Élections municipales 2017

Femmes en élections

Elles seront 127 sur la ligne de départ aujourd’hui, en hausse de 5 % par rapport aux élections municipales de 2013 à Montréal. Elles se nomment Giannou, Colin, Callender, Casimir, Wong, Vilain, Parent, Jimenez, Fortin, Chappaz… Pour la plupart jeunes, mères, militantes, issues de l’immigration et débutantes en politique. Portraits de 10 candidates qui n’ont pas la langue dans leur poche et qui rêvent de changer le monde, un règlement à la fois. UN DOSSIER DE SUZANNE COLPRON

Premiers pas

Qu’elles soient nées ici ou à l’étranger, ces candidates ont trois points en commun. Le premier : elles sont des femmes dans un monde dominé par les hommes. Le deuxième : elles sont très impliquées dans leur communauté. Le troisième : elles font leurs premiers pas en politique municipale.

Effie Giannou

Âge : 37 ans

Poste convoité : conseillère de la ville dans Bordeaux-Cartierville

Parti : Équipe Denis Coderre

Effie Giannou est une spécialiste des communications. Elle a travaillé pour le Groupe Aldo et Du Proprio avant de fonder sa propre boîte, EGS. C’est la première fois qu’elle se présente en politique municipale. Le déclencheur : Harout Chitilian, vice-président du comité exécutif de l’administration sortante. « Harout est un leader progressiste avec qui je veux travailler », dit-elle. Née d’un père grec et d’une mère québécoise, Effie Giannou habite dans Bordeaux-Cartierville depuis toujours. « J’adore ce quartier », confie cette mère de deux jeunes enfants de 5 et 6 ans. « C’est près de l’autoroute 15, de L’Acadie et à 20 minutes du centre-ville. » Ses priorités, si elle est élue : la sécurité des piétons et la création de serres éducatives pour les jeunes. « Je trouve important d’assurer la sécurité des rues et de mieux soutenir les commerces de proximité. »

Daphney Colin

Âge : 43 ans

Poste convoité : conseillère de la ville à Rivière-des-Prairies– Pointe-aux-Trembles

Parti : Projet Montréal

Daphney Colin est une fille de Pointe-aux-Trembles. C’est là qu’elle est venue au monde et c’est là qu’elle élève ses trois enfants : un ado de 15 ans et deux filles de 3 et 5 ans. Ex-agente de renseignement au Service canadien du renseignement de sécurité (SRCS) et avocate spécialisée en droit criminel dans un cabinet du centre-ville, Daphney se déplace presque toujours en transports en commun. Pointe-aux-Trembles, dit-elle, offre le meilleur des deux mondes : la vie de banlieue en ville. Il y a beaucoup d’espaces verts et le fleuve est à proximité. Le problème, c’est les transports. « De chez moi au métro Honoré-Beaugrand, ça prend 40 minutes, précise-t-elle. Il y a un gros potentiel de développement pour les jeunes familles, mais il faut rendre l’arrondissement plus agréable. » Tous les élus de son arrondissement portent les couleurs d’Équipe Denis Coderre. Permettra-t-elle à Projet Montréal de faire une première percée ? Elle croit en ses chances.

Tiffany Callender

Âge : 35 ans

Poste convoité : conseillère de la ville dans Côte-des-Neiges– Notre-Dame-de-Grâce

Parti : Équipe Denis Coderre

Mère de trois jeunes enfants de 2, 6 et 9 ans, Tiffany Callender est née, a grandi et habite dans le quartier Côte-des-Neiges. Ses parents, originaires de la Barbade, sont arrivés au Québec en 1976. « La conciliation travail-famille, c’est ma vie », dit-elle. Depuis 2013, cette candidate de 35 ans dirige l’Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges. « Faire de la politique municipale est une autre façon de contribuer au développement du quartier. » C’est Russell Copeman, membre du conseil exécutif de la ville, qui l’a convaincue de faire le saut avec Équipe Denis Coderre. « Nous avons eu de longues discussions, confie-t-elle. Je voulais savoir comment je pouvais continuer à avoir un impact. » La famille, la sécurité et l’accès aux services sont au cœur de ses préoccupations.

Stéphanie Casimir

Âge : 47 ans

Poste convoité : conseillère d’arrondissement à Montréal-Nord

Parti : Projet Montréal

Née en Haïti, Stéphanie Casimir est arrivée au Québec à l’âge de 5 ans. Elle a fait des études en journalisme à l’Université du Québec à Montréal et travaillé dans des médias communautaires et privés. Depuis qu’elle est toute jeune, elle s’intéresse à la chose politique. « Je me suis toujours beaucoup impliquée, assure-t-elle. C’est une graine qu’on a mise en terre. Un jour, on voit la tige qui sort. » Mme Casimir a posé ses valises à Rosemont, Saint-Michel, Saint-Léonard, Outremont, Notre-Dame-de-Grâce et Anjou avant d’opter, il y a neuf ans, pour le quartier où elle se présente aux élections. Ses priorités : les aînés et la salubrité des logements. « J’ai à cœur la solitude des aînés. En Haïti, on est habitués à vivre les uns avec les autres, les jeunes avec les vieux. Le Québec gagnerait à développer une culture semblable. Je veux proposer aux écoles des projets pour créer des ponts entre les générations. »

