Galerie Art-à-Porter

Se couvrir d’art

Dire que la mode est un art n’est pas nouveau. Les Montréalais derrière le concept Art-à-porter déclinent néanmoins cette idée d’une manière fraîche avec la mise en ligne d’une boutique où il est possible de se procurer des vêtements haut de gamme à tirage limité (et par conséquent numéroté), sur lesquels sont soigneusement reproduites des œuvres d’artistes contemporains venus de tous les coins du globe.

L’artiste, sa démarche et son œuvre sont au cœur du concept piloté par Thierry Charlebois et Louis Moreau, aussi derrière la marque Against Nudity. « On ne vend pas des vêtements, on vend de l’art », insiste d’ailleurs Thierry Charlebois. Les créateurs sélectionnés par ce galeriste nouveau genre sont d’ailleurs des artistes « établis », assure-t-il, ce qui signifie que plusieurs d’entre eux ont exposé dans des galeries officielles.

Puisque l’art visuel et sa logique commerciale sont au cœur du concept, Art-à-porter lui emprunte également son langage : les clients sont rebaptisés « collectionneurs », chaque nouvelle collection est appelée une « exposition », l’entreprise aura des commissaires invités et la boutique en ligne, en toute logique, est une « galerie ».

Cinq expositions sont en ligne à compter de ce matin, dont celle placée sous la direction artistique de Jealous Curator (pseudonyme de l’auteure et blogueuse Danielle Krysa) qui mise sur des œuvres en noir et blanc et la technique du collage. Elle a notamment sélectionné des œuvres de JD Doria (Israël), Monica Trastoy (Espagne) et Erin Case (États-Unis). La Canadienne Zoë Pawlack a quant à elle droit à sa propre exposition de 20 œuvres sur t-shirt, chemise, cravate, blouse, robe et legging.

IMPRESSION HAUTE DÉFINITION

Le transfert de l’œuvre d’art est réalisé selon une technique appelée impression haute définition par sublimation.

« Il fallait qu’on puisse travailler à 360 degrés et que les lignes puissent se poursuivent au-delà des coutures. »

— Thierry Charlebois

L’entreprise de Thierry Charlebois a mis beaucoup d’effort pour tester des techniques de reproduction de haute qualité et le développement de tissus qui lui sont propres.

Les designers maison font « le moins possible » d’intervention sur l’œuvre originale. L’essentiel de ce travail consiste à ajuster les couleurs et à étudier le positionnement de l’œuvre afin qu’elle soit mise en valeur sur son nouveau canevas à porter. Chaque pièce vendue par Art-à-porter, à des prix oscillant souvent entre 120 $ et environ 200 $, est d’ailleurs garantie à vie.

Thierry Charlebois et ses partenaires, qui disent avoir investi près de 1 million dans cette entreprise, envisagent de mettre en ligne une nouvelle exposition toutes les deux semaines pour le moment. Chaque exposition s’attardera au travail d’un artiste et comptera entre 6 et 10 œuvres (tirées à 10, 50, 200, jusqu’à 500 unités), sauf dans les cas où la galerie fera appel à des commissaires invités. Une section entière du site est par ailleurs consacrée aux artistes désireux de soumettre leurs œuvres. Les collectionneurs pourront voter pour les démarches artistiques qui les interpellent le plus.

Les pièces d’Art-à-porter ne sont vendues que dans la galerie virtuelle. « On n’exclut pas d’avoir des galeries physiques un jour, dit Thierry Charlebois, qui n’est toutefois pas à l’aise avec l’idée de voir les œuvres conçues à Montréal dans des boutiques traditionnelles. On ne vend pas des vêtements, on vend de l’art. Il faut contrôler l’environnement pour préserver l’image de marque. »

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