environnement

Mode d’emploi pour des courses écoresponsables

On court pour se maintenir en santé, mais les événements de course à pied nuisent à celle de la planète, déplore Équiterre, qui a lancé hier un « mode d’emploi » pour aider les organisateurs d’événements et les coureurs à réduire leur empreinte écologique. Voici ses trois principaux conseils.

1. Des points d’eau « zéro déchet »

« Une bouteille d’un litre d’eau, en plastique, nécessite trois litres d’eau à la fabrication et un quart de litre de pétrole », a souligné l’olympien Jean-Luc Brassard, qui a animé hier à Montréal un panel d’experts sur l’écoresponsabilité dans les événements sportifs. Les gobelets en carton ont aussi une empreinte écologique. « Pour faire une feuille de papier, il faut à peu près 10 litres d’eau », a souligné Steven Guilbeault, cofondateur et porte-parole d’Équiterre.

L’organisation propose donc aux organisateurs d’événements d’installer des points d’eau « zéro déchet », qui permettent aux participants de remplir leur bouteille ou leur gobelet pliant réutilisable, ou encore de boire directement avec les mains, comme sous une fontaine.

Les participants des courses sur route, pour qui chaque seconde est importante, sont-ils prêts à cela ? « On n’arrivera probablement pas à tous les convaincre, mais on va probablement arriver à en convaincre suffisamment, estime Steven Guilbeault. Les organisateurs qui le font se rendent compte que, finalement, les gens, de façon générale, embarquent. »

Au Marathon Rock’n’Roll Oasis de Montréal, où l’on utilise quelque 250 000 gobelets de carton et 30 000 bouteilles d’eau (qui sont recyclés), « on ne peut imposer des normes à nos coureurs qui nous amèneraient à compromettre la capacité à avoir accès à l’eau sur la course », a dit à La Presse son directeur exécutif Louis Malafarina. « Un coureur, quand il a son rythme, ne peut arrêter de courir ; l’acide lactique dans les jambes, il peut rester là et ne plus être capable de repartir », a pour sa part indiqué Mario Blain, directeur des opérations.

2. Exit les t-shirts et autres babioles promotionnels

Ultimement, a résumé Steven Guilbeault, le mode d’emploi publié hier invite les organisateurs d’événements sportifs à se poser la question suivante : en avons-nous vraiment besoin ? Avons-nous vraiment besoin du t-shirt promotionnel, de la médaille, de la trousse du coureur ?

À tout le moins, croit Équiterre, les organisateurs devraient offrir l’option aux coureurs de refuser ces objets promotionnels lors de l’inscription, ce qui est loin d’être toujours le cas.

« J’ai toujours l’option à la fin de la course de ne pas le prendre, le fameux t-shirt, mais la compagnie va l’avoir commandé, a rappelé Steven Guilbeault, qui participe lui-même à des événements de course à pied. Ce genre de t-shirt est généralement fait en Chine, par des gens sous-payés, avec des modes de production pas toujours très écologiques… »

Quant aux commanditaires qui veulent avoir leur logo sur les t-shirts, les organisateurs d’événements peuvent leur proposer d’autres types de visibilité, selon Caroline Voyer, directrice générale du Conseil québécois des événements écoresponsables. Les réseaux sociaux, notamment, offrent des possibilités intéressantes.

3. Une meilleure gestion des matières résiduelles

Enfin, Équiterre invite les organisateurs et les participants à mieux gérer les matières résiduelles en prévoyant des bacs pour les matières recyclables et compostables. Pour ce faire, comme c’est le cas pour tout geste écoresponsable qu’on veut faire, il faut être bien préparé, insiste Caroline Voyer.

« Combien de fois suis-je allée dans des événements où on avait des verres compostables, et ces verres composables-là étaient mis à la poubelle après… Ce n’est pas un gain écologique. Les verres compostables doivent être compostés pour ne pas produire de gaz à effet de serre quand ils se décomposent », explique Caroline Voyer, qui souligne par ailleurs que la production de verres composables nécessite beaucoup de matière première.

Pour s’assurer de la bonne gestion des matières résiduelles, le Marathon Rock’n’Roll Oasis de Montréal fait affaire avec une entreprise qui a une équipe de 20 personnes sur le site. « Ils sont là pour s’assurer de la récupération de A à Z, de faire le tri… », explique Mario Blain.

Les coureurs ont aussi un grand rôle à jouer : ils devraient, entre autres, rapporter leurs déchets à la maison, surtout dans des environnements naturels, a souligné Benoît Talbot, coureur et entraîneur. Et même si les verres jetables sont fournis, rien ne les empêche d’apporter leur gobelet pliant réutilisable…

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