Travailleuses étrangères

Au Québec pour améliorer leur sort

SAINTE-ANNE-DES-PLAINES — Mardi matin, 11 h. Une quarantaine de femmes s’activent dans les champs du producteur FraiseBec.

La journée est un peu frisquette. Ces femmes portent une casquette de baseball et sont vêtues d’un survêtement avec un capuchon. Et toutes sont chaussées de bottes de pluie.

Ces travailleuses « venues d’ailleurs » sont mexicaines et guatémaltèques ; elles sont arrivées il y a une semaine à peine chez le producteur agricole avec pour seul bagage une petite valise contenant quelques effets personnels et la photo de leurs enfants.

Il faut comprendre que ces travailleuses étrangères temporaires sont, pour la grande majorité, des mères seules. Elles viennent travailler au Québec pour améliorer leur sort et celui de leur famille.

Pendant cinq mois, en moyenne, elles vont besogner dans les champs jusqu’à six jours par semaine, 10 heures par jour, pour gagner un salaire variant de 14 000 à 18 000 $, avant les déductions à la source. Elles enverront la quasi-totalité de leurs chèques de paie à leur famille, qui en a grandement besoin.

« Ces travailleuses sont indispensables à la survie même de notre production », résume Isabelle Charbonneau, directrice des opérations chez FraiseBec, l’un des plus gros producteurs de fraises au Canada.

« Sans elles, nous cesserions nos activités du jour au lendemain ! »

— Isabelle Charbonneau, directrice des opérations chez FraiseBec

Ça fait bientôt 18 ans que la PME recrute de la main-d’œuvre étrangère temporaire pour travailler la terre et en récolter les fruits. Et ce sont essentiellement des femmes qui mettent en terre les plants qui vont produire le fruit rouge sucré et qui vont le récolter le moment venu. « C’est un choix qu’on a fait d’embaucher des femmes, explique Isabelle Charbonneau. Elles sont consciencieuses, fiables, et elles reviennent année après année. Il faut croire qu’elles sont bien traitées ! »

La fête des Mères

Mais ces travailleuses sont aussi des mères qui souffrent de ne pas voir leurs enfants de la mi-avril jusqu’en octobre.

« Je suis consciente qu’elles font des sacrifices en venant travailler chez nous alors que leurs enfants sont là-bas, entre les mains de leur mère, d’une tante, d’une connaissance. Plusieurs n’ont pas de mari ni de conjoint. »

— Isabelle Charbonneau

La directrice des opérations, qui a appris l’espagnol à leur contact, avoue s’être attachée à ces femmes « travaillantes ».

« Chaque printemps, quand elles arrivent chez nous, raconte-t-elle, c’est un événement dans le village. Et quand elles s’en retournent, c’est triste. Tout le monde pleure ! »

Dimanche prochain, ce sera la fête des Mères. « Je prévois leur faire une petite surprise pour rappeler que ce sont aussi des mères et que ça mérite d’être souligné », souligne Isabelle Charbonneau.

chiffres 

250

nombre de travailleuses étrangères agricoles au Québec 

10 000

nombre d’hommes travailleurs étrangers agricoles (Mexique et Guatemala)

21 semaines 

durée moyenne de travail par les travailleurs temporaires étrangers

source : FERME – avril 2017

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