Fête nationale des Français

La France célèbre « quatre siècles d’histoire » au Canada

La France célèbre en ce 14 juillet sa fête nationale. Pour les quelque 140 000 Français vivant au Canada, c’est aussi l’occasion de souligner « quatre siècles d’histoire » commune avec leur pays d’accueil, estime leur ambassadeur Nicolas Chapuis, avec qui La Presse s’est entretenue.

Accueillir plus de Canadiens

L’engouement des Français pour le Canada est indéniable. Pour « 14 000 visas d’expérience internationale […], on a eu 60 000 inscriptions en 48 heures ! », s’exclame Nicolas Chapuis, avant d’ajouter que « dans l’autre sens, malheureusement, on a moins de 3 000 Canadiens ». L’ambassadeur constate que « les jeunes Canadiens bougent moins que leurs aînés », malgré la multiplication récente des accords de reconnaissance des diplômes et de mobilité de la main-d’œuvre. « L’objectif, ce n’est pas l’émigration », souligne-t-il. « C’est d’être mobile, c’est d’être international, c’est de pouvoir obtenir une expérience, de la maturité professionnelle, qui permet après de bâtir une carrière qui soit en phase avec la mondialisation des échanges. »

Promouvoir le français

L’ambassadeur de France à Ottawa s’intéresse particulièrement à la promotion de la langue française au Canada. « Je constate un engouement des familles partout dans le pays pour l’enseignement du français et, par conséquent, des difficultés [à trouver les ressources] à Vancouver, dans l’Ouest canadien en général », affirme-t-il. Il importe pour la France de « soutenir l’aspiration des familles » canadiennes à parler français en aidant à « répondre aux besoins d’enseignants, de manuels, de ressources, pour que, notamment en milieu anglophone, les classes d’immersion puissent continuer de se développer comme le souhaitent les parents ».

Réchauffement climatique

À quatre mois de la Conférence de Paris sur le climat, Nicolas Chapuis se réjouit de voir les engagements pris la semaine dernière au Sommet des Amériques sur le climat, à Toronto, où les « entités infranationales », provinces canadiennes et États américains, « étaient unanimes, mobilisées et motivées ». Il se garde bien de critiquer l’absence du gouvernement fédéral, car « nous ne sommes pas là pour dire quel est l’ordre de gouvernement qui nous permettra d’arriver au but », tranchant que « ce qui nous importe, c’est le résultat ».

Souveraineté du Québec

Si l’indépendance du Québec est revenue dans l’actualité récemment, notamment avec la mort de Jacques Parizeau, la question reste épineuse pour Paris, qui est revenu à la politique de « non-ingérence, non-indifférence » depuis l’élection de François Hollande. « Le Québec et la France entretiennent une relation privilégiée et distincte reconnue par le gouvernement fédéral canadien », rappelle prudemment Nicolas Chapuis, précisant que « le job de l’ambassadeur de France au Canada n’est pas de commenter la politique intérieure de la province du Québec ni, d’ailleurs, celle des autres provinces ». « Pour moi, il n’y a pas le Québec contre le Canada, il y a le Québec au sein du Canada », conclut l’ambassadeur.

Quatre siècles d’histoire

En ce jour de fête nationale française, l’ambassadeur Chapuis aimerait « exprimer de la gratitude » pour ces « quatre siècles d’histoire » commune avec le Canada, rappelant qu’« on fête cette année le 400e anniversaire du fait francophone en Ontario ». Les quelque 140 000 Français « qui travaillent au Canada, qui y vivent, qui y prospèrent, qui y ont leur famille » représentent la plus importante communauté française en dehors de l’Europe. « La France au Canada, c’est d’abord eux, lance Nicolas Chapuis. [Aujourd’hui], on va fêter ce qu’ils font avec les Canadiens, ce que les Canadiens font avec la France. »

Pourquoi le 14 juillet ?

La fête nationale française souligne la prise de la Bastille, à Paris, survenue le 14 juillet 1789, qui s’est soldée par la capitulation du roi Louis XVI. Il s’agit d’un moment-clé de la Révolution française, qui fera de la France un État démocratique et laïc.

NICOLAS CHAPUIS

57 ans

Né à Neuilly-sur-Seine, en banlieue de Paris.

Parle anglais, chinois et mongol.

A passé une grande partie de sa carrière diplomatique en Asie.

En poste à Ottawa depuis février 2015.

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