Chronique

De l’adrénaline dans l’air

L’effervescence était palpable, lundi soir, dans la salle de réception du siège social de la Banque Nationale, où 24 PDG de PME à forte croissance donnaient le coup d’envoi au programme Adrenalys dont ils forment la première cohorte.

Adrenalys est né dans la foulée de la mort, l’an dernier, du programme des Gazelles qui avait été mis sur pied par le gouvernement péquiste de Pauline Marois et qui visait à favoriser le développement accéléré de 300 PME sur une période de trois ans en leur offrant une panoplie de services d’encadrement.

Dominic Deneault, associé chez Ascendis, firme de consultants en stratégie d’entreprise, avait participé à l’élaboration du concept des Gazelles et il a décidé d’en faire une nouvelle version entièrement gérée et encadrée par des firmes du secteur privé.

Le bras financier d’Adrenalys est ainsi composé de la Banque Nationale et du Fonds de solidarité, qui ont créé deux fonds respectivement dotés de 100 millions et 50 millions pour combler les besoins de financement des 24 PME qui participent au programme.

Le bras-conseil de l’initiative est formé des firmes de consultants Ascendis, Proaction International, Raymond Chabot Grant Thornton et Fasken Martineau, qui offrent leurs services aux sociétés.

« L’idée, c’est de faire passer des entreprises qui sont au stade entrepreneurial à celui de moyenne entreprise, en développant avec elles une équipe de management forte », résume Dominic Deneault, l’idéateur d’Adrenalys.

Normand Chouinard, premier vice-président aux investissements du Fonds FTQ, abonde dans le même sens en soulignant que le Québec souffre d’une sous-représentation d’entreprises de taille moyenne.

« On a beaucoup de petites entreprises qui peuvent et doivent passer au stade de la moyenne entreprise. »

— Normand Chouinard, premier vice-président aux investissements du Fonds FTQ

« Adrenalys va œuvrer avec elles pour les aider à réaliser leur plan de croissance et pour mettre en place une stratégie d’acquisition conséquente. », renchérit le gestionnaire du Fonds.

Chose certaine, les 24 PME qui ont été sélectionnées pour faire partie de la première cohorte d’Adrenalys ont toutes comme principal attribut d’être génératrices de très forte croissance.

Collectivement, le groupe d’entreprises a enregistré une croissance annuelle moyenne de 19 % au cours des trois dernières années et on peut présumer qu’elles seront en mesure de doubler leur chiffre d’affaires au cours des trois prochaines années.

ORCHESTRER LA CROISSANCE

Michael Lacroix, de Viandes Lacroix, à Saint-Hyacinthe, a décidé de soumettre la candidature de l’entreprise familiale au programme Adrenalys pour bien soutenir le développement des prochaines années.

Comme plusieurs entrepreneurs, Michael Lacroix ne recherche pas la publicité et souhaite plutôt continuer de progresser « sous le radar » pour ne pas, notamment, aviver la concurrence, qui est pourtant inexistante dans son secteur d’activité.

Viandes Lacroix est spécialisée dans les viandes sur mesure. Si vous êtes amateur de fondue chinoise, il y a 99,9 % de chances que votre viande provienne de l’usine de transformation du groupe qui emploie 450 personnes à Saint-Hyacinthe et qui approvisionne toutes les chaînes d’épiceries au Québec.

Jules Legault est président de J.E. Mondou, l’entreprise qui est le chef de file canadien dans la distribution de produits, de services et d’accessoires pour animaux de compagnie.

Le groupe Mondou exploite deux centres de distribution et un réseau de 60 magasins à travers le Québec. Son président veut poursuivre la croissance tant sur la scène intérieure qu’aux États-Unis.

« La majorité des PME qui participent à Adrenalys souhaitent s’attaquer au marché américain et veulent mettre sur pied une stratégie d’acquisitions américaines. »

« On va être là pour les épauler en consacrant notamment une journée à cette question avec Richard Lord, de Quincaillerie Richelieu, un spécialiste qui en fait des acquisitions aux États-Unis », explique Normand Chouinard.

Isabelle Martin est présidente de GDG Environnement, entreprise spécialisée dans les opérations de contrôle biologique des insectes piqueurs et des plantes envahissantes. GDG travaille auprès de dizaines de municipalités au Québec et en Ontario et exploite une flotte d’avions et d’hélicoptères qui réalisent des opérations d’épandage.

Au-delà de la poursuite de la croissance, Isabelle Martin apprécie particulièrement le contact avec des chefs d’entreprises qui connaissent du succès et l’espèce d’émulation que suscitent les rencontres organisées par Adrenalys.

« On peut échanger sur des problématiques communes. Ça fait du bien de voir que certains se heurtent aux mêmes obstacles ou d’entendre parler des solutions qu’ils ont développées pour les résoudre », constate l’entrepreneure.

Il sera intéressant de voir l’an prochain le cheminement qu’auront parcouru ces 24 entreprises qui veulent accéder à un stade supérieur. On va les suivre.

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