Chronique

Domo arigato, M. Robot !

C’est plus calme, ces temps-ci, à la télé québécoise. Mémoires vives a fait une pause dans les enlèvements (non, pas la pétillante Andrée !) et Unité 9 a envoyé la belle Michèle retrouver ses jumeaux naissants (on va vraiment s’ennuyer de son franc-parler).

Comme c’est tranquille sur nos ondes, on peut en profiter pour reprendre l’écoute d’une télésérie laissée en jachère, faute de temps pour l’engloutir d’un trait. C’est ce que j’ai fait avec Mr. Robot, un fascinant techno-parano-thriller que la chaîne USA a présenté cet été et que Showcase a repris à l’automne. Vous pouvez acheter les 10 épisodes, à la pièce, sur iTunes.

En français, il faudra patienter jusqu’à l’automne 2016 pour une diffusion de Mr. Robot sur addikTV, propriété de Groupe TVA. D’ailleurs, ce délai, qui encourage le piratage, représente un gros problème. Les gros films sortent simultanément dans les deux langues, mais pas les séries.

Comment expliquer un aussi long décalage entre la sortie d’une émission en anglais et celle de son équivalent en français ? Tout ça, quand la version doublée existe, bien sûr. Assez ordinaire.

De retour à Mr. Robot, ce fut une de mes jolies découvertes de 2015. Cette télésérie, qui a marqué le grand retour de l’acteur Christian Slater (True Romance, Pump Up the Volume), apparaît sur plusieurs listes des meilleures émissions de 2015. C’est très bon.

Mr. Robot nous entraîne, de façon crédible, dans le monde secret des hackers. Oubliez donc les amateurs comme la punkette Mariepier dans Les jeunes loups, qui pitonnait n’importe quoi sur son ordinateur et obtenait, magie !, des rapports de police confidentiels.

On parle ici d’informaticiens de calibre mondial comme Elliot (Rami Malek, nommé aux SAG Awards), le personnage principal de Mr. Robot, un étrange jeune homme aux habiletés sociales réduites. Nous n’avons pas affaire à un héros typiquement hollywoodien. Elliot parle sur un ton monocorde, a le teint grisâtre, le regard hagard et sniffe de la morphine.

Elliot s’occupe aussi de la cybersécurité d’une gigantesque entreprise internationale, E Corp, qui incarne ni plus ni moins que le diable pour de nombreux activistes. Selon Elliot, les dirigeants de cette superentreprise, tous dénués de conscience sociale, forment le 1 % du 1 %.

Les talents extraordinaires d’Elliot l’amènent à être recruté par une société secrète à la Anonymous, dont les membres rêvent justement de détruire E Corp à l’aide d’une attaque informatique jamais vue. Christian Slater incarne le patron de ce petit groupe de pirates hétéroclites. Son surnom ? M. Robot.

C’est à ce moment que la télésérie nous aspire dans un univers parallèle où plusieurs thèmes (redistribution de la richesse, protection des renseignements personnels) s’entrelacent habilement. L’intrigue de Mr. Robot est dense, ambitieuse.

Conseil d’ami téléphage : ne laissez pas s’écouler trop de temps entre chacun des épisodes de Mr. Robot afin de ne pas perdre le fil de cette histoire plus touffue que celle de la majorité des téléséries américaines.

Pour rajouter une couche de complication, Elliot consulte une psy pour soigner ses hallucinations. C’est également Elliot qui assure la narration des épisodes. Mais Elliot nous parle-t-il vraiment ? Ou entendons-nous simplement les voix qui se cognent dans sa tête ?

Le premier épisode est ardu et inutilement complexe. Continuez tout de même. Vous risquez de cliquer (gag informatique ici) avec le torturé Elliot.

DERNIÈRE DES DIEUX DE LA DANSE

Qui gagnera la gigantesque statue de placoplatre lors de la grande finale des Dieux de la danse que Radio-Canada relaiera ce soir (20 h) ? Depuis le début de la compétition, mon pécule personnel a été mis sur Joannie Rochette et Jonas.

Selon mes analyses peu scientifiques, Gardy Fury et Anne Casabonne devraient monter sur la deuxième marche du podium, tandis que Debbie Lynch-White et Étienne Boulay récolteront la médaille de bronze.

Quelles danses exécuteront ces trois meilleurs couples ? Un lindy hop pour Joannie et Jonas, du contemporain pour Anne et Gardy, du hip-hop pour Debbie et Étienne.

Même si elle n’a pas atteint la ronde ultime, l’équipe formée par Alex Perron et Hélène Bourgeois Leclerc a été fort divertissante cet automne, surtout dans sa phase « lesbiennes espagnoles », dixit le juge Serge Denoncourt.

Radio-Canada n’a pas encore confirmé le retour des Dieux de la danse l’an prochain. Entre vous et moi, ce serait extrêmement étonnant que la SRC se débarrasse de son succès cendrillon. En même temps, c’est exactement ce que vient de faire Télé-Québec en débranchant le 125, Marie-Anne. On ne sait pas toujours ce qui se passe dans la tête des patrons de télévision.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.