Cathy Wong

Âge : 32 ans

Poste convoité : conseillère de la ville dans Ville-Marie

Parti : Équipe Denis Coderre

Juriste et militante féministe, Cathy Wong avait le choix :  Projet Montréal ou Équipe Denis Coderre. Les deux partis l’ont courtisée. Elle a opté pour le parti du maire Coderre, un maire qu’elle a appris à connaître au cours des quatre dernières années. Le Conseil des Montréalaises, dont elle assurait la présidence jusqu’à récemment, a pour mission de conseiller les élus municipaux sur les dossiers qui peuvent avoir un impact sur les conditions de vie des femmes. « Ça fait longtemps que la chose politique m’intéresse, indique-t-elle. Je me suis demandé où je pouvais continuer à m’impliquer pour avoir un impact et j’ai choisi le municipal. » A-t-elle des chances de gagner ? « Je suis plutôt optimiste, répond-elle. Mais je ne tiens rien pour acquis. C’est une course à cinq. » Dans Peter-McGill, où elle se présente, les enjeux sont l’accès aux logements familiaux et sociaux, les espaces verts, les commerces, les écoles primaires et la sécurité.

Maeva Vilain

Âge : 36 ans

Poste convoité : conseillère d’arrondissement dans le Plateau-Mont-Royal

Parti : Projet Montréal

Maeva Vilain n’avait encore jamais présenté sa candidature, mais elle a travaillé pendant des années comme attachée politique pour Alexandre Boulerice, député de Rosemont–La Petite-Patrie et lieutenant politique du Nouveau Parti démocratique au Québec. Elle a pris un congé sans solde, au début du mois d’août, pour mener sa campagne électorale. En 2004, cette Française devenue citoyenne canadienne en 2011 est venue passer deux semaines au Québec. Elle a trouvé un boulot et un mari, et n’est plus repartie. « C’est Valérie Plante qui m’a donné le goût de me lancer en politique », dit cette mère de deux enfants de 4 et 7 ans. « Je la trouve très inspirante, très positive. J’aime aussi beaucoup le travail de Luc Ferrandez, que j’ai connu, il y a quatre ans, dans une assemblée de cuisine. » Les dossiers qui lui tiennent à cœur ? L’environnement et la conciliation travail-famille.

Marie-Josée Parent

Âge : 34 ans

Poste convoité : conseillère de la ville à Verdun

Parti : Équipe Denis Coderre

Enceinte de cinq mois, Marie-Josée Parent a pris un congé sans solde de l’organisme qu’elle dirigeait, DestiNATIONS, Carrefour international des arts et cultures des peuples autochtones, pour se lancer en politique avec le maire Coderre. Elle va tenter de succéder à Manon Gauthier, qui ne sollicite pas de nouveau mandat dans Verdun. Sa mère est d’origine acadienne et son père, mort quand elle avait 13 ans, était membre de la communauté mi’kmaq. « J’ai été élevée dans cette culture, avec ces valeurs et cette vision du monde », dit-elle. Marie-Josée Parent a grandi à Gatineau jusqu’à l’âge de 13 ans. À la mort de son père, elle est partie à Paris avec sa mère, où elle a vécu pendant six ans. Elle a étudié en philosophie et en histoire de l’art. Depuis un an et demi, c’est le projet de réconciliation de la Ville de Montréal qui l’occupe à temps plein. « Denis Coderre a une compréhension des enjeux autochtones qui n’est pas donnée à tous. »

Yasmina Jimenez

Âge : 33 ans

Poste convoité : conseillère de la ville à LaSalle

Parti : Projet Montréal

Coach d’affaires depuis cinq ans, Yasmina Jimenez est candidate à l’élection municipale dans LaSalle. Si elle est élue, ce sera aussi une première victoire pour Projet Montréal dans cet arrondissement de 77 000 habitants, où deux citoyens sur cinq sont nés à l’extérieur du Canada. « L’Équipe Denis Coderre ne représente pas ce que je veux, tranche-t-elle. Out of question ! » Elle habite à LaSalle depuis 10 ans avec son mari et ses trois enfants de 5, 8 et 12 ans. « C’est difficile de se déplacer dans notre quartier en transport public, dit Mme Jimenez. C’est vraiment une priorité de faciliter les déplacements. On veut aussi attirer de nouvelles familles et développer du logement plus abordable. On perd des résidants qui vont à Saint-Constant, Delson, Châteauguay ou Laval pour acheter leur première maison. » Mme Jimenez est née à Algésiras, dans le sud de l’Espagne. Sa mère est Espagnole et son père, Marocain. « Je suis ici chez moi. »

