États-Unis

Des défis et des pièges

Donald Trump s’est donné un plan pour les 100 premiers jours de sa présidence, promettant à la fois d’effacer l’héritage de Barack Obama, de nettoyer Washington, de relancer l’emploi et de reprendre les négociations sur le libre-échange. Cet agenda pourrait cependant être affecté par l’actualité. Quels sont les défis et les pièges auxquels le nouveau président devra faire face ?

Élisabeth Vallet Professeure en géographie, directrice de l’Observatoire de géopolitique et chercheuse en résidence à l’Observatoire des États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal

Défi : Composer avec la montée de la Chine

« En promettant de se retirer du Partenariat transpacifique, il libère la Chine de ses chaînes. Le partenariat allait renforcer les liens entre les États-Unis et les voisins immédiats de la Chine. Ces derniers n’auront pas le choix de se tourner vers l’empire du Milieu pour faire des affaires. »

Défi : Freiner l’ascension de la Russie

« En Syrie, la Russie devient un acteur principal alors que les États-Unis sont à l’écart. Aux Nations unies, la Russie va continuer à influencer le vote. Petit à petit, le pays s’impose comme puissance au Moyen-Orient et pourrait éventuellement prendre le devant de la scène au niveau mondial avec la Chine. »

Piège : Laisser cours à sa personnalité

« Il va créer des problèmes en tweetant à droite et à gauche. S’il réagit avec une telle véhémence à un discours de Meryl Streep, comment réagira-t-il dans un dossier ultrasensible ou secret ? »

Louis Balthazar, professeur émérite de science politique à l’Université Laval, spécialisé en politique américaine

Défi : Nationaliser l’économie sans faire enrager ses partenaires

« Donald Trump a en tête de nationaliser l’économie américaine, mais un des défis sera la réaction des autres pays à des mesures protectionnistes. Est-ce que des tarifs seront imposés ? Assistera-t-on à une grande guerre commerciale ? Une chose est certaine, les Chinois ne laisseront pas Trump dicter leur conduite. »

Défi : Amadouer la résistance républicaine

« Plusieurs républicains pourraient mettre du sable dans l’engrenage, notamment pour freiner l’abolition de l’Obamacare. Il s’agit qu’un petit nombre refuse que ça se passe immédiatement pour faire dérailler le plan de Donald Trump. »

Piège : Agir de manière intempestive

« S’il ne maintient pas la paix autour de lui et dans ses troupes, Donald Trump pourrait le payer très cher. Il aura alors de la difficulté à faire passer quoi que ce soit. »

Piège : S’empêtrer dans ses intérêts d’affaires

« Donald Trump semble être empêtré dans plusieurs conflits d’intérêts impliquant des pays étrangers, que ce soit face à la Russie ou encore avec les Philippines. Ça peut être une bombe à retardement pour lui. »

Gil Troy, professeur d’histoire à l’Université McGill, spécialisé dans l’histoire des présidents américains

Défi : Rassembler le pays

« Le pays est beaucoup plus divisé qu’après une élection normale. Des millions d’Américains pensent que Donald Trump n’a pas la légitimité pour exercer le pouvoir. S’il rejette leurs inquiétudes du revers de la main, ça ne peut qu’empirer la situation. Le président se doit d’être l’adulte-en-chef. »

Défi : Trouver une solution avantageuse à l’Obamacare

« Sera-t-il seulement un destructeur de l’Obamacare ou réussira-t-il à être un destructeur constructif, qui trouvera une meilleure solution ? Son électorat a de grandes attentes. »

Défi : Ne pas rester sur le mode campagne

« On a vu lors de sa conférence de presse cette semaine que Donald Trump est le même homme qu’il était en campagne électorale. Mais il n’est plus candidat. Il est président ! Premièrement, il devra réaliser qu’il n’est pas fait en téflon. Il peut faire du tort. Ses actions peuvent mener à une guerre ou à un vent de panique dans les marchés. »

Piège : Penser tout savoir

« Donald Trump pense qu’il a réponse à tout, mais ce n’est pas le cas. Assumer la présidence vient avec beaucoup d’apprentissages et un peu d’humilité ne fait pas de mal. Il doit écouter les experts et ceux qui en savent plus que lui sur plusieurs dossiers. »

Piège : Surestimer son pouvoir

« Le président désigné devra vite comprendre que, dans le système américain, son pouvoir est limité par les checks and balances. Il peut donner le ton à l’agenda américain, mais des événements peuvent tout faire déraper et vous obliger à vous adapter. Il n’est pas le roi du monde. »

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