH s’opposait aussi, sans succès, à la construction d’une nouvelle scène naturelle de 4000 places prévue à la place des Nations, un legs souhaité par l’administration Tremblay. Le Groupe CH suggérait que cet argent soit dépensé sur le parterre, où il présente ses festivals.

Le revirement de Coderre

À l’été 2013, alors qu’il est candidat à la mairie de Montréal, Denis Coderre propose un nouvel amphithéâtre naturel au parc Jean-Drapeau, faisant la comparaison avec le mythique Hollywood Bowl à Los Angeles.

Denis Coderre est élu maire de Montréal en novembre 2013. En janvier 2014, quand la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD), une société paramunicipale, vient présenter la mise à jour du plan déjà approuvé par Montréal et Québec, le plan ne plaît pas au maire Coderre, qui estime que Montréal doit se doter d’un nouvel amphithéâtre naturel sur l’île Sainte-Hélène.

Lors de cette rencontre, le maire Coderre est très clair : il veut un parterre de calibre international qui répondra aux besoins des promoteurs. La SPJD comprend le message et entame des discussions avec evenko afin de chiffrer ses attentes pour le site de l’île Sainte-Hélène.

« La SPJD a compris qu’il fallait s’asseoir avec evenko. Elle a arrêté de dire non à evenko, car le maire avait dit qu’il voulait un parterre. »

— Une source impliquée dans le dossier

La liste des besoins du promoteur s’élevait à 30 millions : 10 millions pour agrandir le parterre, 18 millions pour des équipements technologiques permanents et 2 millions pour régler le dossier du bruit avec la Ville de Saint-Lambert.

Proximité avec le Groupe CH

La proximité entre Jacques Aubé, vice-président exécutif d’evenko, et le maire Coderre est manifeste aux yeux de certains intervenants dans le dossier. Quand la SPJD hésite ou pose des questions sur certains points, M. Aubé appelle parfois directement le maire Coderre sur son téléphone portable pour régler le point en question.

« Le promoteur qui parle au maire comme ça, c’est assez troublant. Il y a une trop grande proximité entre un promoteur privé à but lucratif et les élus qui doivent prendre des décisions avec des fonds publics. La bonne marche à suivre aurait été que la SPJD reçoive les demandes et les objectifs de la Ville et qu’elle les exécute avec le promoteur », dit une première source impliquée dans le dossier ayant été témoin d’une conversation téléphonique entre le maire Coderre et M. Aubé.

Le cabinet du maire Coderre a nié s’être impliqué au niveau des « discussions qu’il aurait pu y avoir concernant les détails techniques du projet de l’amphithéâtre naturel du parc Jean-Drapeau ».

« Je trouve très tendancieux de donner l’impression que je pose des gestes au niveau de la Société du parc Jean-Drapeau [SPJD] quand c’est le conseil d’administration [de la SPJD] qui fait les choses », a dit le maire Coderre en entrevue à La Presse. Le Groupe CH a décliné notre demande d’entrevue.

Un bail secret pour evenko

L’administration Coderre indique de ne pas avoir vérifié si evenko aurait une hausse de loyer au parc Jean-Drapeau à la suite des investissements de 28 millions. « C’est pas à moi à faire ça, ça relève du parc Jean-Drapeau », dit le maire Coderre.

La SPJD, qui a signé l’an dernier un nouveau bail de cinq ans avec evenko pour 2016-2020, n’a pas voulu dévoiler si ce bail comportait une hausse de loyer pour evenko, citant la confidentialité de l’entente. La SPJD n’a pas non plus voulu dévoiler le loyer payé par evenko en vertu du nouveau bail et de l’ancien bail (2012-2015).

Un détail important : selon nos informations, le bail d’evenko entre 2012 et 2015 comprenait une clause de premier refus qui donnait l’occasion à evenko d’organiser tout événement proposé à la SPJD par un autre promoteur. Cette clause a-t-elle été reconduite dans le bail actuel ? Citant la confidentialité du bail, la SPDJ n’a pas répondu à ces questions, mais a précisé qu’« evenko ne [détenait] aucune entente d’exclusivité […] présentement ».

Le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Pierre Desrochers, reconnaît que seul evenko utilise le parterre de l’île Sainte-Hélène pour des spectacles d’envergure actuellement. « Mais il n’y a rien qui dira que dans l’avenir, il n’y aura pas d’autres événements. Il y aura peut-être d’autres promoteurs qui auront peut-être accès à ces équipements, personne n’a l’exclusivité », dit-il.

