maladie de parkinson

Après le choc, l’action

Apprendre qu’on a la maladie de Parkinson quand on a 55 ans, qu’on est pétant de santé et que la vie nous sourit, c’est malheureusement le lot de milliers de gens. Quand il a reçu son diagnostic, Gérard Tardif s’est dit qu’il avait deux options : rentrer chez lui et pleurer en petite boule ou continuer de vivre sa vie.

Il a commencé par pleurer en petite boule, avoue-t-il candidement, puis il s’est relevé et il s’est juré de ne pas rester assis, les bras croisés.

« Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, nous dit Gérard Tardif. Quand on est face à l’adversité, il faut y faire face, c’est ça que je veux transmettre comme message à mes enfants. »

« Je ne voulais pas être malade, mais à partir du moment où ça arrive, qu’est-ce que tu fais ? Je n’ai jamais voulu rester passif. Je veux être dans l’action. »

— Gérard Tardif

L’homme de 60 ans pressentait la maladie quelques années avant de recevoir le diagnostic. Les premiers symptômes se sont manifestés durant une conférence. Ses mains se sont mises à trembler involontairement et ses jambes ont commencé à se raidir. « Je voyais dans le regard des gens qu’il se passait quelque chose. »

Après avoir été suivi pendant plusieurs mois par un neurologue, le verdict en trois syllabes est tombé : parkinson.

Gérard Tardif, qui est le directeur des opérations financières à l’agence Sid Lee, a rapidement mis ses collègues au courant. « J’ai un boulot où je prévois constamment ce qui va se passer dans le futur, nous dit-il. La maladie m’a ramené à l’instant présent, constate-t-il. J’ai plus le profil de la fourmi, mais là, j’apprends à être un peu plus comme la cigale… »

S’adapter et s’engager

Comme beaucoup de gens, Gérard Tardif était en santé jusqu’à ce qu’il soit malade. Actif et sportif – il courait des demi-marathons et voyageait beaucoup –, il a dû réorganiser sa vie. Et remplacer la course par le vélo. Entre autres.

« J’ai pensé à des personnes comme Pierre Elliott Trudeau, Pierre Lalonde ou Pierre Nadeau, qui ont eu la maladie de Parkinson, mais qui sont restés dans l’ombre, puis j’ai pensé à quelqu’un comme Michel Phaneuf, qui a vendu sa cave à vin pour financer des projets de recherche à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et qui a parlé de sa maladie publiquement, et je me suis dit : “Ça prend plus de gens comme lui.” »

Gérard Tardif s’est donc engagé auprès de l’organisme Parkinson Québec (comme administrateur) et a même mobilisé une équipe de Sid Lee pour réaliser un projet de court métrage – qui traite de l’accompagnement dans la maladie et des bienfaits de la danse.

« J’ai la chance d’être dans un milieu très créatif, nous dit Gérard Tardif, qui a notamment travaillé pour Cossette et Cavalia par le passé. Mes collègues ont choisi de me soutenir dans cette campagne de sensibilisation, qui vise ultimement à soutenir les personnes atteintes par la maladie et faire avancer la recherche. Personnellement, j’ai espoir que dans les prochaines années, on pourra améliorer les traitements et même trouver une cure. »

Pour ce père de quatre enfants, dont la femme a vaincu un cancer il y a plusieurs années, pas question de regarder le train passer.

« Je suis de nature optimiste et, contrairement à beaucoup de gens, j’ai choisi de parler ouvertement de ma maladie, de faire ce que je peux, avec les ressources auxquelles j’ai accès pour contribuer à ma manière à faire avancer les choses. »

« Il y a beaucoup de gens qui vont s’isoler et sombrer dans la dépression. Je ne veux pas suivre ce chemin-là. Je le fais pour moi, mais aussi pour les autres. »

— Gérard Tardif

Pour l’instant, sa maladie évolue lentement et sa médication (de la dopamine) atténue ses tremblements, mais Gérard Tardif sait que la maladie progresse.

« Parfois, j’ai le syndrome de l’imposteur quand je parle de ma maladie, parce qu’il y a beaucoup de gens qui sont plus affectés que moi. Mais il faut savoir que les symptômes varient d’une personne à l’autre et que l’évolution de la maladie est très imprévisible. En ce moment, j’ai la chance de pouvoir continuer à travailler à temps plein, donc je me considère comme privilégié. »

Impossible de ne pas évoquer le cas de l’acteur canadien Michael J. Fox, qui souffre de la maladie de Parkinson depuis l’âge de 29 ans.

« C’est quelqu’un de très inspirant, nous dit Gérard Tardif. Il a dit un jour cette phrase qui m’a beaucoup marqué : “Our challenges don’t define us, our actions do.” [Ce ne sont pas nos défis qui nous définissent, mais nos actions.] Aujourd’hui, il a 54 ans et il continue son combat. C’est ce que je veux faire : donner un peu de mon temps et de mon énergie pour contribuer positivement à la société et agir autant que je peux. »

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