Le lundi 17 octobre 2016, Jacqueline Desmarais inaugure le pavillon portant son nom au Bâtiment des unités spécialisées du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine. Trois semaines plus tard, le 7 novembre, elle y revient, cette fois avec ses amies, pour leur montrer qu’en matière médicale, le Québec n’a rien à envier à personne.
« Ce fut un moment extraordinaire, raconte Maud Cohen, présidente et directrice générale de la Fondation CHU Sainte-Justine. Elle était fière, ultra pimpante. Elle avait le torse bombé en disant à ses amies : regardez, nous sommes capables, ici aussi, d’avoir des bâtiments hospitaliers impressionnants. »
« Elle nous a présenté plusieurs de ses amies avec qui elle partageait une partie de son temps, se souvient le Dr Fabrice Brunet, président et directeur général du CHUM et du CHU Sainte-Justine. Elle nous a tout de suite inscrits dans son cercle amical et familial. Elle était généreuse et inspirante. Elle irradiait le bonheur et l’amour. »
Que ce soit à Sainte-Justine ou dans d’autres institutions de santé que la famille Desmarais et elle ont appuyées, Jacqueline Desmarais a laissé partout la même impression. Celle d’une femme dont chaque engagement dépassait le simple versement d’un don en argent. Elle qui avait étudié et travaillé à titre d’infirmière s’intéressait beaucoup aux questions de soins de santé. Et elle a perpétué ce désir d’engagement auprès de ses enfants, de sa famille et de ses amis.
« Au moment de l’inauguration du pavillon portant son nom, j’ai fait la visite avec elle », indique Michael Fortier, président du conseil d’administration de la Fondation CHU Sainte-Justine.
« Elle posait beaucoup de questions aux médecins, aux infirmières. Elle a vu aussi des patients, des parents. Elle comprenait très bien comment les engagements [financiers] de la famille avaient été déployés dans l’hôpital et voulait parler avec les différents spécialistes rattachés aux départements concernés. »
— Michael Fortier, président du conseil d’administration de la Fondation CHU Sainte-Justine
Toutes les personnes interviewées pour cet article nous ont signalé qu’au moment de cette inauguration, la santé de Mme Desmarais n’était pas au mieux. Mais qu’à cela ne tienne, elle a tenu à offrir une présence de tous les instants.
« Elle a fait une visite d’une bonne heure, se souvient Maud Cohen. Par la suite, il y a eu l’événement officiel en présence des membres de sa famille et de plusieurs personnalités. Et elle est restée très longtemps après l’événement. Elle était sympathique et dynamique, pleine d’énergie. Elle était proche des gens, on sentait qu’elle les aimait. J’ai été impressionnée. »
Le CHU Sainte-Justine
L’engagement de la famille Desmarais, avec à sa tête Paul (1927-2013) et Jacqueline fut de première importance dans les deux dernières campagnes de financement du CHU Sainte-Justine.
Ces deux campagnes, Grandir en santé (2002-2007) et Plus mieux guérir (2012-2018) ont permis à l’institution, à la fois hôpital mère-enfants et centre d’enseignement et de recherche, de se renouveler de fond en comble.
La campagne Grandir en santé (objectif de 125 millions de dollars atteint) avait pour but de construire un nouveau Bâtiment des unités spécialisées (BUS) et un nouveau centre de recherche. Alors que la campagne Plus mieux guérir (255 millions récoltés/objectif initial de 150 millions) avait pour but d’apporter les ressources matérielles et humaines nécessaires au fonctionnement.
La famille Desmarais et Power Corporation ont été le fer de lance de ces deux campagnes, non seulement en raison de leurs dons qui ont atteint près de 13,5 millions de dollars, mais aussi parce qu’ils ont été actifs auprès d’autres grands donateurs.
À ce chapitre, il est important de comprendre que la communauté devait d’abord montrer son engagement envers le projet avant que le gouvernement s’engage. Or, le total des 380 millions amassés dans les deux collectes de fonds en a fait la preuve.
La famille Desmarais et la famille Coutu (PJC) ont donné chacune 7 millions de dollars pour la construction du BUS et du centre de recherche. Par la suite, pour la campagne Plus mieux guérir, l’engagement des Desmarais et de Power Corporation a dépassé les 6 millions de dollars (les Coutu sont aussi très présents), dont une bonne partie a été consacrée aux recherches génomiques.
Comme le BUS compte deux pavillons, l’un d’eux porte le nom de « Famille Coutu » et l’autre de « Jacqueline Desmarais ». C’est par une décision familiale que le nom de Mme Desmarais a été donné au pavillon.
« Elle l’a accepté avec beaucoup d’humilité et de gentillesse. Je pense que cela lui a fait très plaisir. »
— Le Dr Fabrice Brunet
« C’était pour reconnaître tout ce qu’elle avait fait dans le domaine de la santé, ainsi que sa grande âme de mère, de grand-mère et de femme proche de la cause des enfants, indique Pierre Boivin qui a été président de la Fondation CHU Sainte-Justine avant Michael Fortier. Et, quelque part, l’attribution de son nom au pavillon était un petit clin d’œil au fait qu’elle a été infirmière en début de carrière. »