Leucémie

Nouvel espoir pour traiter les récidives post-greffes

Santé Canada vient d’approuver un nouveau projet d’étude pour traiter les récidives de leucémie post-greffes. Un travail qui sera mené par l’équipe du Dr Jean-Sébastien Delisle, de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Entre 40 et 50 % des patients qui ont subi une greffe de moelle osseuse sont susceptibles d’avoir une récidive de leucémie, selon le Dr Jean-Sébastien Delisle, chercheur au Centre d’excellence en thérapie cellulaire de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

« L’immunothérapie cellulaire vise justement à aider ces patients à qui on a peu de choses à offrir, précise-t-il. C’est une première au Canada, et je crois qu’il faut y voir un momentum. C’est la médecine de demain. »

Cette nouvelle étude devrait permettre à l’équipe du Dr Delisle de cibler les antigènes de transplantation qui font leur apparition à la suite d’une greffe.

« Concrètement, on fait appel au donneur initial de la greffe de moelle – on sait qu’après une greffe, le système immunitaire du patient devient celui du donneur. Donc, on prend ses cellules et on les stimule en laboratoire contre les antigènes des cellules cancéreuses du receveur. Après un mois environ, on les réinjecte dans le système du patient. »

Dès le mois de janvier, une vingtaine de patients participeront à cette nouvelle étude qui s’échelonnera sur une période d’un an et demi. Bien que le Dr Delisle soit optimiste quant aux résultats, il ne veut pas sauter d’étape. « Notre premier but est d’évaluer la sécurité de la procédure, même si évidemment, on va collecter les données sur son efficacité. »

UN PREMIER BON COUP L’AN DERNIER

L’an dernier, l’équipe du Dr Delisle a obtenu le feu vert de Santé Canada pour mener une étude auprès de patients immunosupprimés à la suite d’une greffe, qui combattaient le virus Epstein-Barr à l’origine de la mononucléose. Une complication qui toucherait jusqu’à 30 % des patients selon leur condition médicale.

« Le projet est en cours depuis un an et les résultats sont très encourageants, explique le Dr Delisle. Il s’agit d’introduire une intelligence immunitaire pour reconnaître les cellules malignes du receveur. On manipule donc en laboratoire les cellules afin de les transformer puis de les infuser aux patients pour traiter les lymphomes [ou cancer des ganglions] résultant du virus d’Epstein-Barr. »

« L’expertise développée avec ce premier protocole a ouvert la porte à la nouvelle étude approuvée par Santé Canada, qui sera entreprise en janvier, explique le Dr Delisle. À moyen terme, on peut affirmer que l’immunothérapie cellulaire va prendre plus de place », prédit le chercheur.

En tout cas, le nombre de greffes d’organes et de moelle osseuse est en hausse au Québec. « Nous avons de meilleurs antimicrobiens pour contrer les effets indésirables d’une greffe, nous dit le Dr Delisle. Aujourd’hui, le nombre de personnes éligibles à une greffe augmente sans cesse. Et les greffes elles-mêmes sont beaucoup plus acrobatiques. »

Les personnes aux prises avec un cancer du sang ne sont pas les seules qui devraient se réjouir des progrès réalisés en immunothérapie.

« Si on exclut les cancers du sang, le cancer qui a défini le champ de l’immunothérapie, c’est le mélanome, détaille le Dr Delisle. Jusqu’à récemment, le mélanome métastatique, donc le cancer de la peau, avec chimio conventionnelle, offrait peu d’espoir de survie (moins de 5 %). Ça a beaucoup changé. Les immunomodulateurs, qui stimulent le système endogène, ont donné des résultats spectaculaires chez près de 30 % des patients. »

Les autres cancers qui pourraient bien répondre à des traitements d’immunothérapie sont le cancer du poumon et du rein. « Ce sont des cancers immunosensibles, indique Dr Delisle. On ne sait pas tout à fait pourquoi, il y a sans doute un écosystème particulier qui est favorable à l’immunothérapie. Les résultats d’études faites ici et aux États-Unis sont extrêmement encourageants. »

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