Santé

Le ministre Barrette et son prédécesseur à couteaux tirés 

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a vertement critiqué son prédécesseur, hier à Québec, traitant Réjean Hébert de « menteur » et de « démagogue », et lui reprochant de ne rien avoir laissé en héritage après son passage en politique.

Dans une lettre ouverte publiée mardi dans Le Devoir, Réjean Hébert critique sévèrement la réforme du réseau de la santé de Gaétan Barrette, qu’il accuse d’utiliser une « approche rétrograde » qui n'est appuyée par « aucune donnée scientifique ». 

Il accuse aussi le ministre Barrette de museler le réseau en s’appropriant tous les pouvoirs. « Il ne faut pas attendre des dirigeants actuels une quelconque critique de la réforme proposée, car le ministre machiavélique les a muselés en s’arrogeant le pouvoir de déchoir ceux qui oseront s’opposer au prince », écrit Réjean Hébert. 

Le ministre Barrette a répliqué sèchement, hier. « Quand il était en politique, qu’a-t-il [laissé] comme héritage à part un tissu de mensonges ? Aujourd’hui, il poursuit sa carrière, mais à l’extérieur du Parti québécois. Ça n’a aucun intérêt », a déclaré M. Barrette, qui estime que l’analyse du Dr Hébert tient du délire. 

« C’est de la démagogie, de la fumisterie totale. C’est honteux qu’un individu qui a déjà été en poste [comme ministre de la Santé], qui sait comment ça fonctionne, qui est capable de lire un texte de loi, dise des choses comme ça et qu’on en parle », a déclaré le ministre Barrette. 

Choqué par ces propos qu’il qualifie de « méprisants », le chef de l’opposition officielle, Stéphane Bédard, a demandé au premier ministre de rappeler à l’ordre son ministre de la Santé. « Depuis deux jours, le ministre Barrette insulte les gens qui ne pensent pas comme lui […] Les commentaires inappropriés et intimidants du ministre doivent cesser », a déclaré Stéphane Bédard.

BARRETTE INVITÉ AU DIALOGUE

Sans être aussi sévères que l’ancien ministre Réjean Hébert, deux associations de cadres du réseau de la santé ont invité hier le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, à faire preuve de plus d’ouverture à la critique. 

En entrevue à La Presse, Me Anne-Marie Chiquette, de l’Association du personnel d’encadrement du réseau de la santé et des services sociaux (APER), a invité le ministre à un « dialogue ». « Il faut que le ministre accepte qu’il y ait des demandes provenant du milieu », dit-elle. 

«On veut pouvoir parler sans se faire dire qu’on est contre la réforme ou qu’on n’est pas bons. »

— Me Anne-Marie Chiquette

Pour Me Chiquette, le réseau de la santé est actuellement à « un moment crucial », et l’opinion des cadres et des acteurs du réseau doit être entendue. « On est pour la réforme. Mais elle n’a pas de sens telle quelle », indique-t-elle. 

La directrice générale de l’Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux, Carole Trempe, est du même avis. « La réforme est une bonne chose. Mais la façon dont le ministre la propose n’a pas de bon sens ! On laisse croire que la réforme va pouvoir se faire sans aucun gestionnaire. On aimerait être consultés. Chose certaine, on ne va pas se taire », a déclaré Mme Trempe.

— Avec La Presse Canadienne

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