Portfolio Aérospatiale

30 000 postes à pourvoir d’ici 2028

Le Québec fait actuellement face à une rareté de la main-d’œuvre et la filière de l’aérospatiale n’y échappe pas. D’ici 10 ans, 30 000 postes devront être pourvus dans le secteur. Autant chez les grands donneurs d’ordres que dans les PME. Loin de se tourner les pouces, l’industrie ne ménage aucun effort pour se faire attirante. Survol de la situation.

En date d’aujourd’hui, il manque 3000 travailleurs qualifiés dans les entreprises québécoises aérospatiales, lesquelles sont majoritairement situées dans la grande région de Montréal. Machinistes, mécaniciens, monteurs d’aéronefs, techniciens en génie mécanique, mais aussi ouvriers en finition intérieure d’avion, dont des ébénistes et des rembourreurs, sont particulièrement recherchés.

« ll y a eu beaucoup de mauvaises nouvelles ces dernières années, notamment au sujet de Bombardier. Ça fait en sorte que les jeunes, qui sont fortement influencés par leurs parents dans leur choix de carrière, choisissent de ne pas aller en aérospatiale », explique Suzanne Benoit, PDG d’Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec.

Résultat : les grandes écoles de formation en aérospatiale sont à moitié vides par les temps qui courent.

Par exemple, à l’École nationale d’aérotechnique (ENA) de Saint-Hubert, où l’on forme entre autres des techniciens en entretien d’avions, le nombre d’inscriptions est à un creux, soutient Suzanne Benoit. « À l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (EMAM), dit-elle, il y a de la place pour 1000 étudiants. Or, ils sont à peine 350. »

Il n’y a pas si longtemps, l’EMAM accueillait 1200 élèves à l’un de ses programmes de DEP.

« On formait des jeunes de jour, de soir et même de fin de semaine. Là, je n’ai même pas assez d’élèves pour créer une nouvelle cohorte en tôlerie de précision. J’ai peur que certains métiers disparaissent et migrent vers d’autres pays comme le Mexique ou le Maroc. »

— Mario Héroux, directeur de l’EMAM

Malgré cette conjoncture défavorable, Aéro Montréal mais aussi plusieurs entreprises dans le secteur rivalisent d’initiatives afin d’attirer l’attention des élèves et étudiants, mais aussi de la population active.

« Projet embarquement »

Hugues Meloche, président de la PME Groupe Meloche, aura 50 postes à pourvoir d’ici 18 mois. L’entreprise de Salaberry-de-Valleyfield a mis sur pied un programme de ressources humaines baptisé « Projet embarquement ». Horaires plus alléchants, salaires à la hausse, campagne de marketing dynamique, embauche de femmes et de gens issus de l’immigration font partie de cette stratégie.

Déjà habitué des missions en France où il a recruté à ce jour une dizaine de travailleurs, Groupe Meloche songe même à recruter dans d’autres pays européens, voire au Mexique.

« On est optimistes, dit Hugues Meloche qui cherche surtout des opérateurs de machines CNC. À l’interne, notre slogan est : “C’est le fun de gérer de la croissance.” C’est mieux que de gérer une décroissance. Ça amène des défis. »

« Passion pour l’aviation »

Aéro Montréal travaille en permanence pour faire de l’aéronautique une industrie attirante. En collaboration avec Bombardier, la grappe en aérospatiale dirige depuis huit ans le programme « Passion pour l’aviation », où des jeunes élèves du primaire et du secondaire reçoivent une courte formation sur la physique du vol, suivie d’un atelier de construction d’un planeur. Plus de 10 000 jeunes y ont participé à ce jour.

L’organisme vient de signer une entente avec le Cosmodôme de Laval, lequel accueille 70 000 jeunes annuellement. « Ils vont tous faire l’atelier sur le planeur », s’enthousiasme Suzanne Benoit.

En avril prochain, en marge de la Semaine internationale de l’aérospatiale, une vingtaine d’entreprises du secteur s’installeront au Palais des congrès de Montréal pour faire les beaux yeux aux élèves, aux étudiants et aux travailleurs à la recherche d’un nouveau défi.

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