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Chibougamau vante ses charmes

Chibougamau peut parfois être un outil menaçant pour ceux qui ne sont pas sages. Parlez-en à la mairesse de la ville ! « Une employée de ma sœur, résidante de Montréal, lui a raconté qu’elle disait à ses enfants qu’elle les enverrait à Chibougamau s’ils n’étaient pas fins ! », raconte Manon Cyr en riant.

Mais oubliez les railleries ! C’est avec l’incapacité d’une majorité de Québécois de situer la ville sur une carte que composent ses habitants. Ce qui a donné aux élus l’idée de lancer une campagne d’image, la semaine dernière, dans le cadre d’une stratégie de développement à long terme de la ville.

Avec l’agence de communications et design montréalaise Paprika, Développement Chibougamau a pondu un slogan rappelant la nordicité de la ville, ses charmes et atouts miniers alors qu’on dévoile les grandes lignes du Plan Nord renouvelé. « On a amorcé une planification stratégique, il y a quatre ans, explique Manon Cyr. On a constaté que la ville devait être connue et reconnue. Les gens pensent que c’est à côté de Baie-Comeau ou encore en Gaspésie. »

La campagne, qui porte comme signature « Latitude nordique », nous rappelle que Chibougamau se trouve au 49e parallèle. « C’est une question d’attitude de vivre dans le Nord, raconte Manon Cyr. Il faut s’adapter et avoir un niveau de résilience. On découvre un milieu de vie. On se fait prendre, car on a des opportunités de développement professionnel plus vite qu’ailleurs. »

SENTIMENT DE FIERTÉ

Près de 30 000 $ ont été investis pour ainsi positionner la ville de 60 ans. Son site internet a été remodelé. Un manifeste a été rédigé et sera distribué partout dans la province, tout comme des autocollants pour les pare-chocs de voitures. « La population et une cinquantaine d’intervenants socio-économiques ont conclu qu’il fallait se doter d’une image de marque pour se distinguer, précise Céline Collin, directrice générale de Développement Chibougamau. La ville n’avait que des armoiries. On voulait dire ce qu’est Chibougamau et développer un sentiment de fierté dans la population. »

La Ville assurera aussi une présence dans les salons d’emplois de Québec et Montréal. 

« Il faut se positionner pour séduire les gens. Éventuellement, on aimerait attirer de nouveaux immigrants qualifiés. »

— Manon Cyr, mairesse de Chibougamau

Car voilà bien le but premier de la campagne : faire tourner les têtes vers Chibougamau, suffisamment pour inciter les gens à s’y ancrer et ainsi faire croître la population de 7600 à 12 000 âmes d’ici 15 ans. « Les campagnes de pub pour les villes sont intéressantes dans la mesure où on rappelle leurs caractéristiques, attraits, qu’elles s’accompagnent d’autres mesures qui vont permettre aux habitants d’incarner réellement leur fierté, qu’il y a de l’emploi, donc que des entreprises s’y établissent, analyse Paul Lewis, doyen de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal. Celle de Chibougamau n’est pas inutile, surtout qu’elle risque d’être un centre névralgique du Plan Nord. Dans un contexte de boom économique, les gens pourraient décider d’y emménager seuls. Il faut donc montrer que c’est intéressant au plan familial. »

DÉVELOPPEMENT IMMOBILIER

L’opération « Latitude nordique » n’est justement pas isolée. Depuis 2009, on a injecté à Chibougamau 30 millions dans le développement de terrains résidentiels, une usine de traitement des eaux et autres infrastructures.

À terme, il pourrait y avoir 200 maisons unifamiliales, une trentaine de multilogements et un CPE supplémentaires. « En ce moment, on est en appel d’offres pour développer le réseau d’aqueducs et égouts, dit Manon Cyr. Et on a identifié notre futur secteur industriel. Souvent, on reproche aux villes d’attendre le boom avant de bouger. Ce n’est pas notre cas. Jusqu’en 2017, il y aura 30 autres millions d’investis. »

Et ce, sans endetter davantage la Ville, soutient la mairesse, qui se réjouit de l’investissement de 200 millions annoncé la semaine dernière par le ministre Pierre Moreau pour les villes nordiques dans le cadre du Programme d’infrastructures Québec-Municipalités.

Les chantiers et projets miniers « à proximité » de Chibougamau rendaient nécessaire un tel développement, aux yeux des élus.

« La Goldcorp [or] à 350 kilomètres, Renard-Stornoway [diamant] à 325 kilomètres, Nemaska Lithium [hydroxyde de lithium et carbonate de lithium] à 300 kilomètres, BlackRock [fer, titane] à 65 kilomètres… énumère Nichèle Compartino, directrice générale adjointe de Développement Chibougamau. On est chanceux, car les routes passent par chez nous. On est un lieu d’accès pour la partie est du territoire. »

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