Étude

Les personnes aux opinions extrêmes « ne savent pas quand elles ont tort »

Les gens qui ont des opinions politiques radicales sont incapables de prendre le recul nécessaire pour admettre qu’elles font fausse route, révèle une nouvelle étude britannique

Moins perspicaces

Placées devant des problèmes de logique simples, les personnes qui ont des opinions politiques radicales sont incapables d’admettre qu’elles ont fait un choix erroné – même sur des sujets qui n’ont rien à voir avec la politique. C’est ce que révèle une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’University College de Londres et publiée dans la revue scientifique Current Biology. « Les participants radicaux ont montré des niveaux inférieurs de perspicacité au sujet de l’exactitude de leurs décisions, écrivent les auteurs. Lorsqu’ils ont été informés qu’ils avaient tort, ils ont été moins enclins à changer leurs réponses. »

Plusieurs domaines

Max Rollwage, doctorant en neurosciences cognitives et psychiatrie computationnelle à l’University College de Londres et coauteur de l’étude, dit avoir été étonné par les résultats sur la « métacognition » des personnes radicales, c’est-à-dire la faculté d’avoir des pensées sur ses propres pensées. « Nous avons été surpris de voir que les personnes aux convictions radicales ne reconnaissaient pas leurs propres erreurs dans une tâche de prise de décision totalement indépendante de la politique, dit-il en entrevue. Cette différence est susceptible d’être présente dans plusieurs domaines. »

Droite et gauche

Dans leur étude, les chercheurs ont demandé à deux groupes d’environ 400 personnes de qualifier leurs opinions politiques. Ensuite, ils devaient accomplir une série de tests visuels consistant par exemple à déterminer lequel de deux rectangles présentés de façon intermittente sur un écran comprenait la plus grande concentration de points. Les participants devaient qualifier leur degré de certitude et étaient récompensés en fonction de l’exactitude de leurs réponses. Ils recevaient aussi une information « boni » leur donnant une meilleure idée de la bonne réponse. Résultat : les participants aux opinions politiques radicales – tant à droite qu’à gauche – affichaient des degrés « déraisonnablement élevés de confiance en leurs décisions incorrectes en comparaison des individus modérés ».

Nouvelles preuves

Pourquoi les personnes radicales ont-elles un degré de certitude aussi élevé ? « Une possibilité serait que la capacité à admettre de nouvelles preuves soit défaillante chez les personnes aux opinions radicales, dit M. Rollwage. La capacité qu’ont les gens à attribuer un degré de certitude approprié à leurs décisions (niveau élevé quand vous avez la bonne réponse et niveau bas lorsque vous avez tort) est importante pour prédire les changements d’opinion. »

Renforcer la métacognition

Les personnes aux opinions politiques radicales sont-elles condamnées à avoir une mauvaise métacognition ? En fait, on se trouve un peu devant la question de l’œuf et de la poule à cet égard, explique M. Rollwage. « Nous pensons qu’il pourrait y avoir des raisons d’être optimiste quant au potentiel d’amélioration de la métacognition. Des recherches de notre laboratoire indiquent que la métacognition peut être améliorée grâce à la pratique. Par conséquent, le renforcement de la métacognition peut en fin de compte contribuer à contrecarrer ou à prévenir les conceptions radicales. »

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