MINIMALISME

Mieux avec peu

Le minimalisme, c’est beaucoup plus qu’une question de dénuement. En effet, désencombrer son espace ne représente que la première étape vers une vie riche et remplie… avec autre chose que du matériel. Nous avons rencontré quelques adeptes de ce courant, tout en leur demandant leurs conseils pour la maison.

UN DOSSIER DE SOPHIE OUIMET ET BERNARD BRAULT

La vie selon Elisabeth

Nous rejoignons Elisabeth Simard alors que son bébé vient de s’endormir. La maman de trois jeunes enfants a donc un peu de temps devant elle pour nous parler de son mode de vie, axé sur la simplicité et le minimalisme.

La famille vit dans une ancienne maison pleine de charme qui date de 1880, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste à Québec. Même si la résidence compte trois étages, elle n’est pas large ! « Notre carré de maison fait 700 pi2 par étage, mais à chaque étage la superficie diminue », explique Elisabeth. Ils ont quand même trouvé le moyen d’y vivre très confortablement.

Par exemple, ils ont aménagé le grenier pour y installer la chambre des deux plus vieux, Henri, 5 ans, et Paul, 3 ans et demi. Les garçons y ont chacun leur petit lit simple, côte à côte, sous le toit en pente. « Ils sont tellement bien, c’est vraiment leur univers !, lance leur mère. Avant, on ne se servait pas beaucoup du grenier, mais depuis qu’on y a installé les chambres, on finit souvent nos journées là. La lumière est belle, les enfants jouent, on est vraiment bien. »

Pour l’instant, le petit dernier de la famille, Oscar, a encore sa chambre à l’étage inférieur avec celle des parents, parce qu’il ne fait pas ses nuits. Mais dès que son horaire de sommeil le permettra, il ira dormir avec ses frères au grenier. « Ils ont vraiment hâte qu’Oscar les rejoigne ! »

Le « boulet invisible »

La vie d’Elisabeth Simard n’a pas toujours été aussi légère. Il y a quelques années, alors qu’elle et son mari venaient d’emménager dans leur maison et qu’ils attendaient leur premier enfant, elle se sentait constamment dépassée, sans trop savoir pourquoi. Après un moment d’introspection, elle a compris qu’elle croulait sous le poids des possessions matérielles. C’est ce qu’elle appelle le « boulet invisible ».

« Un jour, j’ai accepté que c’était tout simplement trop. Constater qu’une situation nous dépasse, c’est facile. L’accepter, c’est un gros défi. J’ai dû me remettre en question », écrit-elle dans son livre Vivre simplement, paru à l’hiver, où elle raconte humblement son processus vers une vie plus dépouillée.

C’est ainsi qu’elle a progressivement désencombré sa maison, puis ses finances, ses casseroles, ses vêtements… Peu à peu, cette épuration lui a permis de reprendre le contrôle de sa vie et de mieux profiter des petits moments.

Elle estime avoir laissé aller environ 3000 objets entre 2013 et 2014.

« Désencombrer notre espace de vie agit rapidement de façon positive à l’intérieur de nous. »

— Extrait de Vivre simplement d’Elisabeth Simard

« On ressent l’espace qui se crée en nous. Tout à coup, cet espace nous aide à être un peu moins stressés. On se sent un peu plus en contrôle et, en même temps, on ressent un plus grand lâcher-prise », ajoute-t-elle dans le livre.

Moins de vêtements

Un autre aspect qui a aidé Elisabeth à libérer son temps est la réduction du nombre de vêtements, et ce, pour toute la famille. « Ça peut sembler contre-intuitif, mais on fait moins de lavage en ayant moins de vêtements, avance-t-elle. Et puisqu’on le fait plus régulièrement, c’est toujours des plus petites brassées. Donc ce n’est jamais une grosse charge de travail : tu fais une brassée, tu la plies, tu la ranges. » Fini le sentiment de découragement devant une immense pile de linge sale !

Au-delà des considérations matérielles, il y a aussi l’idée de profiter des petits moments du quotidien, même ceux qui a priori sont moins excitants… comme laver la vaisselle.

« J’essaie d’apprendre à apprécier ces choses qu’on doit faire au quotidien au lieu de m’exaspérer tout le temps. »

— Elisabeth Simard

« Parce que ça me grugeait tellement d’énergie, au fond. Alors j’utilise ce moment-là pour rentrer dans ma tête et relaxer », explique-t-elle, en précisant que même si elle le tolère mieux, ce n’est quand même pas son passe-temps favori !

