Idées d’ailleurs 
Comment ils se sont attaqués au problème

Distribuer des cartes et des calendriers pour régler les « affaires non résolues »

Le problème : les affaires criminelles non résolues
Une solution : 
Aux Pays-Bas, aux États-Unis et en Australie, les prisonniers reçoivent des calendriers et des cartes à jouer représentant des affaires non résolues, dans l’espoir qu’ils puissent contribuer à résoudre un crime.

Comment élucider un vieux crime pour lequel les enquêteurs n’ont pas assez de preuves ? Dans certains pays, les autorités carcérales relancent les enquêtes en rafraîchissant la mémoire des prisonniers, de façon assez originale.

Pourquoi les autorités carcérales distribuent-elles des calendriers aux détenus ?

Aux Pays-Bas, les autorités ont distribué en début d’année des calendriers composés de 52 affaires non résolues (cold cases, en anglais), cherchant à obtenir ainsi de nouveaux tuyaux de la part des détenus pour faire avancer ces enquêtes vieilles de plusieurs années, voire des décennies. Une récompense est offerte à chaque page du calendrier, pour un total de 800 000 euros (1,1 million CAN). Les enquêteurs des Pays-Bas ont plus de 1500 crimes non résolus sur les bras. Il s’agit de meurtres ou d’assassinats pour la plupart, des enquêtes qui piétinent depuis des décennies et dans lesquelles « les témoins jouent souvent un rôle crucial », selon Wim Perlot, président du groupe Cold Cases Nederland, cité dans un communiqué de la police.

D’où est venue l’idée d’un tel calendrier ?

Les Pays-Bas s’inspirent des États-Unis, qui ont adopté une pratique semblable depuis des années : distribuer aux prisonniers des cartes à jouer représentant des images de personnes tuées ou disparues, avec une courte description de l’affaire et un numéro sans frais que des prisonniers ou leurs proches peuvent utiliser pour donner des informations. Plus d’une douzaine d’États, dont la Floride, New York, la Caroline du Sud, l’Idaho et le Colorado, ont adopté la pratique, qui a aussi été reprise en Australie ces dernières années.

Est-ce que la démarche a porté ses fruits ?

Aucune étude systématique n’a été menée afin d’évaluer les retombées de ces programmes. On sait toutefois qu’ils ont déjà mené à plusieurs arrestations. Au Connecticut, en tout, neuf affaires non résolues ont été classées à la suite d’informations reçues dans le cadre du programme des jeux de cartes, a déclaré au webzine Slate Kevin Kane, procureur général de l’État. Au Colorado, un programme semblable lancé en 2015 a poussé des dizaines de détenus à communiquer des informations aux enquêteurs. L’État a reconduit le programme, affirmant que le jeu en valait la chandelle : chaque paquet de cartes coûte 1,14 $US à fabriquer.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.