DOCUMENTAIRE AFTER CIRCUS

La vie après le cirque

La maison de production de Rimouski Tortuga Films prépare un documentaire sur la retraite des artistes de cirques traditionnels. Le film After Circus, réalisé par Viveka Melki (Correspondances de guerre), sera diffusé d’ici un an sur la chaîne de CBC, Documentary Channel.

Le tournage a été fait dans la ville de Sarasota, en Floride, qui abrite des milliers d’artistes appartenant à de grandes familles de cirque d’Amérique du Nord. La réalisatrice d’origine libanaise et brésilienne, qui vit au Québec depuis neuf ans, a suivi cinq de ces artistes qui en sont à leur dernier tour de piste.

Après y avoir tourné pendant près de trois ans, la ville de Sarasota est devenue, malgré elle, le sujet du film.

« Je me suis intéressée à cette communauté, à son mode de vie et à ses valeurs, indique Viveka Melki. Sarasota accueille de grandes familles de cirque depuis le début du siècle dernier. » 

« Les Ringling Brothers, par exemple, ou la famille Williams. C’est là qu’ils passaient les mois d’hiver avant de reprendre leurs tournées. Leurs enfants et leurs petits-enfants y habitent toujours. »

— Viveka Melki, réalisatrice

Contrairement aux artistes de cirque contemporain, forcés de se retirer à l’approche de la quarantaine, de nombreux artistes de cirques traditionnels parviennent à repousser l’âge de la retraite jusqu’à près de 60 ans. Comme la trapéziste américaine Dolly Jacobs, qui à 58 ans continue de faire son numéro aérien avec le Cirque de Sarasota…

Viveka Melki a également suivi l’artiste aérien Rafael Palacios, le clown Chuck Sidlow et la spécialiste de cirque équestre Jeanette Williams, âgée de 72 ans.

ESPRIT GITAN

En s’intéressant à ces artistes de cirque vieillissants ou carrément à la retraite, la réalisatrice québécoise s’est rendu compte qu’ils demeuraient très liés à leur communauté. « Ce sont des gens qui sont habitués de vivre en communauté et à divertir les gens, ils ne supportent pas la solitude de leur retraite. Ils ont conservé l’esprit gitan de leurs ancêtres. »

Viveka Melki s’attendait à faire du même coup le constat de la mort lente des cirques traditionnels. Ce qui n’est pas tout à fait le cas.

« J’ai été surprise de constater que les chapiteaux et les salles de spectacles sont encore bondés ! Je me suis donc posé la question : qu’est-ce qui nous attire tant des cirques traditionnels ? Je pense qu’il y a quelque chose dans les valeurs qu’ils véhiculent encore aujourd’hui, même s’ils sont appelés à évoluer, qui font qu’on continue d’aller les voir. En tout cas, ils sont loin d’être morts. »

En suivant ses cinq sujets, la réalisatrice a également découvert l’existence d’un groupe baptisé Circus Retirement Project, qui vient en aide aux artistes de cirque qui veulent plier bagage pour de bon. « Les artistes qui veulent s’arrêter, mais qui ont une roulotte, un lion, un canon ne savent pas trop où aller. Ce groupe les aide à faire la transition et à rester en contact avec leur communauté », dit-elle.

Viveka Melki vient de commencer le montage du film. Tortuga Films est actuellement en discussion pour diffuser le film sur une chaîne francophone québécoise. La diffusion sur Documentary Channel se fera début 2016.

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