Voile  Clipper Round the World Yacht Race

Une première étape riche en émotions

Parti de Liverpool à bord du bateau Visit Seattle, le 20 août dernier, Simon DuBois a posé le pied dans la ville uruguayenne de Punta del Este, le week-end dernier. La première étape de la Clipper Round the World Yacht Race, d’une distance de 9978 kilomètres, a été riche en apprentissages pour le comptable québécois, passionné de navigation.

« J’ai moins peur de l’Atlantique qu’avant. Il y a eu des jours où les conditions étaient rock’n’roll, mais tout était gérable. Je n’ai pas eu de grande surprise, mais cinq semaines en bateau, c’est long », a-t-il raconté en entrevue, hier matin.

« On a passé huit jours sans voir personne. Il n’y avait aucun bateau, aucun cargo, aucun animal. On était vraiment seuls au monde. »

Dans l’immensité et la solitude de l’océan Atlantique, DuBois a reconnu avoir vécu les « pires 24 heures de [s]a vie ». À quatre ou cinq jours de l’arrivée, le reste de l’équipage et lui ont été confrontés à une série de soucis – dont une drisse sectionnée et des voiles déchirées ou tombées à l’eau, qui les ont fait glisser au classement.

En fin de compte, Visit Seattle a terminé au 10e rang parmi les 12 bateaux engagés.

« On a calculé que 11 évènements majeurs ont eu lieu avec de nouveaux problèmes toutes les trois heures. Ça n’arrêtait juste plus. »

— Simon DuBois

« Du coup, on n’avait plus le plan de voile pour lutter avec le reste de la flotte et on voyait chaque concurrent nous dépasser un à un, a expliqué l’Estrien. Il y avait de la déception, mais aussi de la frustration. Des alertes avaient été émises, disant qu’on poussait un peu trop la machine pour les voiles. Ça n’a pas forcément été entendu jusqu’à ce qu’elles commencent à se briser. »

DuBois, qui a fêté ses 30 ans au cours de cette traversée, a joué un rôle névralgique au sein de l’équipage. Compte tenu de ses expériences passées et de son tempérament compétitif, la skipper, Nikki Henderson, l’a choisi comme l’un des deux chefs de quart. Gestion humaine et compétences techniques ont rythmé les journées et les nuits de celui qui était aussi responsable de l’accastillage, c’est-à-dire des équipements sur le pont.

« Je dois m’assurer de la sécurité de tous les membres, que tout le monde se lève à la bonne heure et que le bateau avance convenablement. Quand Nikki dort, c’est moi qui prends le contrôle du bateau. J’ai une approche très collaborative, sauf dans l’urgence où il faut être beaucoup plus directif.

« Mais c’est extraordinaire d’être capable de ramener tout le monde vers le même objectif sans qu’il y ait des conflits, a-t-il ajouté. Oui, il y a eu des désaccords, mais on est restés soudés malgré les péripéties. Ça n’a pas forcément été le cas pour le reste des équipes. »

Le baptême de l’équateur

Durant les cinq semaines, les moments de fatigue et de stress ont parfois cédé leur place à des moments plus cocasses.

La première traversée de l’équateur est toujours l’occasion d’organiser une petite cérémonie qui, dans ce cas-ci, a eu le don d’alléger l’atmosphère au moment où la fatigue s’accumulait. « C’est très symbolique, mais c’est super rigolo. Les chefs de quart ont été momifiés avec du papier toilette et baptisés avec une cuillère de gruau sur la tête », a-t-il décrit.

« On s’est fait de faux tatouages temporaires de tortue, qui est un peu le symbole de la traversée. Durant la traversée, on a profité des moments plus calmes pour se détendre parce qu’on ne peut pas être à fond pendant cinq semaines. Par exemple, on faisait des jeux ou des questionnaires. »

Sur la terre ferme depuis le 23 septembre, DuBois ne s’est pas trop éloigné du bateau. Il y a bien eu des visites, des cérémonies et des obligations médiatiques, mais Visit Seattle exigeait, on l’a vu, de nombreuses réparations.

Le compte à rebours est lancé puisque la deuxième étape conduira les bateaux vers Le Cap, en Afrique du Sud, à partir du 4 octobre.

Dans cette portion de la course qui ne devrait pas durer plus de deux semaines, DuBois préconise une navigation « plus intelligente » afin d’éviter un nouvel enchaînement de problèmes. « J’ai hâte. Je suis prêt à tourner la page, je veux retourner sur la mer, je veux foncer et je veux faire de meilleurs résultats. »

Lancée en 1996, la Clipper Round the World Yacht Race est une course à étapes bisannuelle ouverte aux amateurs. À bord de bateaux identiques fournis par l’organisation, les équipages se rendront maintenant en Afrique du Sud, en Australie, en Chine, aux États-Unis, au Panamá, avant un retour au Royaume-Uni. DuBois a fait le pari de disputer l’intégralité de la course qui s’étirera jusqu’à l’été prochain.

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