Le Canadien

La série des contrastes

Michel Therrien et Marc Bergevin ont beau dire que leur équipe est jeune et en transition, cette prémisse tient difficilement la route quand on se penche sur la série de premier tour que disputera le Canadien à compter de mercredi.

Et ça commence derrière le banc. D’un côté, Michel Therrien amorcera sa 12e série à titre d’entraîneur dans la Ligue nationale. À son actif : une présence en grande finale en 2008 et une présence en finale de l’Est l’an dernier.

De l’autre côté, Dave Cameron, un homme de métier, mais avec une expérience minimale comme entraîneur-chef dans la LNH. Il a déjà été entraîneur-chef au niveau junior dans la Ligue américaine, mais dans la LNH, il avait toujours occupé un rôle d’adjoint. Du moins jusqu’au 8 décembre dernier, quand les Sénateurs ont limogé Paul MacLean.

Cameron en sera évidemment à une première série comme entraîneur-chef dans le circuit Bettman.

Avec une fiche de 32-15-8 à la barre de l’équipe, Cameron montre toutefois que l’adaptation à son nouveau rôle se déroule rondement.

GARDIENS AUX ANTIPODES

Les deux gardiens ont beau avoir 27 ans, le contraste est tout aussi frappant devant le filet.

À Montréal, Carey Price a mené son équipe à la finale d’association la saison dernière, ajoutant ainsi un autre exploit à un palmarès impressionnant. Ses autres faits d’armes incluent une médaille d’or olympique (2014), la conquête de la Coupe Calder dans la Ligue américaine (2007) et l’or au Championnat du monde junior (2007). Le trophée Vézina ou le trophée Hart (ou les deux) pourraient s’ajouter.

À Ottawa, c’est l’inverse. Andrew Hammond a emprunté un chemin qui ne le destinait pas exactement à la LNH. Jamais repêché, il n’a évidemment pas pu goûter au hockey international. Son parcours universitaire s’est fait à Bowling Green, un programme qui a perdu de son lustre depuis plusieurs années. Dans la Ligue américaine, son seul tournoi éliminatoire a pris fin après quatre matchs.

Ce parcours quelconque n’a pourtant pas empêché Hammond de connaître le début de carrière le plus étincelant pour un gardien depuis l’épopée de Patrick Lalime en 1996-1997. Son incroyable fiche de 20-1-2 dit tout. Et il a démontré que l’identité de l’homme masqué à l’autre bout de la patinoire ne l’intimide pas. Parmi ses 20 victoires, on note des gains contre Price, Jonathan Quick, Ben Bishop, Braden Holtby et Henrik Lundqvist.

LE FUTUR CAPITAINE ET LA RECRUE

Enfin, le contraste est également fort quand on compare le meilleur attaquant de chaque équipe.

Chez le Canadien, il était clair en début de saison que Max Pacioretty était le meilleur attaquant du groupe. L’Américain a répondu aux attentes en livrant une saison de 37 buts, mais surtout, en devenant une présence à ce point importante qu’il est perçu par plusieurs comme le prochain capitaine de cette équipe.

Chez les Sénateurs, Mark Stone avait montré des signes encourageants dans la Ligue américaine au cours des deux dernières saisons. Mais quiconque affirmerait avoir prédit une récolte de 64 points, dont 35 points à ses 31 dernières sorties, est un menteur sans scrupule – ou un devin qu’une équipe devrait s’empresser d’embaucher. La course au trophée Calder, qui devait se faire entre Johnny Gaudreau, Aaron Ekblad et Filip Forsberg, compte un quatrième prétendant.

À QUI L’AVANTAGE ?

Cela dit, les Sénateurs ne sont pas qu’une bande de vertes recrues. Marc Méthot, Erik Karlsson, David Legwand et Clarke MacArthur ont tous du vécu. Mais un nombre impressionnant de nouveaux acteurs ont fait surface cette saison. On pourrait ajouter à Cameron, Hammond et Stone les noms de Mike Hoffman, Curtis Lazar et autres Cody Ceci dans cette vague de sang neuf.

Dans le clan adverse, les meneurs ont été les joueurs attendus, de Price à Pacioretty en passant par P.K. Subban, Andrei Markov et Tomas Plekanec. Ce groupe a vécu une précieuse expérience le printemps passé en atteignant le troisième tour des séries. Mais c’est aussi un groupe qui a manqué d’essence dans les six dernières semaines de la saison, une léthargie qui ne doit pas être masquée par la séquence de trois victoires pour conclure le calendrier.

Cette expérience servira-t-elle le Canadien ? Ou verra-t-on, au contraire, les Sénateurs poursuivre leur folle séquence des deux derniers mois ?

La réponse à compter de mercredi.

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