Vivre simplement – Sortir du chaos moderne et s’offrir une vie plus douce

Elisabeth Simard

Guy Saint-Jean Éditeur

Les trucs d’Elisabeth

Mur de bricolage

Dans un petit bout de mur entre deux fenêtres, Elisabeth Simard a installé ce « mur de bricolage ». Avant, il fallait aller chercher le matériel d’art dans le buffet de la salle à manger chaque fois que les enfants avaient envie de bricoler – c’est-à-dire souvent ! « Je me demandais comment rendre ça accessible, et en même temps, je trouve ça beau du matériel d’art… » C’est ainsi que le mur de bricolage a vu le jour. « Tout de suite, les enfants se sont mis à bricoler tellement plus spontanément. Et c’est super facile à ranger ! »

Gérer les jouets

Lorsque les enfants ont déménagé au grenier, les jouets – qui se trouvaient auparavant dans l’entrée – les ont suivis. Ils sont maintenant rangés sur des tablettes basses, dans des paniers, ce qui facilite beaucoup le rangement. Par contre, certains jouets du plus jeune, Oscar, se trouvent encore au rez-de-chaussée. Aussi, la famille a pris le parti d’avoir des jouets les plus neutres possible, pour continuer à stimuler l’imagination des enfants. « Nous optons pour ceux qui n’ont pas une destination unique, qui sont ouverts le plus possible, et qui peuvent faire n’importe quoi. »

Moins d’appareils dans la cuisine

« Dans le fond, on accumule plein de machines dont on ne se sert pas, c’est fou », lance Elisabeth Simard. Elle s’est débarrassée de plusieurs d’entre elles dans la cuisine, dont sa yaourtière, sa machine à pain… Toutefois, si elles ne sont pas toutes nécessaires, pas besoin de faire table rase non plus, il faut seulement savoir ce qui nous est utile. Par exemple, chez eux, la machine à expresso est là pour rester ! Dans leur maison, il y a aussi moins de vaisselle. Même logique que pour le lavage : moins on en a, moins on en lave…

Le rituel de la chandelle

Chaque soir à table, les enfants allument à tour de rôle une chandelle. Mais le nouvel aspect que la famille a récemment ajouté, c’est aussi de… l’éteindre ! Au lieu de souffler sur la flamme, les enfants utilisent un éteignoir en laiton. Ce qui permet de bien commencer les repas, mais aussi de remettre l’ambiance au calme lorsque les choses dérapent au cours du souper…

Faire le tri (et liquider ses dettes)

Pour Vicky Payeur, ce sont les dettes qui l’ont forcée à faire des changements radicaux dans son style de vie.

Alors qu’elle était toujours aux études, la jeune femme travaillait à temps partiel dans un centre d’achats, et elle en profitait pour dévaliser les magasins. Un jour, elle s’est retrouvée acculée au mur, sans le sou. En faisant des recherches sur l’internet, elle a pris conscience que le minimalisme existait et que ce mode de vie pourrait l’aider à résoudre certains de ses problèmes.

« Pour moi, ç’a été une révélation. C’était la première fois que j’entendais parler d’un style de vie différent de celui auquel on est habitué. »

— Vicky Payeur

C’était il y a trois ans. Depuis ce temps, en faisant un sérieux ménage dans ses finances et dans ses possessions, Vicky a réussi à rembourser ses dettes une à une. Elle a notamment utilisé un système d’enveloppes, où une somme précise est allouée pour chaque aspect du budget, mais en argent comptant. « Lorsqu’on paye avec des cartes, on ne se rend pas compte à quel point c’est facile de dépenser. Tandis que quand on utilise de l’argent comptant, c’est plus concret : 100 $, ça représente cinq billets de 20 $, par exemple », lance-t-elle, jointe au téléphone à son appartement de Trois-Rivières.

Elle a aussi désencombré sa maison, pièce par pièce, déménageant même dans un logement plus petit à force de limiter ses possessions. « Ce n’est pas tout le monde qui trouve ça beau quand c’est vide, nuance-t-elle. Mais ça fait partie d’un processus et souvent, quand on est heureux avec le peu qu’on vit, on trouve ça plutôt libérateur. »

Au fil du temps, elle a démarré un blogue et un compte Instagram, et elle possède aussi sa chaîne YouTube. « En créant le blogue, je voulais faire comprendre aux gens qu’il existe une manière différente de penser, de dépenser et de consommer des biens matériels. »

Consommer mieux

Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne possède plus rien, au contraire. Mais plutôt que de consommer à outrance, elle essaie de consommer mieux. Par exemple, l’ancienne Vicky pouvait acheter coup sur coup plusieurs lunettes de soleil de piètre qualité. Récemment, après deux ans à s’en passer, elle s’est offert une seule paire, plus chère, mais avec vue intégrée.

