Maternité et créativité

L’heure des choix

Allier maternité et créativité, c’est possible, même avec un jeune enfant. Rencontre avec des professionnelles qui ont su intégrer leur poupon à leur univers. Cette semaine : Majorie Labrèque-Lepage, fondatrice de Velvet Moustache, maman d’Antoinette (4 ans) et de Léonie (16 mois).

Notre premier rendez-vous avec Majorie a été l’illustration même de tous ces impondérables qui jalonnent la vie des jeunes parents. Dans notre cas, une méchante otite a bousculé l’horaire et envoyé la petite famille de Majorie aux urgences.

Un deuxième rendez-vous a été pris quelques semaines plus tard.

Majorie Labrèque-Lepage, 33 ans, s’est fait connaître avec ses peluches faites à la main, de façon locale et artisanale, dès les débuts de la marque Velvet Moustache en 2007.

Simons a été l’un de ses clients, et aujourd’hui, elle compte plusieurs points de vente au Québec. En près de neuf ans d’existence, ses doudous ont fait des petits. Et elle aussi : elle a d’abord eu Antoinette, 4 ans, puis Léonie, 16 mois.

Avec une franchise louable, elle raconte. « Quand j’ai eu Antoinette, j’ai trouvé ça intense, et je ne voulais pas recommencer. Avoir une entreprise, c’est déjà comme un autre enfant », se souvient-elle.

Avant la naissance de sa fille aînée, Majorie Labrèque-Lepage assumait presque toutes les tâches de sa jeune entreprise en démarrage. Être enceinte, dit-elle, l’a poussée à déléguer et à s’entourer.

« Quand on a son entreprise, on veut tout contrôler. Mais si on veut grossir, il faut apprendre à déléguer. » — Majorie Labrèque-Lepage

Malgré tout, elle ne s’octroie qu’un mois de congé après la naissance d’Antoinette. « Je me suis remise au boulot rapidement, et je l’amenais partout avec moi. »

Quelques années plus tard est arrivée Léonie : une deuxième fille. Un autre enfant, en dépit de ce que s’était promis la jeune maman. « Avec le temps, on oublie, dit-elle en riant. Comme Antoinette n’est pas une petite fille très indépendante, on se disait que ce serait bien qu’elle partage sa vie avec un petit frère ou une petite sœur. »

Pour ce deuxième enfant, le congé a été encore plus bref, bien que l’entreprise compte maintenant trois salariés.

« Je me rappelle avoir texté mes employés sur la table d’accouchement ! J’ai travaillé jusqu’à la fin », dit Majorie Labrèque-Lepage. Léonie passe sa première année entre l’atelier de sa maman et le bureau à la maison qu’elle s’est aménagé.

Velvet Moustache continue à bien se porter, mais Majorie Labrèque-Lepage croit que la maternité exige quelques sacrifices. « J’ai réalisé depuis longtemps qu’on ne peut plus avancer aussi vite, dit-elle. Je ne travaille plus le soir ni la fin de semaine. Mais c’est un choix », dit-elle.

Aujourd’hui, la jeune femme espère structurer son entreprise différemment pour pouvoir se décharger des aspects administratifs qu’elle a pris en charge et se recentrer sur la création. « Je suis contente de ce que j’ai fait, mais il faut qu’il y ait quelque chose qui change pour être heureuse », dit-elle.

Ses priorités ont changé avec la maternité, dit-elle. Aussi voit-elle, dans son avenir, des possibles changements de carrière ou de vie. Quitter Montréal pour la campagne ? Pourquoi pas. « Je pourrais me réinventer d’une autre manière. »

Son conseil aux futures mamans créatrices ? « Dans mon expérience, les pulsions créatives baissent pendant la grossesse et les premiers mois. Tu peux donc planifier d’avance, noter des idées pour plus tard. Il faut aussi trouver des gens de confiance pour pouvoir déléguer. Enfin, chacun a son rythme, mais il y a maintenant de nouveaux modèles d’affaires, avec Etsy par exemple, qui peuvent permettre de ne pas être perdus de vue pendant un congé. »

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