Agriculture urbaine

Une ferme verticale s’installe à Montréal

Des fermes urbaines et innovantes pourraient prochainement voir le jour un peu partout à Montréal. Du moins, c’est le rêve d’Émilie Nollet et d’Olivier Demers-Dubé, qui inaugureront, mercredi prochain, leur première ferme verticale en aquaponie sur la place Shamrock, près du marché Jean-Talon.

La ferme sera installée dans deux conteneurs maritimes recyclés superposés l’un sur l’autre. Celui du bas accueillera un élevage de 500 tilapias tandis que celui du haut servira à la culture de 400 plants de fruits et de légumes en aquaponie… tout cela dans un espace de seulement 3,2 m (32 pi 2 po), fonctionnel à l’année !

« Les poissons produisent une eau remplie de nutriments. Les plantes vont se nourrir de cette eau riche, un peu comme du compost, et elles vont la filtrer de manière encore plus performante qu’un filtre industriel. L’eau va donc pouvoir être renvoyée vers les poissons. Tout se fait dans un circuit fermé », explique Olivier Demers-Dubé, cofondateur de l’entreprise Écosystèmes alimentaires urbains (EAU).

La ferme verticale de la place Shamrock produira notamment des fraises, des tomates, des concombres, des bok choy, de la bette à carde, de la moutarde et des épinards de Malabar.

Les semences et les plantes ne seront ni hybridées ni génétiquement modifiées. Aussi, EAU valorisera uniquement les espèces patrimoniales.

« Ce seront des végétaux qui ont été apportés il y a très longtemps par les gens qui ont colonisé le Québec. Ce sont des plants liés à notre histoire. Les variétés ont été passées d’une génération à l’autre et se sont adaptées à notre environnement », explique Émilie Nollet. La pimprenelle, une herbe au goût de concombre, est d’ailleurs un exemple concret des plantes d’ici qui seront mises en valeur par EAU.

Une partie des poissons, des fruits et des légumes produits par la ferme éducative seront distribués aux passants pour leur faire connaître l’aquaponie.

« Beaucoup de gens ne connaissent pas cette forme de culture. Je me suis déjà fait poser la question : “est-ce que la salade goûte le poisson et le poisson goûte la salade ?” La réponse est non ! »

— Olivier Demers-Dubé, cofondateur d’EAU

Le surplus des denrées sera distribué à des organismes locaux, notamment à la Maisonnette des Parents.

UN CONCEPT AMENÉ À SE MULTIPLIER

Émilie Nollet et Olivier Demers-Dubé gardent quelques secrets pour le grand lancement de la ferme verticale qui aura lieu mercredi prochain. Mais les deux partenaires voient grand. Dans leurs rêves, ils aimeraient que leur concept s’implante dans les déserts alimentaires, là où il est impossible pour les résidants de trouver une épicerie à moins de 800 m de leur domicile. À Montréal, 40 % de l’île est un désert alimentaire, rappelle Olivier.

Même s’ils ne sont pas en mesure de dévoiler où seront installées leurs futures fermes, le duo promet que le prix des poissons, des fruits et des légumes restera toujours accessible. Ils s’en font un devoir.

Mercredi prochain, EAU dévoilera la technologie derrière sa ferme urbaine et annoncera la programmation de l’été. En plus des nombreuses visites guidées quotidiennes, plusieurs activités auront lieu alentour de la ferme durant la période estivale.

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