Véhicules électriques

Des motoneiges «vertes» bientôt sur le marché

La vague des véhicules électriques ne semble pas avoir épargné les motoneiges. Quelques entreprises au Québec se penchent activement sur cette avenue. Alors que la saison tire à sa fin, les amateurs s’apprêtent à remiser leur véhicule. N’empêche, c’est peut-être en motoneige électrique qu’ils circuleront l’hiver prochain.

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Des pionniers en Mauricie

Trois jeunes entrepreneurs ont lancé Taïga Motors en 2015 après avoir décroché leur diplôme de l’Université McGill. Devant l’inexistence d’un tel produit au Québec, Paul Achard, Gabriel Bernatchez et Samuel Bruneau ont planché sur l’idée d’un moteur 100 % électrique pour les motoneiges dans leurs locaux situés à Shawinigan, en Mauricie. Ils testent actuellement leur prototype devant des partenaires potentiels à Whistler, en Colombie-Britannique.

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Moins de pollution et de bruit

La motoneige a de nombreux adeptes, mais elle compte aussi son lot de détracteurs : des amants de la nature critiquent le haut niveau de pollution atmosphérique et sonore des véhicules à chenilles. La motoneige électrique serait-elle la solution ? « En réalité, la motoneige n’est pas parfaitement silencieuse », précise Paul Achard. « Le moteur et la mécanique produisent un son quand même plaisant. Mais bien sûr, cette machine ne fera pas le vacarme qu’on associe aux machines à combustion », remarque-t-il. Leur engin atteint actuellement une vitesse de 120 km/h, soit légèrement inférieure à celle des motoneiges à essence.

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L’autonomie, tout un défi

La technologie freine beaucoup le développement des motoneiges électriques. Comment stocker assez d’électricité pour alimenter une motoneige pendant des centaines de kilomètres ? Avec une autonomie de 100 kilomètres sur une piste damée, les entrepreneurs de Taïga Motors sont conscients que la majorité des motoneigistes n’y trouveront pas leur compte. « Quand nous pourrons augmenter l’autonomie de la batterie, nous pourrons accéder à une plus grosse part du marché », concède Paul Achard. La technologie s’adresse donc surtout aux centres de ski qui veulent rendre leur équipement moins polluant. La recharge totale se fait en 50 minutes.

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L’essence à tout prix

Et pour les amateurs qui ne jurent que par la performance, le bruit et l’odeur d’essence ? L’Association des motoneigistes du Québec n’est pas encore convaincue que le produit ralliera les irréductibles. « La demande n’est pas là. Les gens recherchent l’adrénaline. Je ne sais pas s’ils vont avoir ça avec une motoneige électrique », estime Marc Larouche, président de l’Association. Pas facile de convaincre les amateurs de l’héritage de Joseph-Armand Bombardier de faire le saut vers des motoneiges « écolos ». C’est parce que le souci de performance s’avérerait difficilement compatible avec les préoccupations environnementales, croit Guillaume Verner, capitaine de l’équipe QUIETS, club étudiant de l’École de technologie supérieure (ETS) qui met au point des motoneiges écologiques. « Les gens achètent une motoneige pour la performance en premier lieu. Ce n’est pas qu’ils ne se soucient pas de l’environnement, mais leurs exigences sont ailleurs. »

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Un concours de motoneiges écolos

L’équipe QUIETS de l’ETS participe chaque année au Clean Snowmobile Challenge au Michigan, où les équipes rivalisent d’ingéniosité pour rendre les véhicules le moins bruyants et le moins polluants possible. Le groupe de l’ETS s’applique à rendre la motoneige plus écologique, mais pas nécessairement électrique. Il a d’ailleurs raflé les honneurs en mars dernier, où il a cumulé les premières positions dans les catégories combustion interne à essence et utilitaire au diesel. Il a également présenté la motoneige la plus silencieuse. Même si la compétition encourage la réduction de la consommation, l’équipe de l’ETS ne veut pas pour autant négliger la performance. « C’est une des choses dont on tient compte. Certaines équipes vont sacrifier complètement la performance pour être écologiques. Nous, on trouve ça important que ce soit agréable à conduire. Il faut que ce soit vendable », rappelle Guillaume Verner, capitaine de QUIETS.

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Rouler électrique au Groenland

L’idée d’une motoneige plus écologique fait déjà son chemin depuis quelques années. En 2012, la National Science Foundation aux États-Unis avait fait appel à l’ingéniosité québécoise pour les déplacements de ses chercheurs à la station Summit, au Groenland. Là-bas, ils accumulent des données sur la pollution atmosphérique. La majorité des recherches sont effectuées dans la Clean Air Zone, où les véhicules traditionnels ne sont pas admis, afin d’éviter toute contamination de l’air et de la neige. Ce sont les fondateurs de Mogile Technologies qui ont été mis à contribution pour développer une motoneige électrique avec une autonomie de 15 kilomètres rechargeable avec des panneaux solaires.

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Un atout pour le tourisme ?

L’idée mijote dans la tête du conseiller en tourisme Jean-Michel Perron depuis quelques années déjà. Pourquoi le Québec ne deviendrait-il pas la première destination mondiale en motoneige électrique ? « On dit qu’on est les champions de l’électricité. Il serait temps qu’on le prouve, et ça pourrait passer par la motoneige électrique », croit M. Perron. Cette activité pourrait allécher certains touristes européens. « Les Allemands, par exemple, ne louent pas de motoneiges au Québec. Ils sont bien trop “verts” pour ça. On irait les chercher avec les motoneiges électriques. » L’idée trouve un écho favorable auprès de Taïga Motors. « Nous croyons qu’il y a un grand potentiel à déployer un réseau de bornes sur les sentiers fédérés du Québec », estime Paul Achard, l’un des cofondateurs.

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Objectif : l’hiver 2018

Cette année, les entrepreneurs de Taïga Motors veulent mettre leur motoneige à l’épreuve dans différentes conditions. Ils comptent lancer la prévente pour le marché commercial à l’hiver 2018. Ils visent un prix entre 15 000 et 20 000 $ lorsque les volumes le permettront, soit une somme comparable à certaines motoneiges conventionnelles.

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