Le fonds montréalais Cycle Capital milliardaire

L’écologie est de toute évidence compatible avec la finance. Après avoir franchi récemment le cap symbolique du milliard de dollars investis dans 46 entreprises vertes, le fonds montréalais Cycle Capital en a fait la preuve.

« Un animal particulier »

En fondant en 2009 Cycle Capital Management, le premier fonds québécois en capital-risque consacré aux technologies propres, Andrée-Lise Méthot souhaitait créer des ponts entre son militantisme écologique et le monde de la finance. Miser sur des entreprises qui veulent commercialiser une technologie propre – par exemple, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, inventer des carburants propres et renouvelables, proposer des cultures durables – a non seulement donné un coup de pouce à la planète, mais s’est révélé rentable pour ce que sa fondatrice qualifie d’« animal particulier ». « C’est un anniversaire important, le cap du milliard qui vient d’être franchi, indique Mme Méthot en entrevue. On a amené avec nous des joueurs importants. Ce ne sont pas n’importe quels dollars mais des dollars sophistiqués, avec de l’intelligence. »

Cycle Capital en chiffres

142 millions

Participation directe en actions, soit entre 20 % et 40 % du capital. Cycle Capital dispose de trois fonds distincts, intervenant à divers moments du développement d’une entreprise, totalisant 231 millions.

840 millions

« Effet levier », soit le montant des investissements provenant de partenaires de Cycle Capital dans les entreprises ciblées. À cette somme, il faut ajouter les subventions publiques décrochées, de plusieurs dizaines de millions, selon les estimations du fonds.

75 %

Pourcentage des investissements (participation directe et effet levier) au Québec

2720

Occasions d’investissements analysées depuis 2009

26

Nombre d’entreprises directement financées

20

Entreprises « accélérées » et qui ont profité de financement de démarrage

La méthode

Cycle Capital, c’est une vingtaine d’employés, un siège social rue Sherbrooke Ouest au centre-ville de Montréal et des bureaux satellites à Toronto, New York, Seattle et Qingdao, en Chine. L’équipe de direction est composée de huit personnes, dont six partenaires, notamment l’associé de Mme Méthot depuis 2012, Claude Vachet.

Chaque année, on épluche quelque 500 dossiers d’entreprises prometteuses. « On n’investit pas quand il n’y a pas de propriété intellectuelle solide, explique la fondatrice. La seule force en technologie, surtout en technologie propre, c’est la propriété intellectuelle. »

Les entreprises retenues peuvent accéder à un des trois fonds ou, si elles sont en phase de démarrage, à l’accélérateur Ecofuel. Celui-ci accueille une dizaine de petites entreprises par année.

Les partenaires

Depuis 2009, une trentaine de grandes entreprises, d’investisseurs institutionnels ou privés se sont associés à Cycle Capital pour financer les trois fonds à hauteur de 231 millions. Ce sont souvent ces partenaires qui ont ensuite investi de leur propre initiative dans certaines entreprises dont la technologie leur semblait prometteuse. Au fil des ans, ce sont notamment Cascades, le Fonds de solidarité FTQ, Hydro-Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec, Teralys Capital, BASF et Desjardins qui forment ce « réseau de partenaires stratégiques et industriels » qui encadrent le développement des jeunes entreprises.

Quelques investissements

Agrisoma

L’entreprise de Saskatchewan commercialise un grain créé au Canada, le Carinata, dont on extrait un biocarburant qui réduit jusqu’à 77 % les émissions de GES des avions. « Ce n’est pas un organisme génétiquement modifié, c’est une culture qui ne prend pas la place des autres aliments, et l’entreprise va très, très bien depuis quatre ans, indique Mme Méthot. On prévoit une production de 50 millions l’an prochain. »

Enerkem

Installée à Montréal, comptant aujourd’hui plus de 200 employés, Enerkem convertit les « déchets ultimes », ceux qui ne peuvent être recyclés, en biocarburant (essentiellement de l’éthanol) et en produits chimiques. Elle a été désignée en 2011 parmi les 50 entreprises les plus innovatrices au monde par le magazine Fast Company. En septembre 2015, elle a attiré des investissements de 152,6 millions pour la construction d’une usine d’éthanol à Edmonton, en Alberta.

MineSense

L’entreprise de Colombie-Britannique utilise des capteurs et l’intelligence artificielle pour rendre l’exploitation minière plus précise et réduire le volume d’eau et d’énergie nécessaires. L’entreprise a bouclé en février dernier une nouvelle ronde de financement de 19 millions menée par Aurus Ventures à laquelle a participé Cycle Capital.

Investissements en technologies propres

En millions US, dans le monde

2004 : 47

2005 : 72,7

2006 : 112,7

2007 : 159,3

2008 : 181,4

2009 : 178,3

2010 : 243,6

2011 : 281,2

2012 : 255,5

2013 : 234,4

2014 : 278,2

2015 : 312,2

2016 : 241,6

Source : Statista

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