Montréal 375

Que sont les « Montréalistes » devenus ?

Quelles sont les familles d’aujourd’hui qui descendent directement des premiers arrivants à Montréal ? Étonnamment, il n’y en a qu’une poignée. Parmi leurs descendants : Hillary Clinton. Coup d’œil sur les premiers « Montréalistes » (comme on les appelait à la fondation de Ville-Marie – le gentilé «Montréalais» n'ayant été adopté qu'en 1859) avec l’historien et généalogiste Marcel Fournier qui se passionne pour le sujet.

Quelles sont les premières familles de Montréal ?

Les Descaries. Les Gadois. Les Hébert. Les Prud’homme. Les de Repentigny. Telles sont les seules familles réputées avoir une descendance directe jusqu’à nos jours. Du côté masculin, s’entend. Mais Marcel Fournier, historien et généalogiste précise que « d’autres pionniers comme Antoine Damien, Nicolas Godé et Gilbert Barbier ont laissé une postérité assurée par leurs filles ». Et pas la moindre des filles : Hillary Clinton, qui descend justement de Nicolas Godé, qui était originaire d’Igé, en France.

Comment expliquer que si peu de familles descendent jusqu’à nos jours ?

La chose s’explique par l’idée derrière la fondation de Montréal, celle d’une communauté de Français et d’Amérindiens qui cultiveraient la terre sans la posséder et qui vivraient en frères et sœurs unis par la charité chrétienne. Une commune avant l’heure, quoi, version chaste ! Résultat : le plus souvent, Montréal, on ne faisait qu’y passer, sans s’y établir. Une fois le contrat d’engagé de trois ans accompli, les premiers arrivants repartaient dans la majorité des cas.

Et ceux qui restaient ?

Pour ceux qui restaient, la mort guettait. Quand ils n’étaient pas tués par des Iroquois, les pionniers étaient nombreux à mourir noyés dans le fleuve. « C’étaient là les deux causes de décès les plus communes des pionniers, dit M. Fournier. Les gens ne savaient pas nager et les petits canots d’écorce, ce n’était pas très fiable… » Le destin de Nicolas Godé, l’ancêtre de Hillary Clinton témoigne des périls qui guettaient ces gens. Les Iroquois le tueront à coups de fusil alors qu’il réparait le toit de sa maison et ils lui arracheront la peau de la tête. Sa femme, elle, a eu plus de chance : à une époque où on avait tôt fait d’être achevé par un simple rhume ou une infection, elle vivra jusqu’à 100 ans.

Qui étaient-ils ?

Si l’on ne tient pas compte des engagés dont le métier est inconnu, plus du tiers des 88 personnes présentes à Montréal en 1642 et 1643 étaient des défricheurs, des agriculteurs ou des artisans. « Les charpentiers étaient nécessaires, sinon indispensables, pour la construction du fort et des premières habitations, explique M. Fournier. Ces engagés ont été essentiellement recrutés dans le port de La Rochelle, qu’ils fréquentaient dans l’espoir qu’on leur donne quelque petit boulot. Pour le reste, voici le décompte fait par M. Fournier : 

Occupation

Métiers de la terre 6

Artisans et gens de métier 2

Militaires 1

Marins et gens de mer 2

Petits métiers 3

Administrateur 1

Nobles 6

Chirurgiens 2

Migrantes 6

Enfants 3

Religieux 5

Engagés sans plus de précision 31

Qui étaient-elles ?

M. Fournier note qu’il n’était pas prévu que des femmes soient des premiers départs, mais « cinq intrépides se sont présentées à l’embarquement à La Rochelle et à Dieppe en 1641 ». Il s’agit de Françoise Gadois, de Françoise et de Mathurine Godé, de Catherine Lezeau et de Jeanne Mance. Quatre autres femmes suivront en 1642 et, en 1643, deux autres femmes. Sur ces 11 femmes, seules 4 finiront par s’établir à Montréal.

Marcel Fournier a écrit en 2013 l’ouvrage Les premiers Montréalistes 1642-1643, Les origines de Montréal, dont l’éditeur est la Société de recherche historique Archiv-Histo Inc.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.