La Presse au Tour de France

Départ belge, victoire néerlandaise

BRUXELLES — Belge fut le départ, néerlandaise fut la victoire. Au terme de 192 kilomètres de parcours, c’est Mike Teunissen, de l’équipe Jumbo-Visma, qui a remporté hier la première étape du Tour de France 2019, au sprint, quelques centimètres devant le Slovaque Peter Sagan.

Une fin de course qui a bien failli mal tourner, alors que deux gros canons, Geraint Thomas (Ineos) et Dylan Groenewegen (Jumbo-Visma), ont été entraînés dans une chute collective à un kilomètre de l’arrivée, sans conséquence grave toutefois.

Un peu plus tôt, le leader de l’équipe Astana, Jakob Fuglsang, était également tombé. Touché à un genou, il a rejoint l’infirmerie une fois la ligne franchie.

Cette 106e édition, considérée comme l’une des plus grosses compétitions sportives du monde, démarrait à Bruxelles pour souligner les 50 ans du premier maillot jaune du champion belge Eddy Merckx, le plus célèbre cycliste de l’Histoire.

Le roi des Belges

Merckx, 74 ans, est toujours bien en vie. C’est d’ailleurs lui qui ouvre ce départ symbolique dans les rues du centre-ville. Debout dans une décapotable, le quintuple vainqueur du Tour de France salue la foule, qui l’applaudit en retour comme s’il était le roi des Belges (ce qu’il est, dans un sens, n’en déplaise à la famille royale de Belgique).

Une fois passé ce petit préambule, la course commence pour de vrai, tandis que le peloton, les motos-caméras, les voitures des directeurs sportifs et des équipes techniques, se mettent en branle sur le boulevard Louis-Mettewie dans le quartier de Molenbeek.

Pendant les cinq heures suivantes, ils vont rouler à une vitesse moyenne de 45 km/h. Leur longue boucle a traversé les régions de Flandre et de Wallonie, avant de les reconduire dans la capitale, où ils ont défilé devant les bâtiments de l’Union européenne et conclu à quelques mètres de l’Atomium, l’un des bâtiments emblématiques de la ville.

Micheline en jaune

C’est la première fois depuis 1958 que le Tour de France part de Bruxelles. Autant dire que les « locaux » ne veulent pas manquer l’événement.

Micheline, 67 ans, est arrivée à 9 h du matin pour être stratégiquement placée le long du parcours. Elle a mis son plus beau polo jaune, assorti à des boucles d’oreilles de la même couleur et au sac officiel du Tour, qu’elle porte à l’épaule.

Micheline suit le cyclisme depuis qu’elle est petite. Elle dit préférer les cyclistes « faibles » et « mal payés » aux grosses vedettes, mais admet avoir un faible pour Merckx, son glorieux compatriote.

« Pour les Belges, il est tout, dit-elle. Je veux dire qu’il rassemble tout le monde, les francophones comme les néerlandophones. Il est le seul à pouvoir faire ça… à part, peut-être, notre équipe de foot ! »

feuille d’érable

Ce ne sont pas tous les spectateurs, du reste, qui sont du cru. Au centre-ville, on rencontre aussi beaucoup de touristes amateurs de vélo, qui ont voulu profiter de l’occasion pour se payer un voyage à Bruxelles.

Parmi eux, Carina et Steven. Ces deux grands fans de cyclisme sont venus spécialement des Pays-Bas pour assister au grand départ. Quand ils ont vu que la première étape démarrait à deux heures en train de chez eux, ils ont décidé de venir voir. « On n’avait tout simplement pas le choix », lance Steven, ajoutant que c’est leur « première fois » au Tour de France.

Première fois aussi pour Joe et Liz. Le couple est venu de London… en Ontario.

Ils planifiaient ce voyage depuis longtemps, presque un an. Ils ont pensé à tout, y compris le drapeau unifolié, qu’ils ont apporté pour « encourager » Hugo Houle et Michael Woods, les deux Canadiens du Tour.

Ces derniers n’ont pas dû voir la belle feuille d’érable que Joe et Liz avaient accrochée de manière pas du tout subliminale aux barrières : ils arriveront finalement en milieu de peloton, ce qui les place aujourd’hui respectivement à la 91e et à la 87e place du classement.

Premier Néerlandais en 30 ans

Sans surprise, le maillot vert du meilleur sprinter a été endossé hier par Peter Sagan, qui pourrait bien le conserver jusqu’à la fin, tant sa domination est indiscutable dans le domaine. C’est le Belge Greg Van Avermaet qui a enfilé le maillot à pois du meilleur grimpeur.

Teunissen, pour sa part, est devenu le premier maillot jaune de cette 106e édition. Pour ceux que ça intéresse : il est aussi le premier Néerlandais à enfiler le maillot jaune depuis Erik Breukink en 1989… Trente ans !

Quant aux favoris (Bernal, Bardet, Thomas), ils sont restés plutôt discrets. Sans doute attendent-ils la première étape de montagne pour se manifester, ce jeudi (eh oui, déjà !), entre Mulhouse et la Planche des Belles Filles. Ce sera le premier gros test de ce Tour de France.

On remet ça aujourd’hui à Bruxelles, pour un contre-la-montre par équipes, 27 kilomètres de parcours entre le palais royal et l’Atomium. On ne quittera le plat pays que lundi, alors que la troisième étape, partie de Binche en Belgique, se terminera à Épernay en France.

La Grande Boucle compte cette année 21 étapes, et se terminera le 28 juillet à Paris. Un parcours de plus de 3400 kilomètres.

Une chute sanglante

La première étape a été marquée par la violente chute du meneur de l’équipe Astana. Jakob Fuglsang, qui faisait partie des favoris pour l’emporter cette année, a visité le bitume à environ 20 km de l’arrivée. Le meneur de l’équipe kazakhe, pour laquelle évolue le Québécois Hugo Houle, s’est relevé en dépit du sang qui giclait de son visage et de son genou droit, en plus des éraflures qui ont endommagé son maillot. Il est parvenu à atteindre le fil d’arrivée sans perdre de temps. « Il s’est ouvert l’arcade sourcilière et il avait le genou en sang. Il a vraiment souffert pour finir l’étape parmi les meilleurs. Au moment où nous nous parlons, je n’ai pas de résultats sur son état de santé. C’est vraiment une journée difficile pour nous. Nous allons voir demain dans quel état il sera et nous espérons qu’il n’y a rien de majeur », a indiqué Houle. Michael Woods (EF Education First), d’Ottawa, a terminé dans le peloton principal au 87e rang. Quant à Houle (Astana), de Sainte-Perpétue, il a suivi au 91e échelon.

— La Presse canadienne

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.