Nathalie Fortin

Âge : 50 ans

Poste convoité : conseillère de la ville dans Rosemont– La Petite-Patrie

Parti : Équipe Denis Coderre

Nathalie Fortin avait le goût de la politique. Le goût d’aller voir comment ça se passe « de l’autre côté de la clôture ». Depuis 20 ans, elle œuvre dans le milieu communautaire. Elle a pris un congé sans solde de son boulot de directrice d’une table de concertation de quartier pour faire campagne avec Équipe Denis Coderre dans Rosemont–La Petite-Patrie. Le poste qu’elle convoite est occupé par Guillaume Lavoie, qui a décidé de quitter la politique municipale après avoir perdu la course à la direction de Projet Montréal. Mère d’une fille de 28 ans, Mme Fortin se définit comme « une fille d’action, assez pragmatique ». « J’ai été approchée par Projet Montréal et par Équipe Denis Coderre, mais j’ai opté pour Équipe Denis Coderre parce que je pense que je vais pouvoir passer plus vite à l’action », explique-t-elle. Les dossiers qui l’intéressent sont le logement, l’environnement, l’agriculture urbaine et la participation citoyenne. Entre autres choses.

Michèle Chappaz

Âge : 50 ans

Poste convoité : mairie de Verdun

Parti : Projet Montréal

Elle se présente contre le maire sortant Jean-François Parenteau, élu en 2013 avec une majorité de 560 voix. Verdun est sa ville d’adoption depuis cinq ans. Née à Moncton, au Nouveau-Brunswick, Mme Chappaz a passé sa jeunesse à Québec dans une famille immigrée. Elle a fait des études en psychologie et en éducation spécialisée avant de travailler dans le milieu communautaire : Partageons l’espoir, COCo, Centre de prévention des agressions de Montréal… Elle s’intéresse aux questions de sécurité, d’égalité hommes-femmes, d’environnement, de pauvreté et de discrimination. Que ferait-elle si elle était élue ? « J’aimerais favoriser les consultations publiques, rétablir les commissions locales sur différents sujets, améliorer l’état des infrastructures et l’entretien de base de Verdun », répond-elle.

Le yoyo des élections

À Montréal et ailleurs au Québec, le nombre de femmes candidates aux élections municipales monte et descend au gré des scrutins.

« Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la progression des femmes est lente et non linéaire, affirme Esther Lapointe, directrice générale du groupe Femmes, politique et démocratie. Les gens qui disent que la parité hommes-femmes va se faire toute seule se trompent. Ce n’est pas comme ça que ça marche. Il y a des reculs. »

Prenons l’exemple de Laval. Aux élections municipales de 2009, 47,6 % de femmes briguaient des postes de conseillères. En 2013, ce pourcentage chutait à 29,3 %, avant de remonter à 41,6 % cette année.

Même phénomène sur la Côte-Nord, où on note cette année un recul de 2,3 % des candidatures féminines par rapport à l’élection de 2013. Elles sont passées de 30,7 % à 28,4 %.

À Montréal, toutefois, on observe une hausse constante des candidates depuis 2009. De 33 %, lors des élections de 2009, elles sont passées à 37,7 % en 2013 et à 43 % cette année.

« Elles ne sont pas seulement plus nombreuses, elles sont aussi très engagées », fait remarquer Nathalie Fortin, qui se présente comme conseillère de ville avec Équipe Denis Coderre dans Rosemont–La Petite-Patrie. « Les candidates que je côtoie sont toutes des femmes avec des têtes fortes. Il n’y a pas de petites souris. Pas une seule femme-poteau. »

Esther Lapointe, du groupe Femmes, politique et démocratie, est convaincue d’une chose : « Ça prend des modèles. » « Quand Valérie Plante et Anne Guérette affrontent des maires tout-puissants comme Denis Coderre ou Régis Labeaume, ça envoie des messages très forts et ça incite les femmes à aller en politique », croit-elle. Plus il y aura de femmes dans des postes clés, plus il y aura de candidatures féminines.

127

Sur les 294 candidats qui se présentent aux élections du 5 novembre à Montréal, on compte 127 femmes. Une femme, contre sept hommes, brigue la mairie : Valérie Plante. Si Mme Plante est élue, elle sera la première mairesse de Montréal.

3

Pour la première fois, la course à la mairie de Longueuil oppose trois femmes et pas un seul homme :  Sylvie Parent, Josée Latendresse et Sadia Groguhé.

38 %

À Longueuil, 23 femmes et 37 hommes se présentent aux élections. Les femmes représentent 38 % des candidatures.

41,6 %

À Laval, ce pourcentage grimpe à 41,6 % : 34 femmes sur un total de 82 candidatures, selon les derniers chiffres fournis par l’administration lavalloise.

17 %

Seulement 17 % des villes du Québec étaient dirigées par une mairesse avant le déclenchement des élections. Les femmes occupaient 32 % des postes de conseillères. Cette année, 20 % de femmes briguent les postes de mairesse et 33 % de conseillères de la ville, selon les données du ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT).

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