Incendie dans le Quartier chinois

Le spvm a ouvert une enquête criminelle

Un bâtiment patrimonial ayant abrité le premier cinéma au Canada et un immeuble voisin, dans le Quartier chinois, ont été complètement détruits par un violent incendie, hier. La propriété où les flammes ont pris naissance faisait l’objet de nombreuses réclamations.

Une enquête criminelle a été ouverte pour tenter de déterminer la cause du violent incendie qui a rasé un bâtiment patrimonial ainsi qu’un immeuble voisin, dans le Quartier chinois hier. Les rénovations à l’édifice vacant depuis des années où ont pris naissance les flammes avaient été suspendues en avril alors que la propriété faisait l’objet de nombreuses réclamations.

L’incendie a pris naissance vers 11 h 20 dans l’édifice Robillard, ayant abrité le premier cinéma au Canada, situé à l’angle de l’avenue Viger et du boulevard Saint-Laurent. Pas moins de 125 pompiers ont été dépêchés sur place pour combattre les flammes. Hier soir, l’incendie était complètement maîtrisé.

Le feu s’est rapidement propagé pour gagner la totalité du bâtiment de plusieurs étages. La toiture s’est effondrée sous l’assaut des flammes. Le panache de fumée noire était visible à des kilomètres à la ronde.

« À notre arrivée, on s’est mis en mode défensif pour freiner la propagation », a indiqué le chef aux opérations du Service de sécurité incendie de Montréal, Yvon Daunais.

Intervention à risque

Malgré leurs efforts, la chaleur du brasier a détruit en totalité un immeuble voisin de trois étages, qui abritait une bijouterie et un café. Le centre commercial situé du côté nord, la Swatow Plaza, a quant à lui été largement épargné. Il a surtout subi des dégâts d’eau. Seule une petite partie de sa toiture a été endommagée par les flammes.

L’intervention a été jugée à risque par les pompiers, puisque plusieurs planchers étaient déjà détruits et les murs dénudés. Cela pourrait avoir favorisé la propagation rapide des flammes, a estimé le chef Daunais.

Le responsable des travaux de rénovations de l’édifice Robillard, Roberto Labrie, a indiqué en entrevue à TVA que les travaux avaient été suspendus par la CNESST en avril après la découverte d’amiante dans les murs de l’immeuble. L’entrepreneur a rapporté la présence de nombreux produits explosifs, comme des bouteilles de propane, ce qui pourrait expliquer l’embrasement rapide de la structure. Plusieurs déflagrations ont d’ailleurs été entendues pendant que le feu faisait rage.

L’enquête a été transférée au SPVM. « Les enquêteurs vont se rendre sur la scène [ce] matin pour analyser ce qui est arrivé. On va rencontrer le propriétaire », a indiqué Jean-Pierre Brabant, porte-parole du corps policier. Le périmètre de sécurité devrait donc demeurer en place une bonne partie de la journée.

La nuit dernière, des pelles mécaniques devaient s’activer à démolir les restes de la structure incendiée. « Elles vont tout mettre à terre pour être sûr que les enquêteurs puissent se déplacer et travailler en toute sécurité », a ajouté M. Brabant. 

Propriétaire aux finances précaires

L’immeuble où les flammes ont pris naissance a fait l’objet de trois hypothèques légales depuis le début de l’année, pour un total de près de 400 000 $. La plus importante des trois a été inscrite par Revenu Québec, qui réclamait ainsi 305 000 $. Deux entrepreneurs en construction ayant effectué des travaux au bâtiment réclamaient quant à eux respectivement 69 000 et 18 000 $.

L’immeuble a été acheté en 2012 par une société à numéro, 7 783 043 Canada Inc., pour la somme de 2,7 millions. Cette entreprise appartient à une certaine Qin Zhu, selon sa fiche d’inscription au registre des entreprises. La femme d’origine chinoise ne vit toutefois pas à l’adresse apparaissant à son inscription, mais plutôt en Chine, a indiqué un occupant contacté par La Presse. Celui-ci a toutefois indiqué que Qin Zhu était de passage à Montréal, où elle réside à l’hôtel. « Elle sait que son bâtiment a brûlé et elle est triste, évidemment », a indiqué ce proche, qui a toutefois refusé de s’identifier.

L’opposition à l’hôtel de ville a dénoncé le laxisme de la métropole dans la surveillance des bâtiments patrimoniaux. L’édifice est vacant depuis au moins deux ans, mais n’apparaît pourtant pas au registre des bâtiments vacants de l’arrondissement de Ville-Marie.

« C’est le cinquième incendie d’un bâtiment patrimonial à Montréal cette année. C’est très préoccupant, s’est inquiétée la conseillère Anne-Marie Sigouin, de Projet Montréal. Il n‘y a pas de volonté politique pour le patrimoine, ça suffit, le laxisme à Montréal. »

 — Avec Hugo Meunier et Louis-Samuel Perron, La Presse

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