Mythe ou réalité ?

Faut-il se rincer la bouche après s’être brossé les dents ?

Une croyance semble être répandue chez les puristes du brossage de dents. En se rinçant la bouche à l’eau, on enlève le fluorure du dentifrice. Ils ont raison. « En se rinçant la bouche avec de l’eau, on dilue la quantité de fluorure en contact avec la surface des dents, ce qui fait qu’on réduit l’efficacité du dentifrice », nous dit l’hygiéniste dentaire Susan Badanjak. Il faut bien cracher l’excédent de dentifrice après le brossage, non ? « Oui, on crache les restants de dentifrice, et puis avec la salive, le reste disparaît. Si on se rince la bouche à l’eau, on enlève le seul agent actif du dentifrice, déplore-t-elle. On pourrait se brosser les dents à l’eau, et le brossage serait tout aussi efficace, nous dit Mme Badanjak, qui est responsable du développement de la profession à l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec. Mais le fluorure se combine avec l’émail de la dent pour le renforcer, ce qui prévient la déminéralisation des dents. »  — Jean Siag, La Presse

À l’étude

Les autistes moins sensibles à la manipulation

Les limites sociales des autistes ont un côté positif : ils sont moins susceptibles d’être manipulés par un expert voulant les induire en erreur, selon une nouvelle étude britannique. Cela en fait des témoins plus impartiaux, parce que leurs capacités sensorielles ne sont pas affectées par l’opinion d’autrui. Ces résultats pourraient aussi faire progresser les formations en habiletés sociales pour les autistes.

Le contexte

« Le mécanisme par lequel on prend une décision à partir de données sensorielles intéresse de plus en plus les neurologues et les psychologues », explique Kristine Krug, de l’Université d’Oxford, qui est l’auteure principale de l’étude publiée fin janvier dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). « Plus récemment, on a ajouté à cette analyse les influences sociales. On s’est rendu compte qu’elles avaient un impact non seulement sur la prise de décision, mais aussi sur les perceptions sensorielles. Comme la socialisation plus difficile est une marque de l’autisme, on a pensé comparer tout le phénomène de prise de décision chez les autistes et les neurotypiques. »

La genèse

Mme Krug est une neurobiologiste spécialiste de l’étude de la prise de décision chez l’homme et le singe, à partir de l’imagerie fonctionnelle. « Mes collègues en Allemagne, ici au Royaume-Uni et en Australie travaillent plutôt sur le lien entre les perceptions sensorielles et les décisions, et sur l’évolution de l’enfance à l’âge adulte de la sociabilité. Nous avons testé 125 enfants neurotypiques et autistes de 6 à 14 ans, à qui on montrait un cylindre dont les côtés oscillaient tantôt à gauche, tantôt à droite. Dans un deuxième temps, ils faisaient l’expérience après avoir vu une vidéo d’un adulte qu’on présentait comme un expert, qui les induisait en erreur sur l’orientation des points. »

L’autisme en chiffres

2 % des enfants américains de 3-5 ans ont un diagnostic d’autisme 

2,6 % des enfants américains de 6-11 ans ont un diagnostic d’autisme 

2,7 % des enfants américains de 12-17 ans ont un diagnostic d’autisme 

3,8 fois plus de garçons que de filles ont un diagnostic d’autisme

Source : JAMA Pediatrics

Ce que révèle l’étude

Chez les enfants neurotypiques, l’expert n’a pas d’effet sur les réponses au test visuel avant l’âge de 12 ans. Mais après, ses mauvais conseils sont dévastateurs. « Il ne s’immisce pas seulement dans la prise de décision, on voit sur l’imagerie fonctionnelle que les adolescents voient le cylindre différemment après avoir regardé la vidéo de l’adulte expert, dit Mme Krug. Mais la vidéo n’a pas d’impact sur les autistes. » Pourquoi une telle vulnérabilité aux mauvais conseils existe-t-elle chez les neurotypiques ? « Être influencé par autrui n’est pas nécessairement mauvais. Si tout le monde court d’un côté, il peut être utile d’avoir l’impression d’entendre un danger de l’autre côté et de suivre le mouvement général. » Ces résultats ne sont-ils pas étonnants, vu le scepticisme que montrent souvent les ados face aux avis de leurs parents ? « À l’adolescence apparaît l’empathie sociale, on veut se fondre dans le groupe de ses pairs, dit la neurobiologiste d’origine allemande. Mais l’ado conserve la capacité d’accueillir l’avis d’un expert sur un sujet qu’il sait connaître mal, surtout s’il s’agit d’un adulte sans lien de parenté ou d’autorité. »

Et maintenant ?

Sur le plan clinique, ces résultats confirment que les autistes excellent à certaines tâches. « Quand il faut un témoin impartial d’une scène, le neuroatypisme est un atout, on peut en tenir compte dans les choix d’études et de carrière des autistes, dit Mme Krug. On pourra aussi améliorer les formations pour aider les autistes à tenir compte de l’environnement social. Il faut aussi continuer les recherches pour vraiment comprendre ce qui change dans le cerveau durant la petite enfance et a des conséquences des années plus tard, à l’adolescence, sur les liens entre sociabilité et perceptions sensorielles, dans un contexte de prise de décision. »

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