Cellulaire au volant

La veuve de Jimmy Brunet-Rotondo veut une loi plus sévère

James est né le 5 août dernier, le jour même où le rapport du coroner sur l’accident qui lui a volé son père a été envoyé à sa famille. Un rapport dont les recommandations réconfortent la veuve de Jimmy Brunet-Rotondo, Marie-Chantale Daigle.

Marie-Chantale est assise au salon. Le rapport du coroner est posé sur la table basse, juste à côté d’une minuscule paire de bottines pour bambin. Dans le condo de Mascouche qu’elle partageait avec son amoureux, la jeune femme revient sur les circonstances de l’accident qui a coûté la vie au père de son bébé.

« Il n’était pas plus accro à son téléphone que quelqu’un d’autre. À la maison, il ne le sortait presque pas, explique celle qui partageait sa vie depuis quatre ans.

« Mais, comme camionneur, il était un peu déconnecté, et quand il faisait beaucoup de route, oui, il s’en servait… C’était sa seule façon de communiquer. »

— Marie-Chantale Daigle

Le rapport a démontré une activité sur le compte Facebook de Jimmy quelques minutes avant l’accident, mais aucune utilisation du téléphone au moment même de l’impact. La mère de Jimmy, Michèle Brunet, s’explique encore mal ce qui a pu se passer.

« C’était un gars qui aidait tout le monde, que ce soit sur la route, si quelqu’un était mal pris, raconte-t-elle. Alors, c’est sûr que le cellulaire, il l’avait sur lui pour n’importe quoi… Il ne le fermait jamais, car ça lui servait de réveil, les messages qui rentraient. Mais ça nous montre au moins qu’il n’était pas en activité sur son cellulaire. Oui, le cellulaire était actif, mais il n’était pas en train de discuter au moment de l’accident. »

« IL FAUT SÉVIR »

Le rapport du coroner Michel Ferland propose des mesures draconiennes (voir premier onglet). À la lecture de ces recommandations, la veuve de Jimmy se dit « en accord à 1001 % » : la sensibilisation n’est pas suffisante et seule une loi plus sévère pourrait convaincre les conducteurs de ne pas utiliser leur téléphone au volant.

« Deux semaines après l’accident de Jimmy, son meilleur ami m’a textée, et je savais qu’il était en train de rouler », raconte-t-elle, enchaînant ensuite les exemples, découragée.

Ce n’est pas la première fois que le coroner Michel Ferland préconise de durcir la loi à l’endroit de l’usage du cellulaire au volant. En 2012, il recommandait déjà dans un rapport de saisir les téléphones des automobilistes réfractaires. Il l’a répété dans son analyse sur la mort de Jimmy Brunet-Rotondo.

« [S’ils durcissent la loi], oui, ça va servir d’exemple, mais encore là, il y aura toujours des imprudences, croit pour sa part la mère du défunt. Ça va être comme l’alcool au volant. Il va toujours y avoir des récidives, il va toujours y avoir des gens qui vont conduire avec les facultés affaiblies. »

« J’AI L’IMPRESSION DE VIVRE UN DOUBLE DEUIL »

Les proches de Jimmy se remettent tranquillement de son départ précipité. Or, une nouvelle peine est née, entremêlée avec le bonheur de l’arrivée du petit James – un prénom que Marie-Chantale et Jimmy avaient choisi ensemble.

« Quand je regarde mon fils et que je pense qu’il n’aura jamais son père… J’ai l’impression de vivre un double deuil », explique la nouvelle maman. 

« Moi, je suis forte, je peux prendre sur moi, mais je ne pourrai jamais prendre la peine du bébé et la vivre à sa place. »

— Marie-Chantale Daigle

La famille de Jimmy et elle gardent contact. Marie-Chantale n’a pas tardé à aller présenter son poupon de 7 livres 3 onces à ses grands-parents paternels.

« Quand je suis allée chez ma belle-mère, ç’a été assez difficile, confie la jeune femme de 29 ans. C’était comme si j’allais présenter James à son père, parce que c’est là qu’est l’urne de Jimmy. »

« Il est né il y a deux semaines. C’est un petit gars et il est pareil comme [Jimmy]… dit la grand-maman, la voix brisée. C’est difficile… parce que je me souviens comment Jimmy était quand il était bébé. Ça me fait penser à lui. »

Elle trouve sa consolation en se disant qu’« il sera peut-être comme son père : il aimera le sport, rendra service à ceux qui en ont besoin et il sera l’ami de tout le monde ».

— Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron, La Presse

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