DONALD BRASHEAR

Le dur à cuire devenu homme d’affaires

Donald Brashear continuera fort probablement à vendre ses bâtons de hockey « Brash87 », sans l’aide des « Dragons ».

L’ancien dur à cuire du Canadien a fait une apparition remarquée la semaine dernière à la version canadienne de l’émission, sur les ondes de CBC. Trois dragons, Jim Treliving, Michael Wekerle et Manjit Minhas, lui ont offert un investissement de 500 000 $ en échange de bénéfices de 40 %.

« J’ai participé à l’émission pour la publicité d’abord. Je voulais obtenir une entente avec eux pour que les gens voient l’intérêt pour mes produits. J’ai l’impression que je vais continuer seul. »

En 15 saisons et plus de 1000 matchs dans la LNH, Brashear a tout de même obtenu plus de 15 millions en salaire. « L’argent, je n’en ai pas besoin. Je peux prendre le mien. Ç’a été une belle expérience et ça a fait connaître mes bâtons. »

Brashear a quitté la Ligue nationale de hockey en 2010. Il a joué quelques saisons dans la Ligue nord-américaine, tout en mijotant quelques projets pour son après-carrière. C’est lorsqu’il a dû commencer à payer lui-même pour ses bâtons il y a quelques années que l’idée d’en fabriquer a surgi.

« Les bâtons qui ressemblaient à ceux que j’utilisais quand je jouais coûtaient 300 $. Je trouvais ça très cher. Je savais déjà combien ça coûtait pour en fabriquer. Je me suis dit que je pourrais peut-être lancer ma propre compagnie. »

DUR À CUIRE... CAPABLE DE MARQUER

Brashear a fait des tests avec plusieurs manufactures avant de trouver la perle rare.

« J’ai eu des bâtons dans les mains pas mal tous les jours pendant 20 ans. On a joué avec toutes les sortes de bâtons. J’essayais les bâtons et je comparais. J’ai été chanceux finalement de trouver la bonne manufacture. »

En deux ans, grâce au « bouche à oreille », Brashear a vendu entre 5000 et 10 000 bâtons. Les ventes sont directes, du patron au client.

« Je joue au hockey tous les jours, parfois deux fois par jour, et j’emmène toujours mes bâtons à l’aréna pour en vendre. Je suis en forme... »

— Donald Brashear

Brashear aimerait qu’on retienne de lui qu’il était un dur à cuire capable de jouer au hockey. Il n’a pas tort.

À sa première année dans la Ligue américaine au sein du club-école du Canadien, en 1993-1994, il a obtenu 38 buts et 66 points en 62 matchs, un total largement supérieur à ceux de Turner Stevenson et de Lindsay Vallis, des choix de premier tour.

Ignoré au repêchage, ce colosse de 6 pi 3 po et 240 lb a passé trois saisons dans l’organisation du Canadien, avant d’être échangé aux Canucks de Vancouver à la suite d’une algarade avec l’entraîneur Mario Tremblay.

« J’ai eu la chance de m’établir dans la Ligue nationale à Vancouver. Par la suite, à Philadelphie, j’étais un vétéran et j’avais un rôle important avec une équipe. Je jouais sur le troisième trio contre les gros trios. Contre Pittsburgh, il fallait surveiller Mario Lemieux et Jaromir Jagr, c’était assez impressionnant pour moi, mais c’était le fun, le challenge. »

MARTY McSORLEY

Malgré son rôle spécifique de dur à cuire, Brashear a compté 85 buts en carrière dans la LNH. Il a connu deux saisons de 25 points ou plus.

« J’aurais aimé scorer un peu plus, j’avais les atouts pour, je ne sais pas si j’ai eu la chance de le faire. »

— Donald Brashear

On se souvient aussi de Brashear comme de la victime de Marty McSorley. Le 21 février 2000, le dur à cuire des Bruins de Boston a assommé Brashear en lui assénant un violent coup de bâton à deux mains à la tempe. McSorley a écopé d’une longue suspension et n’a plus jamais joué par la suite.

Brashear a poursuivi sa carrière pendant plusieurs saisons, mais il dit ne plus avoir été le même.

« J’ai raté 25 matchs et l’incident te suit toujours un peu. Il y a eu des séquelles. J’ai perdu un peu de ma vision périphérique. J’anticipais un peu moins bien par la suite. Je perdais une fraction de seconde sur la glace. Je ne retenais plus l’information à cause des pertes de mémoire. »

Il se souvient des moments qui ont précédé l’événement. « Je me rappelle m’être fait assommer. Heureusement, je me sens bien aujourd’hui, malgré quelques pertes de mémoire à l’occasion. »

A-t-il reparlé à son agresseur depuis ? « Non. Est-ce que je lui ai pardonné ? Ça ne me dérange pas, je m’en fous... »

Brashear a lui-même été l’agresseur à d’autres occasions. En 2011, il a frappé un adversaire de la Ligue nord-américaine de hockey dans le stationnement de l’amphithéâtre, après un match. Son geste lui a valu une poursuite judiciaire. Il a aussi été suspendu six matchs par la Ligue nord-américaine quelques années plus tard pour avoir frappé Gaby Roch par-derrière.

« Même si je voulais revenir en arrière, les incidents sont arrivés parce qu’ils sont arrivés. On voudrait toujours changer les choses, mais la vie, c’est ça. J’ai eu des émotions, tout le monde en a. Il faut apprendre des événements et devenir de meilleures personnes. »

En plus de son entreprise, Brashear est un père de famille actif.

« Mon plus jeune joue au hockey. Il est en secondaire deux à l’Académie Saint-Louis en sports-études. Mon plus vieux de 14 ans joue au basketball, en secondaire quatre au Quebec High School. Ma petite fille a 2 ans et ma blonde a deux autres enfants. On a une grosse famille, c’est du sport ! »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.