Opinion : Sommet du G20

Y a-t-il péril en la demeure ?

L’arrivée de Donald Trump à la présidence américaine en novembre dernier en a surpris plusieurs. Cela étant, on constate que ses politiques sont généralement conformes à son discours électoral.

Le président Trump se concentre avec éclat à défaire une partie de l’héritage de son prédécesseur, Barack Obama, tant sur la scène intérieure qu’internationale. Sur ce dernier plan, il a déjà retiré les États-Unis du Partenariat transpacifique et, tout récemment, de l’accord de Paris sur le climat. On peut dire que ce président a un tempérament imprévisible, mais son discours protectionniste « America first » est fidèle à son programme politique.

Depuis son arrivée au pouvoir, M. Trump n’a pas hésité à froisser ses alliés en Europe en remettant en question la pertinence de l’OTAN et, plus tard, en fustigeant la contribution de ses alliés à cette dite organisation. On peut ajouter que le sommet du G7 tenu en Italie en juin n’a pas été un franc succès. À l’aube du G20, on peut de plein droit se demander si M. Trump fera encore des siennes et fera déraper la possibilité de consensus jugé nécessaire au bon fonctionnement de ce forum et à l’harmonie avec les pays membres.

On sait que Trump préfère des instances bilatérales plutôt que multilatérales. Déjà, l’attention se dirige plus vers le « sommet » Trump-Poutine qui se tiendra en marge du G20.

Bref, y a-t-il péril en la demeure ?

Demain et samedi à Hambourg, en Allemagne, les chefs d’État des pays du G20 se réuniront afin de discuter et tenter de s’entendre sur un plan de match pour se relever du ralentissement de la croissance économique. Ils finaliseront une déclaration commune sur divers enjeux tels que la stabilité financière mondiale, le climat d’investissement, les infrastructures, le commerce international et l’innovation. Si nous nous fions aux conclusions de la réunion des ministres des Finances du G20 en mars dernier et du dernier sommet du G7 en Italie, nous pouvons nous attendre à trois possibles impasses dues à la nouvelle administration Trump.

Protectionnisme

Tout d’abord, la question du protectionnisme. Le 20 juin dernier, devant un parterre de gens d’affaires à Berlin, la chancelière allemande a déclaré vouloir maintenir une vision ouverte, juste et durable en matière de commerce international, et ce, pour l’ensemble des pays du G20. Malgré cette forte affirmation, le gouvernement allemand va tout de même devoir négocier mot à mot avec l’administration Trump avant le sommet pour trouver une déclaration commune sur cet enjeu.

Changements climatiques

Deuxièmement, les astres ne semblent pas être alignés pour une entente unanime sur la lutte contre les changements climatiques lors de la prochaine déclaration du G20 dans la mesure où la Maison-Blanche a confirmé le 1er juin dernier que les États-Unis allaient se retirer de l’accord de Paris.

Mobilité de la main-d’œuvre

Finalement, il n’y aura sûrement pas de consensus concernant l’enjeu de la mobilité des talents et de la main-d’œuvre. L’administration américaine n’est pas un exemple à suivre en raison du décret interdisant aux ressortissants de certains pays musulmans de voyager aux États-Unis.

Étant donné que les États-Unis vont à contresens sur ces trois dossiers, nous pouvons nous attendre à ce que les chefs d’État signent une déclaration finale sur des questions plus consensuelles (et avec l’accord du président Trump) telles que la lutte contre le terrorisme, l’accès au marché du travail, surtout chez les jeunes et les femmes, ainsi que des mesures pour améliorer l’entrepreneuriat et l’innovation. 

Nous nous attendons aussi à voir des mesures pour soutenir l’apprentissage des compétences reliées à la technologie chez les jeunes filles, un souhait cher à la chancelière allemande et à Ivanka Trump.

En 1999, le G20 a été créé pour encourager une coopération internationale en réponse aux crises financières. Aujourd’hui, on peut se poser une question tout à fait légitime : est-ce que le G20 vivra vraisemblablement sa première crise de gouvernance mondiale sous l’ère Trump ?

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