Barrage Moses-Saunders de Cornwall

Une demande de l’État de New York refusée afin de protéger le Québec

Le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent a commencé à minuit à augmenter le débit de l’eau qui s’échappe du barrage Moses-Saunders de Cornwall, ce qu’il avait refusé de faire la semaine dernière, histoire de protéger les riverains québécois. « Dans les faits, les gens de la région de Montréal verront une baisse du niveau de l’eau », explique Jean Aubry-Morin, porte-parole du Conseil.

L’État de New York vous a demandé mardi dernier de laisser passer plus d’eau au barrage de Cornwall. Quelle a été la réponse du Conseil ?

Mardi dernier, l’État de New York nous a demandé de délester, c’est-à-dire de laisser passer plus d’eau au barrage Moses-Saunders de Cornwall, afin de soulager de façon préférentielle le niveau d’eau du lac Ontario. Le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent, qui est formé de cinq membres canadiens et de cinq membres américains, a refusé à l’unanimité, car cela aurait empiré la situation au Québec.

Notre protocole nous oblige à faire un équilibre sur le plan des débits d’eau afin que tous les riverains bénéficient d’un soulagement équivalent, tant au Canada qu’aux États-Unis. On ne peut pas avantager une personne au détriment d’une autre. Donc nous avons répondu à l’État de New York jeudi dernier que nous n’étions pas en mesure d’ouvrir les vannes à ce moment-là, car il y avait une situation de crue montante sur la rivière des Outaouais. Combinée avec le débit des Grands Lacs, on voyait venir la crise. On ne pouvait pas acquiescer à la demande. Dimanche, on a d’ailleurs réduit les débits de la centrale trois fois, sachant qu’il y avait une crue sur l’Outaouais qui se préparait. On a réduit le débit de 13 % dimanche.

Et c’est possible d’ouvrir les vannes actuellement ?

Oui. Dans le lac des Deux-Montagnes, les niveaux de l’eau sont en train d’être saturés, et on va voir une décrue. Même chose dans le lac Saint-Louis, la chute est commencée. Aussitôt qu’on va avoir l’espace, on va augmenter le débit et commencer à répondre de façon positive à la demande de l’État de New York. On mesure ça en temps réel. Dans les faits, les gens de la région de Montréal verront une baisse du niveau de l’eau. On va maintenir le nouveau débit le plus longtemps possible, pour soulager les riverains de l’État de New York, ce qu’on n’a pas pu faire jusqu’à maintenant. Les riverains du lac Ontario vivent des inondations, mais pas de l’ampleur que l’on vit ici dans le Grand Montréal.

Donc tout le monde est traité de façon égale ?

Exactement. Le Conseil est indépendant. Il fait appliquer le traité des eaux limitrophes de 1909, au moment où les Canada et les États-Unis lui ont donné l’autorité nécessaire pour gérer les modèles entérinés par les deux gouvernements. Donc il n’est pas possible, dans un contexte où l’on suit les règles du jeu, de dévier de ces critères. Depuis le déploiement du barrage Moses-Saunders, il y a 59 ans, on a toutes ces années-là d’expertise pour les protocoles et les modèles qu’on suit. Ce qui se passe actuellement, on voyait ça venir depuis six ou sept semaines. On avait déjà commencé à aider le bas du système afin d’éviter de plus grands impacts que ceux qu’on a connus jusqu’à présent. Ça aurait pu être pire si on n’avait pas fait ces démarches-là.

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