Gymnastique

Inséparables jusqu’aux Championnats du monde

La bonne nouvelle est tombée en plein entraînement. Laurie Dénommée et Sophie Marois, respectivement âgées de 18 et 17 ans, s’activaient sur les tapis du club Viagym, à Terrebonne, lorsqu’elles ont appris leur sélection en vue des prochains Championnats du monde de gymnastique artistique.

« On était calmes, mais à l’intérieur, on était toutes les deux excitées et contentes, assure Laurie. Les autres filles ont été plus démonstratives que nous. Elles se sont toutes mises à nous donner des câlins. »

Six gymnastes, dont une réserviste, ont été retenues pour cette compétition qui se déroulera du 25 octobre au 3 novembre à Doha, au Qatar. Jamais le club Viagym n’avait placé une athlète à un si haut niveau. Réaliser un tel coup double est exceptionnel, estime l’entraîneur Frank Kistler, qui côtoie les deux jeunes femmes depuis trois ans.

« Ça demande beaucoup de travail et on ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elles soient sélectionnées. Au début de l’année, on n’était pas partis vers ce projet-là, mais de fil en aiguille, elles ont réussi à se classer. »

Comme bien souvent en gymnastique, l’histoire de Laurie et de Sophie est faite de passion, de travail acharné et de sacrifices. Elles ont fait leurs débuts lorsqu’elles avaient 4 et 2 ans. Quand elles ont pris conscience de leur potentiel, les heures d’entraînement ont pris le pas sur le reste. Aujourd’hui, elles s’entraînent cinq heures chaque jour de la semaine. Et elles retournent au club le samedi matin pour deux petites heures supplémentaires.

« C’est sûr qu’on n’a pas beaucoup de temps libres puisqu’on étudie en même temps. C’est dur, mais c’est ce qu’on aime faire », lance d’emblée Sophie.

« Ça ne nous dérange pas de ne pas avoir de temps libres parce que nos amies sont celles qui font de la gymnastique avec nous, complète Laurie. Même si on ne les voit pas les fins de semaine, on les a vues toute la semaine. Ce n’est pas la fin du monde. »

Les deux gymnastes se connaissent depuis près d’une décennie. Elles ont fait une grande partie de leur parcours ensemble et ont gravi les échelons ensemble. Il est donc rassurant, pour elles, de pouvoir vivre cet événement à deux.

« C’est un genre de petit couple. Il y a des moments où c’est tendu et il y a des moments où ça va super bien. On voit une grande complicité, précise leur entraîneur. Les deux gèrent bien la situation parce que ce n’est pas évident d’arriver à ce niveau-là aussi rapidement. C’est du stress et de l’engagement parce qu’elles vont représenter le Canada. Derrière, il y a tout un staff qui les soutient, mais qui attend aussi des résultats. »

Du travail aux barres asymétriques

Cette participation aux Mondiaux est donc une grande récompense pour les deux gymnastes. Elle valide aussi le travail des entraîneurs qui ont beaucoup insisté, au cours des dernières années, sur les lacunes à combler.

« Au départ, elles ne sont pas forcément très généralistes, mais elles ont de gros points forts. Pour Sophie, c’est le saut de cheval, alors que pour Laurie, c’est le sol, détaille Frank Kistler. Mais pour entrer dans une équipe maintenant et faire les grandes compétitions, il faut être très homogène sur les quatre engins [la poutre, les barres asymétriques, la table de saut et le sol]. On a beaucoup travaillé sur les points faibles et, en particulier, sur les barres asymétriques. On a réussi à pallier cette faiblesse. »

Pour l’instant, Sophie est désignée comme la réserviste de l’équipe. La situation peut toutefois changer jusqu’à la veille de la compétition – en cas de blessure, par exemple. Dans tous les cas, les deux gymnastes veulent profiter à fond de cette compétition. « Notre but est de prendre de l’expérience puisque ce sera nos premiers Championnats du monde. On ne sait pas trop comment ça va se passer. Mais on veut faire de notre mieux et que les notes soient conformes à nos attentes », raconte Sophie.

La délégation canadienne se rendra à Doha, au Qatar, ce mardi. Les Championnats du monde constituent la première occasion de qualification pour les Jeux olympiques de 2020. Laurie et Sophie rêvent forcément de se rendre à Tokyo, mais, dans une carrière de gymnaste, deux ans représentent une éternité.

« On prend les compétitions une à une. C’est notre leitmotiv. On a un petit peu les Jeux dans la tête, mais ce n’est pas forcément dans les plans dans l’immédiat, nuance leur entraîneur Frank Kistler. En gymnastique, les équipes se font à la dernière minute parce que ça reste un sport extrême et on ne peut pas savoir comment les filles peuvent réagir dans les derniers mois. »

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