Hockey féminin

Poulin et le Canada ont « des choses à prouver »

Québec — Il y a 15 ans, le « vieux » Colisée de Québec avait déjà perdu pas mal de son lustre. Mais pour une petite fille de Beauceville qui rêvait de jouer au hockey, l’aréna représentait « la grosse affaire ».

C’est là que Marie-Philip Poulin a joué un match, avec les Élites de Beauce-Amiante, au célèbre tournoi pee-wee de Québec. Elle était la seule fille de l’équipe. Ils ont perdu leur premier et seul match.

Elle n’aurait pas pu deviner à l’époque les deux médailles d’or olympiques, les buts d’anthologie à Sotchi, le « C » cousu sur son chandail unifolié. Elle n’aurait pas pu deviner non plus qu’elle y reviendrait, 15 ans plus tard, au Centre Vidéotron cette fois.

Équipe Canada va disputer demain un match préparatoire contre les États-Unis, le premier d’une série de six contre les Américaines en prévision des Jeux de PyeongChang, en Corée du Sud.

Cette équipe canadienne a beaucoup de pression sur les épaules et pas mal de poids au cou : quatre médailles d’or d’affilée aux Jeux olympiques. C’est aussi une équipe en plein bouleversement.

« Depuis les derniers Jeux, beaucoup de vétéranes sont parties : Caroline Ouellet, Jayna Hefford, Catherine Ward, Charline Labonté… C’étaient des filles très spéciales pour moi. Elles m’ont montré le chemin », explique Poulin, rencontrée hier au domicile des Remparts.

« Il y a un gros changement. Moi aussi, mon rôle a changé dans l’équipe, au niveau leadership. Je suis devenue une des plus vieilles sur l’équipe, une des vétéranes. »

— Marie-Philip Poulin

« C’est drôle à dire, admet-elle. J’étais la petite ! C’est fou de penser à ça. Elles nous ont passé l’équipe, et on essaye de continuer ce qu’elles ont fait. »

Ce qu’elles ont fait, c’est, bien entendu, ce palmarès incroyable. Et c’est beaucoup cette intense rivalité avec les Américaines qui, pour une raison ou une autre, tourne presque toujours à l’avantage des Canadiennes aux Jeux olympiques.

Le match pour l’or à Sotchi est un cas d’espèce : les Américaines menaient 2-0, les Canadiennes l’ont finalement emporté 3-2 en prolongation, grâce notamment à deux buts de Poulin, dont celui de la victoire.

« La rivalité Canada–États-Unis a toujours été spéciale. Mais de la manière que s’est passé le match pour l’or à Sotchi, c’est une rivalité encore plus forte », explique l’attaquante.

Les Américaines dominent au Mondial

Le hic, c’est que dernièrement, la magie habituelle a manqué aux Canadiennes. Elles se sont inclinées en finale aux trois derniers Championnats du monde. Pis, les trois fois, c’était aux mains des Américaines.

« On sent qu’on a des choses à prouver », note Poulin.

Mais l’important, ce sont les Jeux. Avant Sotchi, les Canadiennes avaient gagné un Mondial, contre deux pour les Américaines.

« Les Jeux, c’est l’apogée pour le sport. En hockey féminin, il n’y a rien de plus haut. On travaille fort. Pendant trois ans, les gens n’entendent plus parler de nous, comme si on ne s’entraînait pas, remarque-t-elle. Mais on s’entraîne, on joue dans une ligue, on travaille aussi fort. Et rendu aux Jeux, c’est comme “wow”, on est enfin là. »

Leur tournoi olympique devrait être encore plus suivi que d’habitude cette année. Le match des femmes pour l’or à Sotchi – le meilleur match de hockey des Jeux, tous sexes confondus – a sûrement ouvert les yeux de bien des amateurs. Il y a aussi l’absence des joueurs de la LNH en Corée du Sud.

« Je pense que ça va ouvrir une porte pour nous. C’est certain que les gars de la LNH ont pas mal tout le spotlight. Bien sûr, on aime ça quand ils sont là, c’est gros, dit-elle. Mais peut-être que ça va permettre à certains de découvrir un peu plus le hockey féminin, mais aussi d’autres sports comme le bobsleigh, le skeleton, la luge… Ça va être le fun de voir l’attention que tous ces autres sports vont avoir. »

Ces six matchs vont permettre à l’entraîneuse Laura Schuler de brasser les cartes. Ils permettront aussi de voir si le Canada peut encore avoir le dessus sur les Américaines, juste avant le grand rendez-vous coréen.

« Il y a eu la finale à Sotchi, puis on a perdu les trois derniers Championnats du monde, rappelle Poulin. Alors c’est sûr qu’on est motivées comme jamais. »

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