« L’idée, c’est d’investir dans la qualité plutôt que la quantité. Ça permet de garder ses objets plus longtemps et d’avoir un seul exemplaire de chaque article. »

— Vicky Payeur

Maintenant qu’elle a remboursé ses dettes jusqu’au dernier cent, reviendrait-elle en arrière ? « Jamais ! tranche-t-elle. Ces valeurs sont tellement ancrées en moi que je ne vois pas comment je pourrais retourner dans le passé. »

De toute façon, elle apprécie bien trop les petits bonheurs du quotidien que son nouveau mode de vie lui a appris. Par exemple, elle adore, le samedi matin, laver ses draps puis les faire sécher à l’air libre quand il fait beau. « C’est de prendre conscience des petits gestes qui peuvent nous apporter du bonheur dans une journée. Ça peut être notre première tasse de café le matin, ou boire un thé le soir dans son lit… C’est en appréciant ce que j’avais déjà que j’ai réussi à me sortir de la surconsommation », conclut-elle.

Les trucs de VickY L’entrée

Dès l’entrée, on comprend que tout est en simplicité dans l’appartement que Vicky partage avec son copain. Les seuls éléments qui l’habillent sont un miroir, un tapis et de jolies plantes pour ajouter une touche de verdure. « Je trouvais l’architecture tellement belle, avec les moulures et les vitraux dans les fenêtres, que je voulais que ce soit mis en valeur », souligne-t-elle. Aussi, elle a voulu garder la plupart des murs nus, à leur état naturel. « En laissant ça tout blanc, ça permet d’être plus créatif, et plus zen aussi. »

La chambre

« Souvent, un ensemble de chambre à coucher complet compte une base de lit, deux tables de chevet, une commode monsieur, une commode madame… C’est à se demander si on a vraiment besoin de tous ces meubles-là », se questionne Vicky. Chez elle, en tout cas, la chambre n’a rien de superflu : seulement un lit et une petite commode. Elle s’est également débarrassée de sa table de chevet. « On le sait, les tables de chevet ce sont comme des vide-poches. Donc en ne les ayant pas, on est mieux organisé et ça permet de libérer l’espace. »

La salle de bains

La même logique de minimalisme et de récupération est appliquée dans la salle de bains. D’abord, au lieu de racheter un rideau de douche chaque fois qu’il se salit, Vicky le lave régulièrement. Elle fabrique aussi son propre vaporisateur désodorisant, qui peut être utilisé pour les mauvaises odeurs ou comme spray d’ambiance. La recette est toute simple : de l’eau, du bicarbonate de soude et des huiles essentielles. Dans son joli pot ambré, le produit fait même partie intégrante de la déco !

Zéro déchet… ou presque

Minimalisme et zéro déchet vont souvent de pair, puisque ces courants véhiculent des valeurs semblables. Nous avons demandé à Laurie Barrette, cofondatrice de l’entreprise écoresponsable Dans le sac (avec Stéphanie Mandréa), de nous donner quelques conseils pour réutiliser plus et jeter moins.

Bocaux étiquetés

« On achète en vrac », dit d’abord Laurie Barrette. Ça fonctionne avec tout ce qui est non périssable, comme l’huile d’olive, les pâtes, les légumineuses, les grains… Les filles s’approvisionnent dans les épiceries zéro déchet ou auprès du groupe d’achats NousRire.

Pour transporter ces denrées, il faut apporter ses propres contenants. Les pots Mason sont bien sûr un grand classique – « J’en ai trouvé une panoplie dans le sous-sol de ma grand-mère ! », lance Laurie –, mais aussi les bocaux de cornichons ou d’olives. Petit truc pour enlever la colle des étiquettes : l’huile essentielle de citron.

Elles achètent ainsi presque tout en vrac… sauf les sacs de chips, leur péché mignon !

Brosses et nettoyants

Laurie et Stéphanie fabriquent elles-mêmes leur nettoyant tout usage, qui leur sert autant dans la cuisine que dans la salle de bains. La recette compte peu d’ingrédients : du savon de Castille, de l’eau et quelques gouttes d’huile essentielle.

Ne reste qu’à frotter les taches tenaces avec de jolies brosses, dont la tête est compostable.

Jamais sans mon sac

Pour réduire le plus possible l’emballage, trimballer un sac réutilisable est indispensable. C’est d’ailleurs la vocation première de l’entreprise Dans le sac, qui a depuis ajouté à son offre des sacs à vrac, des serviettes de table et des ensembles à lunch avec ustensile en bois.

NOTRE CARNET D’ADRESSES

Étiqueteuse

Pour réaliser les belles étiquettes à l’esthétique rétro, on a besoin d’une étiqueteuse Dymo. On peut en trouver dans la boutique en ligne de Trois fois par jour.

boutique.troisfoisparjour.com/

Brosses

Ces brosses sont si jolies qu’elles nous donnent presque envie de frotter. La boutique Réunion, à Verdun, en tient plusieurs modèles.

4750, rue Wellington, Verdun

Pots ambrés

Lorsqu’on prend la peine de fabriquer soi-même ses produits de beauté ou de nettoyage, on peut se récompenser en les mettant dans ces pots ambrés. On les commande sur la boutique en ligne MÛR Lifestyle.

www.murlifestyle.com/

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