Traitement contre les allergies aux arachides

Le plus tôt, le mieux

Un nouveau traitement contre les allergies aux arachides serait plus efficace lorsqu’il est donné très tôt dans la vie des bambins, soit dès l’âge de 9 mois, avant l’instauration de la réaction inflammatoire de l’organisme, indique une nouvelle étude.

L’immunothérapie orale – aussi connue sous le nom de thérapie d’exposition – consiste à donner de faibles doses de protéines d’arachides aux enfants. Avec le temps, il semblerait que la réaction du corps à ces substances allergènes tend à diminuer.

« Si vous êtes allergique aux arachides, un traitement donné très tôt dans la vie aura des effets bénéfiques durables bien après la fin du traitement », a affirmé le Dr Wesley Burks, auteur principal de l’étude et pédiatre-allergologue à l’École de médecine de Chapel Hill, en Caroline du Nord.

Cette nouvelle étude a été réalisée auprès de 37 enfants âgés de 9 à 36 mois. Les bambins ont reçu de petites et de grandes doses de protéines d’arachides au cours d’une période de 29 mois. Ils ont ensuite été privés d’arachides pendant un mois avant que l’aliment ne soit réintroduit dans leur alimentation.

Près de 80 % des enfants ont alors été capables de manger des aliments contenant des arachides sans avoir de réaction allergique, a expliqué le Dr Burks.

« À la fin de l’étude, nous avons suivi ces enfants et, à ce jour, le groupe réagit toujours bien. Cela fait maintenant deux ans que nous les suivons et les bénéfices sont plus durables que ceux constatés dans toutes les autres études. »

— Le Dr Wesley Burks

Les résultats sont aussi positifs auprès des enfants qui ont reçu une faible dose – 300 mg de protéines d’arachides par jour – qu’auprès de ceux ayant reçu une plus forte dose – 3000 mg par jour –, selon les résultats de l’étude.

PRÉVENIR LES RÉACTIONS

Le Dr Burks a également comparé les 37 enfants de l’étude à 154 autres jeunes allergiques aux arachides. Il a conclu que ceux qui ont suivi la thérapie d’exposition avaient 19 fois plus de chances de manger des arachides sans avoir de problème.

« Offrir un traitement plus tôt pourrait également leur épargner des problèmes gastro-intestinaux, a ajouté le Dr Burks. Les enfants âgés de 5 à 7 ans se plaignent souvent de maux de ventre durant la thérapie d’exposition et doivent abandonner le traitement. On n’a pas constaté ce genre de problème avec le groupe d’enfants plus jeunes. »

Le but de la thérapie d’exposition n’est pas de donner carte blanche aux enfants afin qu’ils puissent manger des arachides comme ils veulent, mais plutôt de prévenir les réactions allergiques qui peuvent entraîner la mort, a insisté le Dr Burks.

C’est ce que souhaitent les parents qui ont des enfants allergiques aux arachides, selon lui. « La plupart d’entre eux souhaitent que leurs enfants soient protégés d’une ingestion accidentelle », a-t-il dit.

Le Dr Burks a fait une mise en garde : les parents ne devraient jamais eux-mêmes entreprendre une thérapie d’exposition.

« Ce n’est pas quelque chose qu’un parent peut faire chez lui à la maison. Le risque de provoquer une réaction allergique est beaucoup trop grand. »

— Le Dr Wesley Burks

PERTURBER LE « PROGRAMME ALLERGIQUE »

Afin de réaliser l’étude, les parents ont reçu de petits sachets scellés contenant des protéines d’arachides qu’ils ont ajoutées à des aliments comme du pudding ou de la crème glacée. Les chercheurs sont d’avis qu’en commençant ce traitement le plus tôt possible, cela pourrait perturber le « programme allergique » qui prend du temps à se mettre en place chez les enfants.

Les enfants qui sont allergiques aux arachides ou à d’autres aliments commencent à produire des anticorps connus sous le nom de IgE (immunoglobulines E) pour se protéger. Lorsqu’ils sont à nouveau en contact avec la substance allergène, une réaction allergique se produit.

Cette réaction inflammatoire prend du temps avant de se mettre en place. La thérapie d’exposition pourrait interrompre ce processus.

« Dans cette nouvelle étude, nous avons pu constater que ceux qui avaient un indice d’IgE plus faible au départ avaient de meilleures chances de réagir au traitement, a détaillé le Dr Burks. Et ce, même s’il n’y a aucun lien direct entre le taux d’IgE et la sévérité de la réaction allergique. Nous croyons que cette thérapie modifie graduellement la réaction des cellules qui déclenchent la réaction allergique. »

Les chercheurs espèrent ainsi qu’à la fin d’un traitement précoce, les enfants continuent de bénéficier des avantages résultant de cette exposition. Une étude plus vaste est en cours afin d’évaluer les bénéfices d’un traitement précoce et de valider les conclusions de la présente étude.

Selon le Dr Jefry Biehler, chef de la Chaire en pédiatrie de l’hôpital pour enfants Nicklaus à Miami et à la Florida International University College of Medicine, cette nouvelle étude confirme l’intérêt des chercheurs pour raffiner les traitements contre les allergies alimentaires qui peuvent menacer la vie des enfants. Le Dr Biehler n’a pas participé à l’étude, mais il en a fait l’analyse des résultats.

« Le fait que la thérapie d’exposition à faible dose fonctionne est une nouvelle extraordinaire en soi, a-t-il affirmé. Les enfants qui souffrent d’allergies alimentaires graves devraient toutefois être suivis par une équipe multidisciplinaire comprenant des pédiatres, des allergologues et des immunologues. »

L’étude a été publiée le 10 août dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology.

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