Corée du Nord et libre-échange en tête des priorités de Tokyo
Ottawa — La dénucléarisation de la Corée du Nord devrait figurer parmi les dossiers les plus urgents pour les chefs d’État et de gouvernement au Sommet du G7, estime le plus haut représentant du Japon au Canada, qui mise aussi sur cette rencontre pour faire passer des messages antiprotectionnistes aux États-Unis.
En entrevue à La Presse, Kimihiro Ishikane, ambassadeur du Japon au Canada, a exposé les principales priorités de son pays en vue du sommet qui se tiendra à La Malbaie vendredi et samedi prochains. Le matin de notre entretien, le président américain Donald Trump venait tout juste d’annuler son tête-à-tête historique prévu avec Kim Jong-un, rencontre qui a été depuis remise à l’agenda, après une série de rebondissements.
« Nous devons nous assurer de la dénucléarisation complète, irréversible et vérifiable de la Corée du Nord, qui devrait être l’objectif final de tous les pays du G7 », a avancé le diplomate, en poste depuis six mois au Canada.
L’enjeu nord-coréen ne figure pas officiellement parmi les thèmes prévus au Sommet du G7, mais les chefs d’État et de gouvernement ont toute la latitude pour aborder les sujets de leur choix, rappelle M. Ishikane. Les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 ont d’ailleurs convenu d’afficher leur « fermeté » à l’égard du régime de Kim Jong-un, pendant une rencontre préparatoire le mois dernier à Toronto.
L’« unité » des membres du G7 revêt aujourd’hui plus d’importance que jamais, insiste Kimihiro Ishikane. La « montée du protectionnisme » fait partie des principaux « défis » pour le Japon et ses alliés.
Il faut dire que Tokyo n’a pas été épargné pas les tarifs imposés par Washington sur les importations d’acier et d’aluminium. Ce sujet, déjà critique, est devenu brûlant depuis que les États-Unis ont mis fin il y a quelques jours à l’exemption dont bénéficiaient le Canada et l’Union européenne.
« Le Japon et le Canada doivent continuer de dire à nos amis américains l’importance de l’approche multilatérale, en commençant par l’Organisation mondiale du commerce [OMC], l’Accord de libre-échange nord-américain [ALENA], l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste [PTPGP], notamment », a fait valoir M. Ishikane.
La troisième économie mondiale fonde d’ailleurs de grands espoirs sur le PTPGP, ratifié par le Canada au début de 2018. Cet accord créera une vaste zone de libre-échange entre 11 pays de la zone Asie-Pacifique, qui affichent un produit intérieur brut (PIB) combiné de 10 200 milliards US, soit 13,6 % du PIB mondial.
« C’est un partenariat d’une importance stratégique, qui est avantageux pour le Canada, puisqu’il peut désormais exporter, par exemple, son porc et son bœuf avec des tarifs moindres. »
— Kimihiro Ishikane, ambassadeur du Japon au Canada, à propos du Partenariat transpacifique
« Pour nous, poursuit le diplomate, cela ouvre un marché vers l’Europe par l’entremise du Canada, puisque vous avez l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne. »
Kimihiro Ishikane affirme par ailleurs que le Japon a déjà commencé à mettre en œuvre certaines des mesures « progressistes » prônées par le gouvernement Trudeau dans le cadre du G7, notamment sur une inclusion accrue des femmes au marché du travail. Le Japon est une société vieillissante où le pourcentage d’immigrés est faible, ce qui rend cette mesure d’autant plus nécessaire afin d’assurer la croissance de l’économie, dit-il.
L’ambassadeur espère contribuer à donner un nouvel élan aux relations diplomatiques entre le Canada et le Japon, qui célèbrent cette année leur 90e anniversaire.