Documentaire

La solidarité, version Pointe-Saint-Charles

Après les squatteuses et les travailleuses du sexe, voilà qu’Ève Lamont a décidé de braquer sa caméra sur un coin malmené de Montréal, Pointe-Saint-Charles. Surprise : le portrait présenté dans son dernier film, Le chantier des possibles, est ici lumineux et plein d’espoir. Parce que la solidarité, ici, elle se vit. Ça se sent et ça se voit. Cinq choses à savoir sur le quartier.

Documentaire

Une tradition de prise en charge citoyenne

Non, il n’y a pas qu’à Pointe-Saint-Charles que les citoyens se mobilisent, concède la réalisatrice, rencontrée cette semaine pour le lancement de son film. « Mais ici, c’est inscrit dans leur ADN », dit-elle. Depuis les années 70 et encore aujourd’hui, les gens du quartier se regroupent, s’unissent, manifestent. Pourquoi ? Pour défendre leurs droits et surtout proposer des projets qui répondent à des besoins très concrets, fait-elle valoir. « Ils se sont organisés ensemble. Sans attendre que l’État leur donne des services. »

Documentaire

Le plus vieux quartier industriel du Canada

Le saviez-vous ? Bien avant Toronto, c’est ici, à Pointe-Saint-Charles, que ça se passait. « C’est là où il y avait la plus importante activité industrielle au Canada au XIXe siècle. » Avec la construction du canal de Lachine puis l’arrivée du chemin de fer, les usines se sont en effet installées ici, faisant travailler bon nombre d’ouvriers, des Québécois mais aussi beaucoup d’immigrants irlandais, ukrainiens, etc. Au milieu du XXe siècle, notamment à cause de la fermeture du canal, les usines ont migré vers les banlieues. D’où la vague de chômage, à l’origine de la pauvreté du quartier.

Documentaire

La première clinique de santé communautaire

C’est dans un ancien dépanneur que des étudiants en médecine de l’Université McGill ont fondé la première clinique de santé communautaire, laquelle allait servir de modèle pour les centres locaux de services communautaires, les CLSC. « C’étaient des médecins bénévoles, par et pour les citoyens, raconte la réalisatrice. Les médicaments ne coûtaient rien, les ordonnances de lunettes étaient à 1 $ et il y avait aussi de la prévention, de l’éducation populaire liée à tout ça. »

Documentaire

Les premières coops d’habitation

C’est à Pointe-Saint-Charles qu’ont aussi été lancées parmi les premières coopératives d’habitation du Québec. « Pour que les gens puissent se loger… », dit Ève Lamont. Si le taux de logements sociaux tourne autour de 11 % au Québec, à Pointe-Saint-Charles, il grimpait à 40 % en 1996. Un chiffre toutefois en baisse avec la mise en marché de condos de luxe dans les dernières années. « Avec l’impact de l’embourgeoisement, en 2013, le taux de logements sociaux est tombé à 32 %. Et si la tendance se maintient, en 2016, il va tomber à 27 %. »

Documentaire

Des propositions populaires d’aménagement

C’est ce qui a séduit Ève Lamont : de voir les gens du quartier se retrousser les manches, analyser les besoins et faire des propositions concrètes pour contrer ce qu’elle appelle le « mal développement » : la construction de condos de luxe, au détriment de logements sociaux, dans un quartier frappé par la pauvreté. « Ils proposent, dans une ère où il y a beaucoup de cynisme (des projets de société porteurs d’espoir, il n’y en a pas !), des projets pour contrer le mal développement, des projets concrets, selon les besoins de la population. » Le film en présente d’ailleurs deux : une résidence pour personnes âgées à faible revenu et un espace communautaire pour abriter une foule de projets (création, marché public, CPE, etc.).

Le chantier des possibles est présenté ces jours-ci à la Cinémathèque québécoise..

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.