ÉLECTRICITÉ

Une facture diminuée de 20 % pour les entreprises

QUÉBEC — Toutes ses autres mesures pour encourager l’investissement des entreprises n’ayant pas donné les résultats escomptés, le gouvernement Couillard a décidé de frapper un grand coup en leur offrant un rabais de 20 % sur leurs tarifs d’électricité pendant quatre ans.

Le gouvernement espère ainsi susciter des investissements privés de 2,6 milliards d’ici 5 ans, dont 350 millions dès cette année.

Mais le manque à gagner pourrait atteindre un demi-milliard pour Hydro-Québec. Le gouvernement assure toutefois que cette mesure ne fera pas augmenter la facture d’électricité des Québécois parce qu’il se contentera d’un dividende moins élevé d’Hydro-Québec si la mesure a le succès prévu.

Les entreprises visées sont celles qui paient déjà le tarif industriel (tarif L) d’Hydro-Québec, actives dans le secteur manufacturier et celui des ressources. Il y en a environ 150, qui comptent pour 25 % de l’emploi total et 40 % des investissements annuels.

Pour profiter de ce rabais, elles devront investir au moins 40 millions dans l’amélioration de leur productivité ou la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Le rabais pourrait représenter jusqu’à 50 % du coût de l’investissement. Par exemple, une entreprise qui investit 80 millions pourrait bénéficier de 40 millions de réduction sur la facture d’électricité.

Les alumineries et les autres entreprises qui bénéficient déjà de tarifs réduits en vertu de contrats spéciaux ne sont pas admissibles à ce nouveau rabais. 

Il existe un autre tarif réduit de 20 % sur dix ans qui s’adresse aux petites et moyennes entreprises qui prennent de l’expansion. Les deux rabais seront complémentaires, selon le ministère des Finances.

INVESTISSEMENTS EN BAISSE

Les mesures d’aide existantes pour stimuler l’investissement privé, dont le congé fiscal de 10 ans introduit l’an dernier, n’ont pas produit les résultats escomptés. À 25,4 milliards en 2015, l’investissement total des entreprises au Québec est en baisse de 4,7 % par rapport à 2014.

Pour 2016, le gouvernement prévoit une croissance de zéro.

Le porte-parole de Manufacturiers et exportateurs du Québec, Éric Tétrault, est content de ce qu’il voit dans le budget. « On est de la gang des contents. C’est un budget de moyens limités, mais du côté des manufacturiers. »

Il croit quand même qu’il faudra un jour arrêter d’empiler les mesures pour garder seulement celles qui fonctionnent.

« Si le congé fiscal ne marche pas, c’est parce que c’est compliqué. Les entreprises ne sont pas très enthousiastes à l’idée d’embaucher un consultant à 100 000 $ pour pouvoir sauver 110 000 $. »

— Éric Tétrault, porte-parole de Manufacturiers et exportateurs du Québec

Le rabais de 20 % sur les tarifs d’électricité, qui semble aussi compliqué à administrer, devrait profiter surtout aux sociétés minières, selon Éric Tétrault, parce qu’une réduction de la facture d’électricité est la bienvenue quand le prix des ressources est à la baisse et qu’il faut continuer d’investir, notamment dans l’utilisation du gaz naturel pour réduire ses émissions.

HYDRO-QUÉBEC À LA RESCOUSSE

Le gouvernement a aussi fait appel aux moyens d’Hydro-Québec pour l’aider dans d’autres secteurs. 

— Aider financièrement les sociétés de transport collectif (montant non précisé)

— Augmenter sa contribution au fonds du Plan Nord de 10 à 15 millions par an

— Hausser le nombre de bornes de recharge pour véhicules électriques

— Contribuer 215 millions de plus par an au Fonds des générations

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