Bloc québécois

La majorité des péquistes échapperaient au Bloc, révèle un sondage

QUÉBEC — Les sympathisants péquistes s’interrogent profondément sur le rôle du Bloc québécois à Ottawa. En fait, moins de la moitié d’entre eux voterait pour la formation souverainiste aux prochaines élections fédérales, selon un tout récent sondage CROP.

Une enquête réalisée auprès de 1000 internautes du 13 au 17 novembre vient apporter de l’eau au moulin à la réflexion évoquée par Pierre Karl Péladeau devant des militants, vendredi dernier – M. Péladeau a toutefois fait volte-face, hier. Quand il s’interroge sur la pertinence du parti fondé par Lucien Bouchard, après l’échec de l’entente du lac Meech, le magnat des médias reflète une préoccupation bien présente chez les péquistes.

Ainsi, 44 % de ceux qui votent pour le Parti québécois (PQ) appuieraient le Bloc aux prochaines élections – la majorité de ces appuis échappent à Mario Beaulieu.

« Une majorité de péquistes voterait autre chose que Bloc », souligne Youri Rivest, vice-président de CROP.

Les électeurs péquistes optent à 31 % pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) et à 18 % pour le Parti libéral fédéral (PLC) dirigé par Justin Trudeau. Enfin, 7 % appuient le Parti conservateur de Stephen Harper.

Les électeurs péquistes « tiennent à la souveraineté, mais comme le PQ n’est pas au pouvoir, on est dans le mode de défense des intérêts du Québec, et le NPD a pris une bonne partie de ce fonds de commerce traditionnel du Bloc québécois. »

— Youri Rivest, vice-président de CROP

M. Rivest y voit « un questionnement profond » sur la pertinence du Bloc. « À quoi ça sert ? C’est ce que les péquistes se demandent, devant la perspective bien éloignée d’un référendum. »

BON DERNIER AU QUÉBEC

Depuis l’automne, pour la première fois, le Bloc québécois a glissé en quatrième et dernière place dans les intentions de vote des Québécois, relève M. Rivest. « Et on constate que le Bloc est troisième dans toutes les régions, ce qui n’augure rien de bon pour les élections. »

De plus, l’arrivée d’un nouveau chef galvanise habituellement les troupes, mais l’élection de Mario Beaulieu aura eu l’effet inverse, selon les chiffres de CROP.

Le même sondage montre que le parti de Mario Beaulieu ne récolte que 17 % des votes francophones – le NPD fait le plein de francophones avec 39 %, 27 % d’entre eux votent libéral et 13 %, conservateur. L’avance du NPD chez les francophones permet de prédire que le parti de Thomas Mulcair conservera une bonne partie de ses circonscriptions aux prochaines élections. À tout le moins, il sera le parti qui fera élire le plus de députés au Québec, a dit M. Rivest à la lecture des chiffres de novembre.

Par ailleurs, l’habituelle corrélation entre la bonne fortune du Parti québécois et celle du Bloc n’est plus vraie. Le parti fédéral s’enfonce dans une lente érosion qu’on ne constate pas sur la scène provinciale.

UN ÉLECTEUR SUR TROIS SE DIT « SATISFAIT » DU GOUVERNEMENT

Dans l’ensemble, le sondage n’observe guère de changement quant au niveau de satisfaction à l’endroit du gouvernement : un électeur sur trois se dit « satisfait », ce qui est relativement élevé, note M. Rivest.

Dans les intentions de vote, « il n’y a pas de direction, de tendance. Au cours des trois derniers mois, libéraux et néo-démocrates se sont échangé la première place », observe le spécialiste. En novembre, le PLC a baissé de cinq points, à 32 %, alors que le NPD a grimpé de quatre, à 34 %. Le Bloc piétine à 14 %, juste derrière les conservateurs, à 16 %.

Comme meilleur premier ministre, les Québécois favorisent toujours Thomas Mulcair, qui grimpe de sept points, à 29 % – il avait glissé de 9 points le mois précédent. Justin Trudeau descend de six points, à 22 % – « une lente érosion », constate M. Rivest en considérant les résultats des derniers mois. Stephen Harper est le meilleur premier ministre pour 13 % des Québécois.

Sondage

MÉTHODOLOGIE

La collecte de données en ligne s’est déroulée du 13 au 17 novembre 2014 par le truchement d’un panel web. Au total, 1000 questionnaires ont été remplis. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence, la langue maternelle et le niveau de scolarité des répondants. Notons que compte tenu du caractère non probabiliste de l’échantillon, le calcul de la marge d’erreur ne s’applique pas.

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