Les trois événements les plus importants à l’île Sainte-Hélène – Osheaga, Heavy Montréal et ÎleSoniq – sont tous organisés par evenko. Le parterre accueille d’autres événements comme la Fête des neiges, les Week-ends du monde, les Piknic Électronik ou des activités sportives. « evenko sera le seul producteur qui bénéficiera vraiment des améliorations [de 28 millions] », dit une deuxième source impliquée dans le dossier.

Le gouvernement du Québec, qui finance le legs à l’île Sainte-Hélène à hauteur de 35 millions sur un coût total de 73,4 millions, a approuvé le changement de plan de l’administration Coderre. « Le gouvernement du Québec est fier d’appuyer les travaux d’aménagement au parc Jean-Drapeau. Cet important legs du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal contribuera au développement et au rayonnement de Montréal, réputée à l’international en tant que métropole qui se démarque par la diversité de son offre culturelle », avait indiqué le ministre québécois des Affaires municipales Martin Coiteux, dans un communiqué, en décembre dernier.

— Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

Réaction du Groupe CH

« Comme tous les intervenants qui ont à cœur le succès touristique et économique et culturel de notre métropole, ainsi que sa réputation internationale, evenko entretient des relations soutenues avec nombre de partenaires publics et privés qui ont les mêmes intérêts à soutenir le développement de notre ville. D’ailleurs, evenko est fier de faire figure de leader de notre industrie culturelle avec une valeur ajoutée au PIB de 120 millions par an, sans compter notre impact extrêmement positif sur l’image de notre métropole comme une grande capitale sur la scène internationale. »

— Donald Beauchamp, vice-président principal aux communications du Groupe CH

La Société du parc Jean-Drapeau

La Société du parc Jean-Drapeau est une société paramunicipale qui gère l’île Sainte-Hélène et l’île Notre-Dame. Son budget annuel de 25 millions provient à 49 % d’une contribution de la Ville de Montréal et à 51 % des revenus autonomes tirés de ses activités. Ses dépenses doivent être approuvées par la Ville de Montréal. À titre d’exemple, son budget annuel de fonctionnement et son plan triennal d’immobilisations (PTI) sont approuvés par la Ville de Montréal. La Ville de Montréal nomme tous les membres du conseil d’administration de la SPJD.

modernisation de l’île sainte-hélène

« Il n’y a pas de lien contractuel entre la Ville et le CH »

L’administration Coderre nie catégoriquement être trop proche du Groupe CH

L’administration Coderre se défend d’avoir pris des décisions favorisant le Groupe CH, notamment sa décision de modifier le legs du 375e anniversaire à l’île Sainte-Hélène.

« Quand j’ai voulu faire l’amphithéâtre [à l’île Sainte-Hélène], ça n’a rien à voir avec evenko. As-tu vu ce que ça a d’l’air ? Je veux qu’on ait une infrastructure de premier niveau. Je suis le premier qui voulait qu’on refasse cet amphithéâtre. […] Je refuse que tu fasses un procès d’intention, parce qu’il n’y a pas de lien contractuel entre la Ville et le CH », dit le maire de Montréal Denis Coderre, en entrevue à La Presse.

« Personne n’a [eu] de privilège […] Comme n’importe quelle administration, on a modifié certaines choses. L’administration qui arrive en place arrive avec ses propres priorités », dit Pierre Desrochers, président du conseil exécutif de la Ville de Montréal et numéro deux de l’administration Coderre.

« Que ce soit eux ou un autre, à la fin, la décision aurait été exactement la même. »

— Pierre Desrochers, président du conseil exécutif de la Ville de Montréal

L’administration Coderre nie catégoriquement être trop proche du Groupe CH. « Pas du tout, dit le maire Coderre. C’est inacceptable de même le penser. Il n’y a aucun lien contractuel entre la Ville, le maire et le Groupe CH. C’est au niveau du parc Jean-Drapeau. »

L’ePrix de Formule électrique

Le Groupe CH a aussi obtenu sans appel d’offres un contrat de trois ans pour la gestion de l’ePrix de Formule électrique, un projet cher à l’administration Coderre. Le contrat à evenko a été attribué par Montréal, c’est électrique (MEC), organisme sans but lucratif qui organise l’événement. La Ville de Montréal a payé toutes les dépenses d’aménagement de l’ePrix (16,5 millions pour la première année) et endosse les déficits de MEC à hauteur de 10 millions.

« C’est MEC qui l’a signé, parlez à MEC. Les gouvernements du Québec et du Canada financent également MEC », dit Denis Coderre.

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Un parterre plutôt qu’une promenade riveraine

Pour justifier la réduction de 16,5 millions du budget d’une promenade riveraine à l’île Sainte-Hélène, l’administration Coderre invoque notamment des motifs environnementaux. Or, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) avait « accueilli favorablement » le projet de promenade riveraine et panoramique qui devait relier la place des Nations à La Ronde.

