Reprises de finance

Bon à savoir

Davantage de propriétés délaissées

Au Québec, les délaissements de propriétés résidentielles au deuxième trimestre de 2016 ont augmenté de 23 % par rapport au deuxième trimestre de 2015 et de 39 % en comparaison de 2013. Pour ce qui est des préavis d’exercice, la première étape d’un processus de reprise, ils sont en hausse de 18 % par rapport à l’année dernière et de 28 % en comparaison à 2013.

114 %

C’est dans la région de Chaudière-Appalaches que l’augmentation des délaissements est la plus marquée avec 114 % sur trois ans. Quant aux préavis d’exercices, c’est en Abitibi-Témiscamingue où l’augmentation est la plus importante à 250 % sur trois ans.

77 : Peu importe la croissance observée, « il convient de préciser que les reprises de finance ne sont pas nombreuses ; à ce jour, tout type de propriétés confondues (résidentiel, commercial, industriel), on dénombre 77 reprises seulement en vente dans l’île de Montréal, précise le courtier Max-Philippe Bissuel. Aussi, depuis début 2016, 179 reprises, tous types confondus, ont trouvé preneur. C’est une très petite part du marché de la revente ».

Sources : ÉTUDE JLR, Rapport trimestriel sur le marché immobilier au Québec. Deuxième trimestre de 2016.

Reprises de finance

Pour acheteur averti seulement

Un minimum de connaissances en rénovation peut être très utile lorsque vient le temps d’arrêter son choix sur une reprise de finance appartenant à un prêteur hypothécaire. Et surtout, l’inspection professionnelle ne doit pas être négligée. Tour d’horizon.

LE PASSAGE DU TEMPS

Pascal Parent, président de l’Association des inspecteurs en bâtiment du Québec (AIBQ), ne s’en cache pas, ce type de propriété est parfois marqué par le manque d’entretien et le passage du temps, sans pour autant affirmer que c’est toujours le cas : « Les gens qui ont perdu leur maison parce qu’ils n’avaient plus d’argent ont aussi parfois eu tendance à moins l’entretenir, faute de moyens. »

Et même si les institutions financières font des efforts pour éviter la dégradation de la propriété, dans les cas où une maison ne trouve pas preneur rapidement et demeure inhabitée pendant une longue période, cela peut aussi entraîner quelques problèmes. Raison de plus pour l’acheteur potentiel de faire inspecter la maison par un professionnel. « Notre rôle est de détecter les malfaçons et les déficiences, qu’il s’agisse d’une maison vendue avec ou sans garantie légale », rappelle M. Parent.

LE RÔLE DU COURTIER

« Le courtier doit mettre en garde l’acheteur qui acquiert une propriété en reprise de finance. Souvent, ces propriétés sont vendues sans garantie légale. Dans ce cas, le courtier doit informer l’acheteur des conséquences sur ses droits futurs dans l’éventualité où un vice quelconque se manifesterait à la suite de l’achat », explique un porte-parole de l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ).

Selon la Loi sur le courtage immobilier, le courtier a l’obligation de recommander l’inspection du bâtiment, et ce, dès qu’il y a transaction immobilière. Et c’est particulièrement important dans le cas où l’immeuble est vendu sans garantie légale et où l’acheteur ne bénéficie d’aucune possibilité de recours ni d’indemnisation si un vice caché était découvert.

RABAIS ET RÉNOVATIONS

Parce qu’elles sont en mauvais état ou en vente depuis trop longtemps, certaines reprises de finances sont surprenantes par leur prix inférieur au marché. Un homme d’affaires de la Rive-Sud a acheté en 2009 une maison dont la valeur marchande s’élevait à 1,8 million de dollars. L’immense demeure, qui nécessitait d’importants travaux, était en vente depuis deux ans. Il a conclu la vente à 650 000 $. « Considérant le prix, les dimensions et la bonne condition de la structure de la maison, c’était pour moi une bonne affaire, même sans garantie », explique-t-il.

Il a mis quatre ans à exécuter les travaux de rénovation : « Je ne suis pas entrepreneur général, mais je suis à l’aise avec les projets de construction. À temps partiel, j’ai refait l’intérieur au complet. »

Il y a quelques années, à la suite d’un problème d’humidité, l’homme a découvert un vice caché : une infiltration d’eau dans la maison. « J’avais fait inspecter par un professionnel, mais on ne peut pas tout voir et je savais qu’il n’y avait aucun recours possible », assure-t-il en précisant qu’il ne regrette pas son choix pour autant.

COURIR LE RISQUE

En achetant sa première maison, le choix de Louis-Philippe David s’est arrêté sur une reprise de finance. « C’était exactement ce que je cherchais et ça correspondait bien à mon budget. J’ai pris une chance en faisant une offre basse qui a été acceptée », explique-t-il. La transaction a été conclue à un prix 30 % inférieur à ce qui était affiché.

Conscient des risques que cela impliquait, M. David n’a pas fait appel à un inspecteur en bâtiment. « Mon père connaît bien la construction, nous avons soigneusement inspecté la maison et, mis à part quelques rénovations évidentes à faire, il ne semblait pas y avoir de travaux majeurs à prévoir », poursuit le propriétaire. Dix ans plus tard, son achat ne lui a pas occasionné de mauvaise surprise.

ET SI TOUT BASCULE ?

Parfois, de telles transactions peuvent carrément tourner au cauchemar. La découverte d’un vice caché important est un exemple. Si les expériences positives sont nombreuses, les négatives le sont aussi, même si peu de gens acceptent d’en parler ouvertement. Considérant que pour bien des gens, l’achat d’une maison est une des transactions les plus importantes qu’il est possible de faire, il est tout à fait compréhensible que certains acheteurs rejettent systématiquement ce genre de propriété.

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