La personnalité de la semaine

André Larente

La rétinopathie diabétique touche environ un demi-million de Canadiens et peut entraîner la cécité chez ceux qui en sont atteints. La plateforme d’intelligence artificielle créée par l’entreprise Diagnos, dirigée par notre personnalité de la semaine, aide à prévenir le développement de l’affection.

Quand on appelle à la société Diagnos à Brossard, on nous répond avec un message en français, en anglais et en espagnol.

L’entreprise ne fait pas affaire qu’avec des gens d’ici.

En fait, jusqu’à tout récemment, elle avait surtout des projets partout dans le monde, sauf ici.

Mais en juin, finalement, le gouvernement du Québec a donné le feu vert au déploiement de la technique mise au point par l’entreprise dirigée par notre personnalité de la semaine, André Larente.

« Enfin », dit l’analyste informatique devenu entrepreneur, qui avait d’abord appelé le ministre de la Santé Gaétan Barrette, son député, pour lui demander de parler en bien de son entreprise auprès de ses collègues étrangers. C’est en attirant ainsi l’attention que le Québec a commencé à s’intéresser à Diagnos.

Le produit que le ministère de la Santé va utiliser ?

Une plateforme d’intelligence artificielle (IA), d’apprentissage machine, qui permet de détecter les complications du diabète en analysant des images de la rétine.

Parce que ce que connaît le mieux M. Larente, c’est l’intelligence artificielle. Ce sont les systèmes d’analyse de quantités astronomiques de données pour en tirer des leçons, des connaissances.

Il a développé plusieurs plateformes d’IA dans sa vie, y compris des systèmes pour le secteur minier et pour les échanges de devises. Il a même mis au point, explique-t-il en entrevue, un système d’analyse de ce qui fait qu’une chanson devient un hit, système qu’il a vendu à une entreprise québécoise, Hitlab.

Mais son outil pour analyser les images de la rétine est celui qui fait l’objet du développement actuel de son entreprise installée sur le boulevard Taschereau, qui compte 27 employés parlant en tout huit langues différentes.

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Ce qu’on appelle la rétinopathie diabétique touche environ un demi-million de Canadiens, un nombre qui risque de doubler d’ici 2030 parce que le diabète est en croissance, notamment à cause du vieillissement de la population et des problèmes de surpoids.

Cette affection, on le sait, peut causer la cécité, car l’excès de sucre dans le sang abîme les microvaisseaux de la rétine et cause de microhémorragies.

La plateforme d’intelligence artificielle de Diagnos analyse les images du fond de la rétine pour identifier ces détériorations à des stades très préliminaires. Comme base pour déterminer ce qui constitue une rétine à problèmes ou pas, les gens de Diagnos et leurs machines analysent et comparent des dizaines de milliers d’images de rétine colligées notamment sur l’internet, mais aussi auprès de réseaux de la santé participant au projet.

Lorsqu’on peut détecter les changements très tôt, soigner la maladie est beaucoup plus facile et moins coûteux que lorsque des dommages graves sont déjà présents.

On utilise déjà le système Diagnos au Mexique, notamment, et tout le travail a commencé à Dubaï et à Abou Dhabi, où l’on trouve une grande prévalence du diabète. C’est là, dit M. Larente, que Diagnos est allée en premier et c’est là que s’est forgée une entente cruciale avec la pharmaceutique Novartis. « On est installés dans une quinzaine de pays », affirme le président de la société. Il y a même actuellement des camions qui se promènent en Inde, dit-il, pour photographier des rétines là-bas aussi.

M. Larente ne vient pas d’une famille d’informaticiens. Son père était éclusier à Chambly, alors que sa mère s’occupait des six enfants du couple. André Larente dit avoir été très chanceux dans la vie, notamment parce que son parrain croyait en lui et en ses capacités scolaires. Le jeune garçon de Richelieu aimait l’école et ce parrain l’a aidé, entre autres financièrement, à poursuivre ses études et à se rendre jusqu’à l’Université de Sherbrooke, où il a obtenu un diplôme en analyse informatique.

Quand M. Larente a commencé à travailler à Diagnos, il y a 15 ans, avant d’en devenir le dirigeant, l’entreprise avait déjà lancé des travaux sur le cancer du sein, encore là pour concevoir un outil de dépistage en intelligence artificielle, projet mis de côté depuis.

Père de trois enfants, installé sur le bord de la rivière, à Saint-Jean-sur-Richelieu, d’où il part en bateau pour se changer les idées et oublier le stress, M. Larente compte bien sur les nouveaux déploiements de la plateforme permettant de détecter les problèmes de rétine pour que les 12 prochains mois apportent la rentabilité.

L’entreprise, qui est inscrite en Bourse, profiterait bien d’une telle percée, après bien des années de travaux. « On a fait de l’argent avec notre outil pour les mines », explique M. Larente. Mais pour les yeux, on attend cela impatiemment après 15 ans de recherche et de développement.

André Larente en quelques choix

Un film

« Je regarde des films d’action. Rambo est mon préféré. »

Un livre

« Je lis surtout les magazines et les journaux spécialisés en tout ce qui est informatique et nautique. »

Un personnage historique

« Louis-Joseph Papineau, chef des patriotes. »

Un personnage contemporain

Bill Gates

Une phrase

« Je n’ai pas échoué. J’ai seulement trouvé 1000 solutions qui ne fonctionnent pas. »

Une cause pour laquelle il manifesterait

« La protection de l’environnement. Sur ma pancarte, j’écrirais : “Éliminons nos plastiques des océans.” »

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