Le CRE-Montréal trouvait ce premier projet plus intéressant que le projet axé sur le parterre finalement choisi par l’administration Coderre.

« La promenade riveraine a été réévaluée parce qu’on trouvait que c’était trop minéralisé, qu’une série de blocs de béton le long de la berge, on enlevait tous les arbres, ça faisait peut-être très beau, [mais] après avoir évalué ça, on croit qu’au point de vue environnemental et paysage, ce n’était pas requis. […] Vous coupiez tous les arbres, vous dénudiez tous les arbres, politiquement, difficile de penser qu’on pouvait faire ça, plusieurs groupes auraient levé les objections », dit Pierre Desrochers, président du conseil exécutif de la Ville de Montréal et numéro deux de l’administration Coderre.

Le Conseil régional de l’environnement de Montréal, un organisme qui regroupe des organismes environnementaux, se rappelle pourtant avoir « accueilli favorablement » le projet d’une promenade riveraine de 3 km sur l’île Sainte-Hélène, à l’image de la promenade Samuel-de-Champlain à Québec.

Le CRE-Montréal avait été au nombre des organismes consultés en 2014 par la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD) au sujet de ce projet de promenade riveraine dont l’objectif était de « redonner aux Montréalais l’accès au fleuve et des percées visuelles uniques sur leur ville ».

« On a accueilli le projet favorablement, avec certaines réserves, dit Emmanuel Rondia, responsable des espaces verts et des milieux naturels à CRE-Montréal. C’est un espace vert et bleu, un projet qui allait dans le bon sens, mais qui avait des éléments à bonifier et ajuster. Il y avait des coupes [d’arbres et de végétation] plus importantes à certains endroits et la minéralisation nous apparaissait encore trop grande. »

« Le cœur du projet 2 [le projet de l’administration Coderre] est le volet du parterre, c’est moins intéressant dans une perspective d’en faire un grand parc vert et bleu. »

— Emmanuel Rondia, responsable des espaces verts et des milieux naturels à CRE-Montréal

Héritage Montréal, organisme sans but lucratif visant à défendre le patrimoine montréalais, préfère aussi le premier projet de promenade riveraine au projet actuel de l’administration Coderre.

« Nous sommes plus favorables au premier projet, dit Dinu Bumbaru, directeur des politiques d’Héritage Montréal. Le deuxième projet, à part les 65 000 places, on ne sait pas trop c’est quoi la vision. On annonce une consultation du plan directeur pour 2018, mais on met des millions pour réaménager [auparavant]. Le premier projet avait des propositions vigoureuses. La préoccupation était d’être prudent sur la question des arbres [à abattre pour faire la promenade], même si ce n’était pas de beaux arbres. »

« C’était emballant comme vision »

Les Amis de la montagne, organisme ayant pour mission de protéger le mont Royal, a aussi été consulté en 2014 par la SPJD. « C’était emballant comme vision [le premier projet avec la promenade de 3 km], dit Sylvie Guilbault, directrice générale des Amis de la montagne. Selon mon souvenir, on avait choisi d’enlever des espèces [d’arbres et de végétaux] non désirables, il y avait un désir d’ouvrir la vue. On a demandé que chaque arbre soit analysé, pour être sûr qu’on ne coupe pas un arbre pour rien. »

Le ministère de l’Environnement du Québec n’a reçu aucune demande de la Ville de Montréal par rapport au projet de promenade riveraine de 3 km sur l’île Sainte-Hélène dont le budget avait été voté en 2013. La SPJD tient toutefois à préciser que son projet initial en 2013 était plutôt une promenade de 2 km. Or, les documents décisionnels de la Ville de Montréal en 2013 et un document d’information de la SPJD produit en 2014 indiquent que le projet initial état une promenade riveraine de 3 km, accessible en été comme en hiver.

Des chiffres qui concordent, mais…

Une diminution du budget de 26 millions pour la promenade riveraine et la place des Nations. Une hausse du budget de 28 millions pour le parterre, si cher à l’administration Coderre et au Groupe CH. L’administration Coderre admet que « les chiffres concordent », mais interprète la situation autrement.

« On ne peut pas dire qu’on a sciemment coupé là-dessus parce qu’on voulait faire d’autres affaires. Les chiffres concordent, mais de dire qu’on a coupé A pour faire B, c’est une mauvaise interprétation de ça. […] Ce n’est pas pour financer d’autres projets qu’on a coupé, on a réévalué l’ensemble du projet », dit Pierre Desrochers, président du conseil exécutif de la Ville de Montréal et numéro deux de l’administration Coderre.

— Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

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